Culturellement, conjointement à la pensée du droit et des codes juridiques, l'Europe est conduite à penser la question de la paix, fondamentale pour le sens même des institutions humaines.
Un des auteurs les plus connus du XVIIIe siècle, l'abbé de Saint-Pierre, s'est longuement penché sur ce problème faisant fi les railleries de ses contemporains. Rousseau, à moitié par choix, à moitié parce que c'est une sorte de tâche qui lui a été confiée, doit fournir des versions aisément lisibles de ces textes savants. Mais notre auteur ne peut se contenter de simples résumés. Il fournit également ce qui fait l'objet du présent ouvrage - son opinion sur l'idée de pain perpétuelle et donc à propos des rapports internationaux.
Cet avis est critique, précis et rassemble à lui seul les objections les plus fondamentales. En ce sens, Rousseau, indépendamment de l'histoire de la philosophie et de l'avis de Kant sur ce sujet, insiste sur la grandeur de la paix, sa nécessité mais également sur sa fragilité, voire même sur son impossibilité : quel miracle pourrait amener un puissant à renoncer à sa puissance, à se soumettre à un ordre de droit et à respecter le devoir, essence même de la loi ? Nous voudrions, dans cet ouvrage, rendre compte de la pertinence de la pensée de Rousseau, intimement liée à ses plus grands écrits politiques, mais également montrer en quoi l'auteur fournit des lignes directrices afin de lire les rapports contemporains entre les Etats.
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