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Alors que les émissions de vulgarisation scientifique se multiplient, la Revue de la BnF s'interroge sur le « style de la science » : comment formule-t-elle ses résultats tant auprès des chercheurs que du grand public, comment produire un discours scientifique et pour qui ?
« Le style de la science » :
Tout travail de connaissance passe nécessairement par la production d'un discours. Ce numéro s'interroge sur le style de la science - ou sur son absence revendiquée -, sur la manière dont elle formule ses résultats auprès du grand public et de la communauté des chercheurs.
Vulgarisation, communication, valorisation :
Jean-Marc Lévy-Leblond revient sur l'opposition traditionnelle entre monde savant et monde profane à travers le cliché du savant distrait, aux savoirs inaccessibles...
L'opposition entre savant et profane, scientifique et littéraire, correspond toutefois plus à une frontière théorique, historique et institutionnelle, qu'à la réalité des pratiques du savoir, selon Yves Jeanneret. Les sciences, s'exprimant principalement sous forme de textes, produisent elles-mêmes de la littérature, également traversée par l'imaginaire et la rhétorique.
Baudouin Jurdant, spécialiste des questions de vulgarisation scientifique, insiste quant à lui sur la nécessité de « parler la science » : si la science est avant tout écrite (accédant par là même au statut de vérité objective et universelle), elle se doit d'être constamment discutée au sein d'une communauté plus large que celle des spécialistes...
L'écriture scientifique comme production culturelle/littéraire :
L'écriture scientifique emprunte-t-elle à la littérature ? Certains objets d'étude nous forcent à penser au-delà d'un simple dualisme entre science et fiction, telle la sphère de Dyson, mégastructure bâtie autour d'une étoile, jamais observée à ce jour, traitée aussi bien dans des articles d'astrophysique que des romans de science-fiction.
Thierry Hoquet constate que le xviiie siècle a vu s'opposer deux manières d'écrire l'histoire naturelle : l'extrême concision de Linné et la grandiloquence de Buffon. On aurait tôt fait d'en conclure que l'un serait plus rigoureusement scientifique et l'autre plus littéraire. Leur différence de styles nous renseigne davantage sur le type de public et de science visés par chacun des auteurs, interrogeant par là-même l'idéal d'« objectivité » de la science.
L'activité scientifique comme acte de « création » :
Dans tout projet intellectuel, selon Jean-François Bert, rien n'est anodin, brouillons, lettres, fiches, marginalia... L'étude de ces traces nous révèle comment le savant travaille, mettent en évidence des styles et des modes opératoires personnels. De même, les carnets de thèse en ligne, nouveaux lieux d'expression et de réflexion individuelles pour les doctorants, font émerger des manières différentes d'écrire la science, à la première personne...
Les sciences et les arts :
Un entretien inédit avec Jacques Réda autour de sa Physique amusante nous éclaire sur son choix d'écrire à propos de la physique contemporaine, dans la longue tradition de la poésie scientifique.
Alice Leroy retrace quant à elle l'histoire du docteur Jean Comandon, dont l'ambition fut de filmer la science. Ses films microcinématographiques, réalisés en laboratoire, se redécouvrent aujourd'hui tant pour leur qualité scientifique qu'esthétique. Sans jamais renoncer à la valeur didactique de ses images, il en reconnaissait aussi l'enchantement singulier...
Représentations scientifiques graphiques :
Didactisme et enchantement, c'est également ce que vise le courant merveilleux-scientifique, qui se développe au tournant du xxe siècle dans la presse de vulgarisation, empruntant aux motifs du conte de fées. La représentation graphique spécifique au traité d'anatomie que nous révèle Elsa Tadier, illustre parfaitement ce dilemme entre les savoirs et leur nécessaire diffusion sous la forme de discours.
Rubriques :
« Autour d'une oeuvre » consacrée à la Somme rural de Jean Boutillier.
La « Découverte » de la collection de photographie japonaise contemporaine de la Bibliothèque nationale de France.
Une « Galerie » autour des lettres illustrées de Paul Morand à son épouse Hélène.
La rubrique « Insolite » raconte l'histoire mystérieuse des momies de la Bibliothèque nationale de France.
Une nouvelle rubrique « Résidences » fait place aux observations de l'écrivain Thomas Clerc, « lecteur-imposteur » à la Bibliothèque.
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