Dans la grande tradition des romans noirs, de Aucune bête aussi sauvage à Le Facteur sonne toujours deux fois, Rabot met en scène une cavale dont l'issue ne peut qu'être tragique. Et c'est là toute l'originalité de ce premier roman : cette fatalité est un leurre, qui ne cache qu'un abandon, une fatigue. Dans une écriture vive et simple, Adrien Girault déploie un imaginaire cinématographique et sensible. Il arrive à maintenir, dans des univers distincts, une vraie tension narrative. Dès les premières pages, les ambiances sont crédibles, posées, les personnages incarnés, le tout avec beaucoup de finesse. La dimension cinématographique conjuguée à une écriture sensorielle, orale, nous plonge dans un univers à la fois très simple et lisible et qui pourtant reste profondément mystérieux.
Un roman sombre et déroutant qui raconte la fuite du narrateur, garde-champêtre vivant avec sa mère et sa grand-mère.
Un jour, un homme frappe à sa porte, lui demande de faire face au passé et de répondre à des faits qui se sont déroulés 30 ans auparavant. Cette visite sera le déclencheur qui décide le narrateur à s'en aller de chez lui, sans en avertir sa famille.
Le garde-champêtre nous livre des souvenirs : la mort de son père dont il ne connaît pas la raison, la relation qu'il entretient avec son frère, celle de son père et du comte vivant près de chez lui.
Le Comte Beselt est un homme étrange qui s'adonne avec son homme de main « Marcie » à des jeux étranges en pleine campagne. Il était l’ami de son père et reste en rapport avec son frère. Quel lien unit cette famille à celle du comte ?
Il y a beaucoup de non-dits dans la relation entre le narrateur et les membres de sa famille.
Il s'est passé un événement qui pousse les gens de la ville à partir. Il y a peu de survivants et le narrateur rejoint un groupe d'hommes qu'il rencontre lors de son voyage. Le lecteur le suit dans ses pérégrinations dans une nature hostile.
Le lecteur ne sait pas dans quelle direction l'emmène l'auteur. Celui ci joue avec ses lecteurs. Il n'y a pas de repère spatio-temporel, c'est un livre dont l'ambiance est inquiétante. L'auteur reste imprécis et le lecteur s'imagine ce qu'il souhaite ce qui induit un climat angoissant et oppressant.
L'auteur a un style très singulier et sera apprécié par les amateurs de littérature innovante. Cette plume très atypique m'a un peu déstabilisée. Le fait de ne pas savoir, que rien ne soit dit, force le lecteur à s'interroger même s'il reste avec ses interrogations.
C'est un livre qui m'a permis de sortir de ma zone de confort et je l'ai apprécié pour cela.
Je remercie les éditions de l'Ogre.
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