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En 1859, Frédéric Mistral publie Mirèio (Mireille), oeuvre poétique universelle dont on célèbre en 2009 le 150e anniversaire de la première édition.
En 1922, Gustave Fayet, collectionneur, mécène et artiste, séjourne à Saint-Rémy de Provence, afin de préparer l'illustration de Mireille. Il travaille sur une édition de 1921 et sélectionne soigneusement les passages qu'il souhaite illustrer. Le parti pris est celui de la Provence et de son paysage car c'est elle son héroïne. Pour composer les 72 planches d'illustration, il choisit six passages par chant et, dans leur encadrement gris, il inscrit les extraits de texte correspondants en provençal et en français. Il travaille à l'encre de chine, au pinceau et au bambou. Certains dessins sont proches de Van Gogh: par exemple, la planche du chant 8e - qui illustre «sonore comme une aire où on dépique l'été» - rappelle La fontaine dans le jardin de l'hôpital à Saint Rémy, fait à l'encre. Van Gogh aime la Provence : il y voit parfois le Japon entre le ciel éclatant et un paysage de neige. Fayet voit aussi cela. Des dessins se rapprochent des grands maîtres de l'estampe japonaise, comme dans les enroulements de vagues en bord de mer du chant 12e. D'autres encore rappellent les illustrations de Goethe par Delacroix, notamment ces hautes flammes de la Saint-Jean du chant 7e. La nature vibre sous les traits de l'artiste, qui la ressent dans toute sa puissance, et, lui, vibre devant cette nature : «Mais quel pays ! Ces innombrables cyprès, ces eaux courantes, ces cultures, ces collines de St Rémy ! Ces horizons. Cette Provence est un enchantement ou mieux un emparadisement comme a dit Mistral.» On n'a jamais su si, à son retour, il a proposé son travail à un éditeur ou, même, à la famille Mistral. Certains de ses dessins ont été utilisés en 1923 par son ami Maurice Guierre, qui en édite des gravures sur bois pour illustrer son Clair Visage de la Provence publié en 1924. Une seule chose est certaine : Fayet a montré son travail, car il est mentionné à plusieurs reprises dans des articles qui lui ont été consacrés.
Quoi qu'il en soit réellement, la publication de ces planches et du texte intégral de Mireille, que Gustave Fayet n'a pu réaliser avant sa mort soudaine en 1925, constitue une rencontre unique de trois grands artistes - Mistral, Van Gogh et Fayet -, unis dans l'éblouissement de la lumière provençale.
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