« J'ai alors décidé d'écrire ce que j'avais tu si fort, dire enfin ce qui se cachait derrière l'exigence de séduire qui ne voulait pas me lâcher et qui m'a jetée dans l'excès de la prostitution, exigence d'être ce qui est attendu par l'autre, et si le besoin de plaire l'emporte toujours lorsque j'écris, c'est qu'il faut bien revêtir de mots ce qui se tient là derrière, et que quelques mots suffisent pour être lus par les autres, pour n'être pas les bons mots. Ce dont je devais venir à bout n'a fait que prendre plus de force à mesure que j'écrivais, ce qui devait se dénouer s'est resserré toujours plus jusqu'à ce que le noeud prenne toute la place, noeud duquel a émergé la matière première de mon écriture, inépuisable et aliénée, ma lutte pour survivre, entre une mère qui ne répondait pas lorsque je l'appelais et qui ne m'appelait pas car elle avait trop à dormir, ma mère qui dans son sommeil a laissé mon père se charger de moi ». Un monologue, une incantation, une mise à nu, un cri, un exorcisme. Une jeune femme, prostituée, dit ce qu'elle est, raconte, s'interroge. Le livre se présente à la fois comme un récit très cru (le sexe, l'attrait de l'argent, la volonté de séduire) et comme une réflexion sur la filiation, le désir, la prostitution. Une mise en accusation terrible de la famille, de la société dont personne ne sort indemne. Un texte incestueux, fantasmatique, obsessionnel.
Ce livre n’est pas celui que vous croyez. Loin du titre aguicheur et de la photo racoleuse, Nelly Arcan brosse son portrait de femme et de prostituée. Elle aborde son obsession de la jeunesse éternelle qui l’a conduite à passer à maintes reprises sous la lame du chirurgien pour tenter d’effacer un corps qu’elle jugeait insuffisant. Ce livre est un véritable cri du cœur où elle nous demande de ne pas la juger.
L’argent, le sexe, les hommes, le pouvoir, le désir, tout y passe et rien n’est épargné. Les détails sont explicites et souvent crus.
Soyez averti, le style d’écriture est particulier. Les phrases sont longues, s’étendent parfois sur deux pages, la ponctuation est absente. Son texte est le reflet de sa vie perturbée et déséquilibrée, cette vie qu’elle a décidé d’abréger à 36 ans pour ne plus avoir à la supporter.
@lecturesauhasard
Un roman poignant et puissant sur une femme qui se prostitue. On se sait pas quelle est la part autobiographique mais Nelly Arcan y met ses tripes. Elle parle des femmes, de leurs corps, du poids de l'éducation sur les choix de l'héroïne. C'est presque un récit sans espoir de part les mots et de part la personnalité de l'auteure qui transparaît dans ces pages.
Un grand hurlement. Fou. Qui tente de se dissimuler sous l'épaisse couche de maquillage de l'écriture, mais qui déborde, qui transparaît. Incohérent par moments, mais puissant, assurément.
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