RIRE, MOURIR..., deuxième opus des aventures du commissaire Lorca, est un roman d'une grande singularité. Anton BRAMA a réussi à faire cohabiter dans ce livre des émotions antinomiques : la tension, l'action et l'angoisse propres au thriller, et le rire franc et jubilatoire habituellement réservé aux romans humoristiques. Un pari impossible oe... Un pari réussi. Le commissaire Lorca a survécu à Leslie. Il est le seul. Son équipe a été décimée pendant l'assaut. Il s'en veut. Il n'a pas fait ce qu'il fallait pour éviter le massacre. Et en même temps cela ne le perturbe pas outre mesure. C'est le boulot des flics de se faire tuer. Quand on a signé dans la police, il faut accepter la perspective de mourir. Violemment. Alors cela ne sert à rien de ressasser. Et puis la compassion ne l'aidera pas à survivre à ce qui l'attend. Il le sait. Il en est persuadé. Car quelque chose de surnaturel le poursuit. Quelque chose d'impalpable, de diffus, flotte autour de lui. Il est atteint des mêmes hallucinations que Leslie. Il pense qu'il y a eu contagion - ou bien peut-être est-ce encore sa paranoïa maladive qui s'insinue en lui. Oui. À mesure qu'il vieillit, l'entourage de Lorca lui apparaît de plus en plus hostile. Des faciès menaçants semblent tourner autour de lui. Un ballet de vautours semble s'organiser. C'est ce qu'il voit. C'est ce qu'il croit. C'est le patron. Il n'a pas de raison de remettre en question sa lucidité. Il n'a pas trop le temps d'y penser non plus. Surtout depuis quelques temps. Depuis que l'on retrouve des couples chez eux, allongés sur le sol, immobiles, apaisés, libérés par la mort, parfaitement décapités.
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