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Quelques rides

Couverture du livre « Quelques rides » de Fabien Clouette aux éditions L'ogre
  • Date de parution :
  • Editeur : L'ogre
  • EAN : 9791093606019
  • Série : (-)
  • Support : Papier
Résumé:

Un petit village en bord de mer s'est agrégé autour de l'hôtel construit par la famille de Cap Vrai. Les parents vieillissant, il vient à assumer la charge de l'établissement, enfin pas directement, puisqu'il est persuadé que c'est son frère, le Chef, mort prématurément dans son enfance qui... Voir plus

Un petit village en bord de mer s'est agrégé autour de l'hôtel construit par la famille de Cap Vrai. Les parents vieillissant, il vient à assumer la charge de l'établissement, enfin pas directement, puisqu'il est persuadé que c'est son frère, le Chef, mort prématurément dans son enfance qui assume cette responsabilité. Ainsi Cap Vrai a deux personnalités, celle de son frère décédé et la sienne perdue dans les méandres de l'enfance. Sous son impulsion involontaire et l'ambition d'une famille de notables, le village change et s'ouvre au tourisme. Un deuxième hôtel est construit, mettant en péril le fragile équilibre de sa vie. Cap Vrai assassine le directeur du nouvel hôtel, Nègue-Chin. Un procès s'ensuit, accompagné d'une expertise psychiatrique. Cashon, un assistant médical plus intéressé par les ragots du village que par sa fonction, est chargé de mettre en forme les résultats de l'expertise et de son enquête. C'est ce texte éclaté et tâché de beurre de sandwich qui est donné à lire ici.
Faisant de constants allers-retours entre passé et présent, ainsi qu'entre les différentes subjectivités des personnages, Fabien Clouette parvient, avec une langue neuve qui doit beaucoup au pouvoir d'évocation du cinéma, à perdre le lecteur dans les méandres oppressants de la psyché de Cap Vrai et des commérages de Cashon. Le lecteur croit toujours être sur le point de découvrir le secret du livre, d'être en mesure de combler les trous de l'histoire qu'il est en train de reconstruire, d'aller plus loin que la seule écume, que les allusions et les non-dits, pour enfin mettre au jour le réel qui se tapit sous le témoignage de Cap Vrai, témoignage qui flirte en permanence avec l'hallucination. Mais ce réel, bien évidemment, est destiné à nous rester inconnu. Car ce livre n'est pas un roman policier, et, s'il s'apparente à un polar - au sens de roman noir, de tragédie, de huis clos à ciel ouvert -, c'est avant tout une grande oeuvre littéraire.
Le titre de ce premier roman annonce d'ailleurs cette ambition: tout ce qui est donné à voir et à lire au lecteur, ce sont ces quelques rides qui affleurent à la surface de la réalité, jamais les courants sous-jacents qui sont à l'origine de ces mouvements. Le lecteur, essoufflé, a donc en permanence l'impression qu'il se passe des choses extrêmement importantes sous ses yeux, décisives, sans pour autant être capables d'en percer le sens ultime. Nous voyons s'agiter ces habitants d'un village directement sorti de Twin Peaks comme autant de petites marionnettes dont les ressorts qui les meuvent nous demeureraient incompréhensibles.

Il existe très peu de romans que l'on peut rapprocher de Quelques rides. S'il devait en évoquer un - non seulement pour sa frénésie mystérieuse, mais également en raison de son personnage principal tout en « présence absente », comme s'il était le centre vide d'une révolution -, ce serait sans conteste Les Démons de Dostoïevski.

Cinéaste et diplômé de l'EHESS, Fabien Clouette est né en 1989. Son premier long-métrage Bx46 est sélectionné au festival international de cinéma de Marseille, et il est l'auteur d'une nouvelle, Une épidémie, publiée sur Publie.net. Quelques rides est son premier roman.

Extrait : « L'accident n'a pas tué Nègue-Chin comme il a tué le frère, le jardinier, la muette et les autres. Capvrai a tué le type ; car on l'a pas fait pour lui. Pas les cerfs en tout cas. Fallait y aller. Et les hôtels sont détruits les uns après les autres. Sur le chemin, je présente ma carte de réduction au contrôleur, et nous discutons un temps de la prononciation de mon nom « Cashon ». Alors que ses mains terreuses et mouillées déchirent le ticket, j'ai envie d'un sandwich et d'une bonne douche. »

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