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En 1970, jeune anthropologue, Serge Bouchard recueillait les propos de Mathieu Mestokosho, décédé en 1980 presque centenaire, chasseur montagnais de la Minganie et du Labrador. Par la parole de Mathieu, c'est tout un monde ancien qui revit, celui des enfants de la Terre de Caïn que les colons européens avaient choisi d'ignorer.
Heureusement pour nous, la mémoire de Mathieu Mestokosho nous permet de nous réapproprier bien tardivement toute une part de notre héritage culturel que nous avons failli laisser perdre.
« Les émotions que m'avait procurées il y a dix ans la première lecture de ce texte sont demeurées intactes. Ces émotions, elles tiennent d'abord à la poésie des grands espaces de neige, aussi doux que violents, aussi limpides que mystérieux; non pas ces espaces que nous nous sommes plu à rêver sans guère les connaître (et en reprenant souvent le discours de l'Européen), mais ceux que Mestokosho et les siens ont pratiqués pendant
des millénaires et que ce survivant, tout proche de la mort, raconte dans ses mots.
L'émotion jaillit aussi des gestes les plus simples, ceux de la vie quotidienne arbitrée par le rapport à la nature c'est-à-dire aux esprits qui sont partout et qui veillent, qui protègent ou punissent selon leurs humeurs du moment. Enfin, c'est un grand émoi qui s'empare du lecteur confronté à la tragédie qui guette constamment, à la famine qui menace, à la présence discrète de la mort. Mais une mort apprivoisée, qui fait partie de la culture et de la mémoire, et que le vieil homme évoque sur un ton respectueux, certes, mais étrangement familier, pacifié, à travers des épisodes dont il ne paraît pas
mesurer la gravité et la beauté.
Le récit que voici, dans son dépouillement, dans sa simplicité, livré avec la plus grande économie de mots et de moyens, offre l'occasion d'une véritable plongée au coeur de cette vie ancienne, qu'il permet d'imaginer telle qu'elle a pu être avant l'arrivée des civilisateurs. Pour le reste, on en conviendra, c'était bien la moindre des choses que la technologie du Blanc, par le truchement du magnétophone, fasse renaître au moins dans la parole ce monde qu'elle a tant contribué à défaire. » Extrait de la préface de Gérard
Bouchard
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