"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Lors d'un procès d'Inquisition, métamorphoser, fût-ce sur base d'indices faibles ou de délation, une jeune femme ou un jeune homme en sorcière ou en sorcier, ou encore un homme de confession juive en sous-homme relève des mêmes ressorts secrets des pulsions élémentaires - de vie ou de mort - qui hantent les représentations mentales des bourreaux et de leurs autorités. Après Feuerbach ou Freud, l'impact de ces représentations sur l'imaginaire religieux n'est plus à démontrer, pas plus que ne l'est la sublimation qui génère la création d'entités spirituelles. Mais l'intervention récente d'un philosophe anglais, Richard Swinburne de l'université d'Oxford, spécialiste de Thomas d'Aquin, rouvre à propos d'Auschwitz une plaie béante au sein de l'antijudaïsme chrétien quand ce philosophe thomiste proclame, et ce sans l'ombre d'une hésitation : « Cela devait être horrible d'être gardien à Auschwitz. Les victimes ne peuvent pas nier qu'elles ont de quoi être reconnaissantes ; en effet, dans la situation atroce qu'est la leur, si elles font de bons choix, elles peuvent accéder à la sainteté. » Le vieux thème de la souffrance rédemptrice refait brutalement surface chez ce théologien classique pour, une fois encore, minimiser l'importance de ce qui fut, comme l'ont écrit tous les témoins, rupture de civilisation...
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