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S'il est un homme à qui s'applique vraiment le qualificatif d'internationaliste, c'est bien Khristian Georgiévitch Rakovsky (1873-1941), membre des bureaux de la IIe puis de la IIIe Internationale et qui voulait ne " connaître aucun pays, si ce n'est le pays du prolétariat international ". " Génial gosse de riches " né bulgare et devenu roumain par un accident de l'histoire, russe d'adoption et francophile, étudiant à Paris et à Montpellier, ami de Guesde et Jaurès comme de Plékhanov, Liebknecht et Rosa Luxemburg, compagnon d'armes des hommes d'Octobre 17 (en particulier de Lénine et de Trotsky), président du Conseil des commissaires du peuple (chef d'Etat) de l'Ukraine, ce polyglotte raffiné lié à des gens aussi divers qu'Anatole de Monzie ou Panaït Istrati mit au service de la Révolution une étourdissante palette de talents, de compétences et de séduction: médecin et juriste, journaliste, orateur et propagandiste (c'est lui qui fit de l'affaire du Potemkine un épisode légendaire), historien (il travailla sur la Révolution française et la Commune et rédigea plusieurs biographies), chef de guerre (il dirigea l'offensive bolchevique en Roumanie en 1918), diplomate (il fut, en autres fonctions, le premier ambassadeur de la Russie soviétique à Paris), il suscitait des amitiés (Trotsky), des admirations (Lénine) et des amours passionnées, mais aussi _ revers de la médaille _ des haines implacables.Comment Staline, qui était à peu près son contraire en tout et avait acquis une culture théorique et politique rudimentaire, aurait-il pu le supporter, après avoir réglé leur compte à Kamenev et Zinoviev, puis expulsé Trotsky? Comment après avoir plongé le pays dans la terreur, aurait-il laissé parler et agir un homme devenu chef de l'opposition de gauche? Celui-ci chercha pourtant à sauver l'essentiel en allant jusqu'aux limites (et même au-delà) des concessions possibles. Il fut arrêté en janvier 1937, jugé comme on l'imagine, déporté, libéré juste le temps de lâcher Trotsky et finalement exécuté en novembre 1941 (beaucoup plus tard qu'on ne l'a dit).Connaisseur entre tous de la Russie révolutionnaire et biographe de Trotsky, Pierre Broué dépeint, grâce aux archives aujourd'hui ouvertes en ex-URSS, un acteur de premier plan, objet d'une haine posthume quasi universelle et qui a durablement nui à l'intelligence de plusieurs épisodes capitaux de l'histoire soviétique et européenne.Né en 1926, docteur ès lettres, Pierre Broué a été professeur d'histoire contemporaine à l'Institut d'études politiques de Grenoble. Spécialiste de Trotsky et de la IVe Internationale, il est notamment l'auteur d'une monumentale biographie de l'irréductible opposant que Staline fit assassiner en 1940 (Fayard, 1988) et de Staline et la Révolution. Le cas espagnol (Fayard, 1993).
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