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Cet essai retrace l'histoire des débats et des mobilisations autour de la loi du 23 février 2005 sur le « rôle positif » de la colonisation française, qui a pavé la voie à la montée en puissance du thème des « guerres de mémoire ». Il s'interroge à cette fin aussi bien sur les stratégies des députés de la majorité, qui ont voté et défendu ce texte, que sur le discours et les tactiques des organisations militantes qui ont réclamé son abrogation. Revenant en détail sur les relations clientélaires entre les élus et les associations de « rapatriés » d'Algérie, il s'efforce de mettre au jour les processus politiques - non pas exceptionnels mais terriblement ordinaires - qui ont concouru à la « mise en controverse » du « fait colonial ». Chemin faisant, il montre de quelle façon l'argument de la « République coloniale » brandi par les Indigènes de la République et les associations du mouvement autonome de l'immigration a été dévoyé pour imposer une grille de lecture spécifique des « émeutes urbaines » d'octobre-novembre 2005 - référées non plus à des problèmes concrets d'exclusion et de discrimination appelant une action (et une auto-critique) des pouvoirs publics, mais à d'élusifs ressentiments mémoriels. Il dresse de la sorte l'inventaire des mécanismes, et surtout des conséquences, de l'émergence d'un nouvel espace de débat où la « question (post)coloniale » en vient à éluder la « question sociale ».
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