"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
De retour d'un voyage d'affaires, Hiroshi fait un détour involontaire par sa ville natale, où il perd connaissance. A son réveil, il retrouve son corps d'adolescent et son passé. Une chance inespérée d'empêcher l'évènement qui va bientôt déchirer sa famille ? Quartier lointain nous invite à nous demander comment poser, au-delà de l'amour filial, un regard adulte sur les choix de nos parents.
La lecture d'un article écrit par Elisa Shua Dusapin pour Le Temps m'a permis de faire connaissance avec Jirô Taniguchi. Mais plus encore, ce très bel article m'a aussitôt donné l'envie de découvrir l'univers de cet auteur et par lui, celui des mangas que je connais bien mal, si ce n'est, étant donné ma génération, par les dessins animés réalisés par des mangakas dans les années 1970, et devenus cultes aujourd'hui, tels Candy, Goldorak ou Heidi.
En commençant Quartier lointain, je n'imaginais pas que l'ouvrage me passionnerait, me toucherait autant. Tout y est d'une grande finesse. Les lignes du dessin, la narration, les émotions, les mots... Il se dégage une infinie légèreté d'un texte frugal, d'une scène de repas familial, du vent dans les branchages, du ressac de la mer. Et pourtant l'histoire saisit immédiatement le lecteur, nous attache aux destins complexes des personnages. Le dessin complète ce que ne transcrivent pas les dialogues, et vice-versa, pour créer une vraie intensité émotionnelle. Les cadrages surprennent, esthétiques, cinématographiques, changeant de points de vue, obligeant à une lecture lente, réflexive, à lever les yeux de la page parfois, pour chercher en nous ce qui est hors-vignette. Le merveilleux, dosé à sa juste mesure, se distille dans la narration pour lui donner une étrangeté qui nous envoie, comme dans un roman médiéval, vers un Autre Monde qui n'est pas là pour épater la galerie mais pour donner du sens.
Quartier lointain nous emmène vers cette mémoire familiale qui nous échappe en grande partie. Parce que nous n'avons pas connu nos parents, nos grands-parents jeunes, parce que tout ne nous est pas raconté de leur vie avant nous, soit qu'il y ait des secrets, des douleurs, de la pudeur aussi. Des silences, des blancs qui nous façonnent aussi, car ils influent sur le cours des choses.
De la même façon que notre voix nous est étrangère lorsque nous l'entendons enregistrée, de l'extérieur, la vision que nous avons de nos parents est verrouillée par un point de vue interne qu'il est difficile de modifier. Et au-delà des autres, c'est la vision que nous avons de nous-même qui est tout aussi parcellaire et tronquée. Quartier lointain déverrouille ce point de vue, sort du cadre, interroge cette mémoire cachée, inconnue, inconsciente, par un regard différent, décalé de quelques mètres. Ou de quelques années.
Après ce voyage à Kurayoshi, on guette le battement d'aile d'un papillon et on se dit que c'est peut-être ça l'éternité, un simple ciel dessiné par Jirô Taniguchi.
Des dessins magnifiques au service d'une histoire introspective et poétique....
Un homme de 48 ans, marié et père de 2 filles, se retrouve soudain dans sa peau et sa vie d'adolescent de 14 ans; Il revit ces quelques mois, fort de son expérience d'homme mûr, et va expérimenter jusqu'à quel point il pourra avoir une influence sur les évènements... Un voyage....
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