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Au cours de sa longue vie (1830-1914), Frédéric Mistral a fait éditer seulement ses grandes oeuvres : Mireille (1859) Calendal (1867), Les Îles d'or, édition originale (1876), édition refondue (1889), Nerte (1884), La Reine Jeanne (1890), Le Poème du Rhône (1897) ou Les Olivades (1912). De 1880 à 1886, il donnait, en outre, par livraisons successives, son grand dictionnaire provençal français, Le Trésor du Félibrige.
Les grands poèmes de Mistral sont universellement connus. Pourtant, ce que l'on connait moins du félibre provençal, ce sont ses multiples écrits pour L'Armana Prouvençau, premier organe du groupe des jeunes poètes provençaux qui fondèrent le Félibrige, le 21 mai 1854, au castelet de Font-Ségugne, non loin d'Avignon. Roumanille et Mistral en assurèrent très vite le succès. Le tirage en monta rapidement de 500 à 10 000 exemplaires, et, à partir de l'année 1860, cette publication, faite d'abord exclusivement« pour la Provence et le Comtat », pouvait s'adresser fièrement à «tout le peuple du Midi ». Roumanille et Mistral y partagèrent le pseudonyme de Cascarelet. La Prose d'Almanach de Mistral est une merveille de justesse et de pittoresque sobre ; elle saisit sur le vif le langage même du peuple, le magnifie, en illustre les idiotismes et les tournures propres. Le poète applique à la transcription du conte et de la « sornette », la méthode géniale qui lui sert à revivifier la chanson populaire : après qu'il les a maniés, contes et chansons deviennent des types essentiels, expriment de façon définitive les élans et les aspirations, les tristesses et les joies de l'âme populaire provençale.
La cinquantaine de contes, comptines et sornettes rassemblés ici grouille de caractères provençaux plus ou moins traditionnels et plus ou moins convenus. On y rencontre les faux benêts et les vrais nigauds de partout, les bonnes et les mauvaises gens d'ailleurs et d'ici, et des exagérateurs - diplômés ou non - dont la Provence a toujours tiré une fierté particulière. S'y exprime, tout autant que dans Mireille, les Iles d'or ou les Olivades, l'entière passion de Mistral pour sa patrie et sa langue.
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