En août 1914, Charles Patard est mobilisé ; il a 30 ans et tient une épicerie dans l'Orne. Issu d'un milieu rural modeste, Charles s'est cultivé par lui-même et s'est formé un jugement personnel.
Depuis plusieurs années déjà, il souhaite ardemment la paix entre les peuples, étant convaincu de la nécessité d'un idéal fraternel pour l'humanité ; il souscrit aux idées de Jean Jaurès et met en lui ses espoirs de paix.
Le choc de la guerre est terrible. C'est à son jeune frère Joseph, également mobilisé, qu'il se confie au long de ses lettres. Charles exprime sa révolte contre les hommes politiques, autant ceux de droite qui ont voulu la revanche et veulent la guerre jusqu'au bout, que ceux du parti socialiste qui ont renié leur idéal de paix et trahi les masses. Dans l'univers des tranchées où il passera trois ans, il écrit en mai 1916 : « Nous n'avons plus d'amis pour prendre notre défense ! » Les lettres de Charles contiennent aussi les réflexions philosophiques qu'il continue de nourrir à partir de ses lectures. Cette autre vie de l'âme lui permet de surmonter le quotidien et de maintenir son idéal ; jamais la haine de l'ennemi ne l'habitera.
En rendant publiques les pensées de cet homme, il s'agit de transmettre un document à valeur historique, de donner connaissance de l'opinion d'un « poilu » opposé à la guerre dès les premiers jours mais également de nous faire découvrir une réflexion philosophique sur l'existence humaine, une leçon de vie.
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