Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
Young, étudiant et jeune écrivain, vit à Séoul avec sa meilleure amie. Tous deux font la fête, boivent, sortent avec des garçons. Ils sont de cette génération de Coréens confrontée à une société corsetée : Young doit taire son homosexualité au monde, et surtout à sa mère affaiblie. Derrière son humour ravageur, se cache un homme éprouvé par la solitude et le doute. « L'amour est-il vraiment beau ? » s'interroge-t-il. Jusqu'au jour où Gyuho entre dans sa vie.
S'aimer dans la grande ville nous entraîne dans le parcours haut en couleurs et émouvant d'un homme face à l'amour sous toutes ses formes, qu'il soit amical, filial, en couple ou simplement - et surtout - de soi-même. A la croisée de Sally Rooney et Herve Guibert, mêlant brio romanesque et subtilité sentimentale, ce roman phénomène en Corée puis dans le monde entier a été en sélection du Man Booker Prize et sera adapté en série et en film.
Dans "S'aimer dans la grande ville" on pénètre dans la vie de Young, jeune homme étudiant et écrivain vivant à Séoul. A travers les quatre parties du récit, on ère dans différents moments de la vie de Young, qui est tout simplement l'ombre de l'auteur. La vie d'un jeune homosexuel dans un pays qui n'accepte pas, en quête de sens à son existence.
On découvre la relation avec sa meilleure amie, ils sont jeunes, font la fête, une relation fusionnelle, comme un frère et une soeur, Young est prêt à tout pour l'aider, mais elle rencontre un homme et décide de se marier : "Les plus beaux moments ne durent jamais éternellement". Young se retrouve seul..
Au fil du récit, on apprend que Young est porteur du Sida, on traverse ses relations parfois amoureuses, parfois sexuelles, avec des hommes qui n'assument pas leur homosexualité, et la passion dévorante de l'écriture.
Sa mère est comme un fil conducteur du roman, mais une mère traditionaliste, croyante et en dehors des sentiments de son fils.
Mes premiers pas dans la littérature coréenne à travers un récit tout en intimité, ou l'on aimerait aider Young à sortir de l'obscurité, malgré la lumière éclatante de la plume de l'auteur. Autre que Young, on découvre Séoul, son rythme, sa modernité, sa technologie, ses paysages, ses lois, ses règles..
Entrainé dans le parcours haut en couleur d'un homme face à l'amour sous toutes ses formes, l'auteur utilise beaucoup l'humour pour nous parler de sujets universels (l'entrée de la vie active, l'homosexualité, l'amour queer..) mais surtout sur le fait d'apprendre à s'aimer soi-même pour pouvoir donner de l'amour en retour.
Un roman qui a fait le tour du monde avec un succès incroyable en Corée, et des remerciements sincères et beaux, qui donnent un espoir pour ce pays en pleine évolution. Bref, un roman mélancolique, tendre, drôle et profond, une très belle découverte dans cette rentrée littéraire 2024 !
S’aimer dans la grande ville a été présélectionné pour le prestigieux The International Booker Prize en 2022, il compte parmi les best-sellers en Corée, et depuis sa présélection, les droits vendus à l’étranger ont doublé ; l’auteur coréen est devenu incontournable.
Le roman est découpé en quatre sections différentes, avec toujours le même narrateur pour mener le récit : Young, un jeune homme gay que l’on découvrira porteur du HIV, à travers ses différentes relations amicales et amoureuses. Pas de nœud narratif dans ce roman, plutôt un fil narratif construit par les différentes relations que le narrateur entretient avec ses comparses, qui vont de l’amitié complice, presque fraternelle, avec son amie puis de ses relations vaguement amoureuses, bien souvent uniquement sexuelles, de ses rencontres avec des hommes qui assument plus ou moins leur homosexualité. Et à travers cet enchevêtrement de rencontres, il y a toujours ce retour en arrière vers la mère, le père ayant quitté le foyer très tôt, qui l’a donc élevé seule, avec tout le carcan traditionaliste et réactionnaire qui a maintenu une grande distance entre cette mère très croyante et abusive et un garçon qui se découvre à aimer les hommes.
Dans le roman de Sang Young Park, on se retrouve en pleine modernité, dans une Séoul où l’homosexualité est encore difficilement assumée, mais quelquefois revendiquée, la capitale du pays à la pointe de la technologie électronique, qui donne le la aux jeunesses (et moins jeunes d’ailleurs) de tout pays, Wikipédia nous révèle ainsi que le pays est le mieux connecté à Internet au monde. Et pourtant, c’est un narrateur profondément seul qui se balade entre deux amours, entre deux métiers, atteint d’un virus qui le poursuivra jusqu’à la mort. Pas de sentimentalisme pourtant, plutôt un humour, une causticité, constants qui évitent les atermoiements larmoyants. Et quelques attaques savoureuses d’un garçon qui se plaît à renvoyer les autres à leur propre condition.
Mon livre sort bientôt et je bois moins qu’avant. Pour ce qui est de vieillir et de s’empâter, je trouve que vous vous débrouillez tous plutôt bien, alors ne me cherchez pas trop, je pourrais vite retomber dans mes travers de beuveries. C’est ce que je devrais leur rétorquer, mais je me la joue trentenaire cultivé et sociable, je laisse filer et me contente d’un sourire en guise de réponse. Si quelqu’un déclare avoir lu mon roman, je répondrai que tout ça c’est de la fiction tu sais, des bla-bla. Me voilà en train d’affûter mes arguments pour faire face à une question que personne ne me posera. Pathétique. L’égocentrisme est une sacrée maladie.
Le narrateur vit juste entre marginalité, sa sexualité, sa maladie, son caractère, entre deux relations, deux hommes, l’histoire d’une jeune homo coréen qui ne sait pas où il va, interné plus jeune pour changer son orientation sexuelle. À vrai dire, le jeune homme, sans nom, pourrait être n’importe quel autre jeune gay, au sein d’une société qui a encore bien du mal à sortir de la marge les individus à orientation non hétérosexuelle, marge dans laquelle ils se placent eux-mêmes et qui les mène sur une trajectoire brinquebalante, à l’image de celle de notre narrateur qui accumule les relations qui ne mènent nulle part, qui prend la forme d’une sorte de recherche d’autodestruction, en se collant à des individus égoïstes, irrespectueux, qui ne s’assument pas.
Les différentes formes d’amour qu’expérimente Young le narrateur ne le rend visiblement pas heureux et c’est cette accumulation d’amours défectueux en pleine métropole coréenne, des amours citadines, aussi éphémères que différentes, aussi rapides qu’un swipe ou un scrolling, au rythme de Tinder. Un monde où seule la littérature arrive à réparer, peut-être en la travestissant, la réalité et sa douleur, ses béances, la littérature finit par apporter une satisfaction qui n’existe pas réellement dans une réalité anguleuse et acérée. Les lois de la Corée évoluent avec bonheur vers plus d’ouverture, Sang Young Park explique dans ses remerciements que pendant le temps de conception de ce roman, l’avortement a été dépénalisé et que les prescriptions de médicament pour prévenir le virus du HIV ont été introduits sur le marché. Le roman a donc été devancé par la société sud-coréenne.
Ce roman est focalisé sur Young, que l'on découvre étudiant et qui ensuite évolue dans le monde professionnel. C'est un jeune homme qui assume son homosexualité auprès de ses amis proches et qui ne s'en cache pas. Par contre, il a plus de mal à le montrer dans la société conservatrice dans laquelle il vit, et surtout à en parler à sa mère.
Cette double facette dans la société coréenne montre aussi toute l'ambivalence que ce personnage porte en lui. D'un côté, il est très fêtard et aime le monde de la nuit et les rencontres qu'il peut y faire. De l'autre, on sent le poids des traditions et de l'image parfaite qu'il faut renvoyer au monde auquel il appartient. Ce tiraillement fait que Young ne peut être lui-même qu'à certains moments.
Par ailleurs, le roman traite aussi de sujets lourds qui sont évoqués avec délicatesse, notamment celui de la maladie. D'abord, celle dont Young est atteint et qu'il porte en lui sans la nommer, mais dont il sait qu'elle ne le quittera jamais. Mais aussi, la maladie de sa mère et sa presque obligation de s'occuper d'elle comme il est de coutume dans sa société. Ces passages où Young est en charge de sa mère sont très touchants car il s'oublie totalement pour prendre soin d'elle, malgré les relations pas faciles qu'il y a entre eux. On sent aussi une certaine pudeur dans chacun de ses deux personnages, qui sont tiraillés entre montrer leur vrai visage et le visage de façade qui est nécessaire.
Cette lecture est cependant inégale car, quand bien même des passages sont touchants et très entraînants, il y en a d'autres où on a l'impression que l'auteur veut montrer que l'ivresse des réactions de Young s'explique par ce tiraillement. Et c'est une litanie qui est reprise tout au long du roman et qui l'alourdit. Autant le début est très plaisant car Young rencontre sa meilleure amie et ils vont s'entraider dans leur vie. Mais très vite, il y a un certain essoufflement car on se retrouve en tête-à-tête avec Young et ses pensées qui tournent en rond et c'est parfois très long. Une seule rencontre va l'ébranler, mais en raison de son mal-être, il ne se rendra compte de la valeur de cette personne que bien trop tard.
L'auteur a, à travers ce roman, voulu retranscrire une partie de sa propre vie et montrer les dessous de la vie des personnes homosexuelles en Corée du Sud. Bien qu'il vive à Séoul, qui est une ville dynamique, le poids des traditions est très présent encore aujourd'hui. Cette lecture rappelle un roman de John Boyne, "Les fureurs invisibles du cœur". Alors que le roman de John Boyne décrit la société irlandaise avec une vision très sociale de l'Irlande à travers la religion, le droit des femmes et des personnes homosexuelles, ici l'auteur n'arrive pas à aller plus loin que son personnage. Ce dernier apparaît presque comme égoïste alors qu'il montre juste sa difficulté à accepter son identité et son appartenance au monde auquel il appartient.
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