À partir de la documentation riche et variée d'une seigneurie ecclésiastique, l'ouvrage permet de saisir trois grands enjeux économiques et sociaux de la période de crise et de reconstruction des XIVe et XVe siècles, à commencer par la résilience de la structure seigneuriale. La seigneurie est ainsi adaptée à la marge par les gestionnaires monastiques, mais jamais fondamentalement transformée. Les abbés et leurs receveurs mènent une gestion cyclique des biens temporels, dans laquelle la perpétuation des rituels est centrale. Ensuite, ce livre démontre la capacité d'adaptation des pratiques de gestion de l'abbaye, qui se matérialisent dans un réseau documentaire dense et structuré autour de la rente et de toutes les actions qui y sont rattachées. Enfin, l'ouvrage permet de mesurer l'ampleur de la crise à l'échelle individuelle. Les conditions d'exploitation difficiles des années 1340-1490 mettent durement à l'épreuve les exploitants agricoles, mais également les salariés ruraux, de plus en plus nombreux à l'abbaye pour répondre aux besoins de la reconstruction. Cette vulnérabilité occasionne la production d'une importante documentation : rappels d'arrérages, sentences du prévôt, comptes avec l'abbé. Paysans pour la plupart, leur condition s'aggrave au cours du XVe siècle. Entre l'abbaye et ces tiers animant le domaine, la dette devient de plus en plus inévitable. L'abbaye maintient ses exigences seigneuriales, a fortiori en cas de remaniement de la composition des redevances.
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