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Le cadavre d'un homme flotte dans une piscine sur le toit d'un immeuble viennois. Il lui manque une jambe, il a été déchiqueté par un requin. Pas de trace de requin, juste une prothèse auditive récupérée au fond de l'eau. Cela ressemble à une mauvaise plaisanterie, mais il en faut plus pour désarçonner l'inspecteur Lukastik. Fervent lecteur du philosophe Wittgenstein et féru de musique dodécaphonique, ce surprenant personnage, qui dîne chaque soir d'une soupe chez ses parents et n'écrase jamais ses cigarettes, se moque des convenances et met un point d'honneur à exaspérer ses supérieurs. Qui d'autre que lui pouvait enquêter sur une affaire aussi étrange?
Un immeuble viennois. Une piscine sur le toit. Et dans l’eau, un corps déchiqueté. Par un requin !
S’il y a moultes façons de mourir dans la capitale autrichienne, on peut raisonnablement penser être à l’abri d’une attaque de requin. Et pourtant, cet homme, sans papiers d’identité et qui n’a laissé derrière lui qu’une prothèse auditive au fond du bassin, a bel et bien été la proie d’un Swan River Whaler, si l’on en croit la dent que le prédateur a perdu dans la bataille.
Chargé de l’enquête, l’inspecteur Lukastik ne se laisse pas démonter par l’étrangeté de l’affaire. Fort du précepte énoncé par Wittgenstein, philosophe viennois, selon lequel il n’y a pas d’énigme, le policier va se poser les bonnes questions pour trouver les bonnes réponses, quitte à se mettre en danger par pure inadvertance.
Indépendamment de l’intrigue policière, Requins d’eau douce est surtout une rencontre avec un auteur et son inspecteur.
Heinrich Steinfest possède un style bien à lui, fait d’une écriture foisonnante, d’un vocabulaire riche et sublimé par une imagination débordante qui flirte avec l’humour noir et l’absurde.
Son inspecteur Lukastik est un sacré numéro. Musicologue de formation, il ne jure que par Josef Matthias Hauer, théoricien du dodécaphonisme…Comprenne qui pourra ! Une autre de ses lubies : la philosophie de Ludwig Wittgenstein dont le ‘’ Tractatus logico-philosophicus’’ lui tient lieu de vadémécum. Par ailleurs, il a quelques tocs, est amoureux de sa sœur, vit chez ses parents avec lesquels il dîne tous les soirs, ne supporte pas d’obéir aux ordres, aime former des couples improbables, se pense d’une intelligence supérieure et conduit une Ford Mustang couleur or.
Il y aurait encore beaucoup à dire sur ce policier atypique, sur la façon dont on peut se faire partiellement dévorer par un requin en plein centre de Vienne, sur Wittgenstein et Hauer, mais la meilleure façon de découvrir tout cela est de plonger, non pas dans une piscine autrichienne, mais dans ce polar bourgeois, intelligent et élégant. Une surprenante pépite.
Le philosophe Wittgenstein a écrit : « Il n’existe pas d’énigme ». C’est ce que se dit l’inspecteur Lukastik quand il voit le cadavre affreusement mutilé par un requin… dans une piscine… sur le toit d’un immeuble viennois. Point de traces du poisson. A la recherche du meurtrier, d’un mobile, d’un modus operandi, il rencontre des personnages de plus en plus étranges. L’érudition et l’humour transforment ce policier en un grand roman où se côtoient des pages sur l’éthique, l’ichtyologie, la musique de Bach, les performances des Ford Mustang…
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