"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Après la page 50, mon avis global à la fin de la lecture ;
Roman apocalyptique et post apocalyptique, de l’anticipation mais dont notre actualité (guerres, famines, catastrophes naturelles à répétition, épidémies) ne peut pas manquer de qualifier ce livre de prophétique.
• Trames et personnages :
En vérité sur un peu plus d’une centaine de pages, c’est une véritable course à la catastrophe définitive à laquelle nous assistons. Pour Elja Osberg, seul gardien d’une Arche destinées à conserver tel un coffre fort l’ensemble des semences répertoriées sur le globe, c’est une mission qui ne lui permet plus d’exister en tant que tel. Dédié corps et âmes à la garde de son Arche tel Noé, il s’est effacé de ses semblables et a perdu en quelque sorte son identité. Si sa mission est d’abord constituée de routines quotidiennes avec des rapports à sa hiérarchie, elle va vite se transformer en cauchemar d’abord pas sa solitude volontaire puis par le fait qu’il reste le dernier être humain de la planète. On ne peut que tirer son chapeau devant la connaissance et l’imagination que l’auteur va déployer pour nous faire vivre ses pensées, ses cauchemars et sa façon de décrire l’univers restreint dans lequel il est plongé puis le spectacle d’une planète dévastée où la nature reprend ses droits.
En ce qui concerne la Fondation et les notes techniques de William Stanley F, un des instigateurs du projet de l’Arche, on ne peut que s’effrayer d’un tel personnage dont les motivations ne reposent que sur la volonté de spéculer sur les catastrophes naturelles, de jouer de sa propriété de l’Arche pour imaginer que la Fondation pourrait recréer ensuite une nouvelle civilisation après l’ultime cataclysme.
• Contexte et véracité contemporaine :
Ce projet de coffre- fort végétal existe bien et Xavier Boissel ne fait que développer et présenter le cadre et les motivations qui ont poussé à cette création. C’est ensuite son talent d’écrivain qui en fait un projet aux motivations bien plus troubles où une assemblée générale d’une organisation supra internationale ne vise qu’à la spéculation et ne peut concevoir que la planète connaisse bien un ultime cataclysme dont un seul homme pourrait être le dernier de l’humanité. Véritable aussi la succession de guerres, d’épidémies, de catastrophes naturelles que nous ne cessons de connaître depuis le milieu du siècle dernier.
• Sentiment global au terme de la lecture :
A la fois concis, intriguant et non dénué de poésie, ce court roman ne peut pas manquer de vous filer des frissons dans le dos, tant il est actuel et s’appuie sur un constat que nos climatologues, scientifiques, écologistes (non fantaisistes), politiques ne cessent de nous alerter, même sans hélas beaucoup agir, sur l’obligation de prémunir l’humanité et notre planète de cataclysme futur.
Plaidoirie implacable de la cupidité et du sens de la spéculation sur les catastrophes naturelles et les fléaux déclenchés par l’être humain. Nous ne pouvons que nous sentir concernés.
Note : 14/20
Dans ce court roman futuriste, Xavier Boissel nous propose une alternance de récit du narrateur Elja Olsberg malheureux gardien prisonnier de ses rêves et de cette nature inhospitalière et vision stratégique de la fondation et des objectifs tantôt humanistes tantôt mercantiles poursuivis.
Les phrases longues, le vocabulaire précis, technique voire érudit et l’alternance entre rêves et stratégie d’entreprises rendent la lecture difficile. Les descriptions des tâches et des rêveries sont alternées avec une vision cynique du marketing de la catastrophe. Cataclysme attendu et difficultés rencontrés dans cette solitude de fortune pour trouver la voie à suivre. Cette vision alarmiste crédible et son traitement entre fiction et objectifs donne une profondeur au roman et donne à réfléchir sur l’écologie et la survie de l’espèce. Notre Elja Olsberg serait-il un Robinson Crusoé des temps modernes ? l’ouverture proposée laisse place à toutes les hypothèses.
Ce court roman utilise les ressorts de la science-fiction, le propos reste toutefois confus et je reste indécise sur la fin, à relire pour mieux comprendre ou passer à autre chose ?