En ce 4 mai "Je suis ton père" pour fêter dignement Star wars avec vous ! "may the force be with you"
Mon père disait qu'il avait été chanteur, footballeur, professeur de judo, parachutiste, espion, pasteur d'une Église pentecôtiste américaine et conseiller personnel du général de Gaulle jusqu'en 1958. Un jour, il m'a dit que le Général l'avait trahi. Son meilleur ami était devenu son pire ennemi. Alors mon père m'a annoncé qu'il allait tuer de Gaulle. Et il m'a demandé de l'aider.
Je n'avais pas le choix.
C'était un ordre.
J'étais fier.
Mais j'avais peur aussi...
À 13 ans, c'est drôlement lourd un pistolet.
S. C.
Quel livre ! À chaque page, il vous saisit par la pudeur du style, l'intensité des émotions, et une fascinante réflexion sur le récit : jusqu'où accepter l'irréalité du réel ? Nicolas Mouton, L'Obs.
Brillant et émouvant. Valérie Gans, Figaro madame.
L'écriture de Chalandon atteint ici un sommet de puissance. Valérie Trierweiler, Paris Match.
En ce 4 mai "Je suis ton père" pour fêter dignement Star wars avec vous ! "may the force be with you"
Incontournable de cette rentrée littéraire, Sébastien Spitzer est le lauréat du Prix Stanislas 2017 pour son premier roman "Ces rêves qu'on piétine"
Depuis "Profession du père" il séduit ses lecteurs, mais quelles sont les lectures de Sorj Chalandon ?
Laurence, de la librairie "La belle Lurette" nous présente ses coups de coeur de la Rentrée littéraire 2015
Années 1960, guerre d'Algérie, du Vietnam. On parle souvent des combattants mais pas des dégâts collatéraux. C'est un bel hommage rendu à toutes ces familles qui ont subi le retour de leur héros complètement détruit psychologiquement.
Son père ?
Il était la vedette des Compagnons de la chanson. Ils lui ont tout pris, ses chansons, ses idées, la gloire. Tout.
Surtout, qu'on ne lui en parle plus ! C'est pas sa faute, pas sa faute, de telles trahisons ça laisse de vilaines colères. De celles qui atterrissent sur la gueule de sa femme ou de son fils. Pas sa faute.
Son père, il a été champion de judo, puis prof. Même qu'il exposait son kimono et sa belle ceinture à l'arrière de la voiture. Fier. Fallait voir. Fallait pas l'emmerder, le père, il savait se défendre. Attaquer aussi. Pour un mot de trop. Ou pas de mots du tout...
Le père, il a résisté.
Il a connu De Gaulle, et puis il a dégueulé De Gaulle, un traître, encore un, voilà qu'il cède l'Algérie !
Mais il ne va pas se laisser faire, il a encore des amis, des réseaux, le parrain de son fils est américain, le parrain de son fils est beau comme un acteur américain...
Dans cette lutte, il embarque son garçon. Le charge de missions secrètes. Le recrute, lui le père espion, le père parachutiste, le père aux milles vies.
Il a 13 ans, Emile.
Les coups continuent de pleuvoir, mais papa lui fait confiance, papa l'embarque dans ses aventures de héros de la Seconde Guerre Mondiale.
On a envie d'y croire, à treize ans.
D'y croire très fort. Pourquoi pas, à la fin, ne se souvenir que de ces complicités, ces secrets partagés ?
Pourquoi pas.
Et puis si on découvre que tout ça c'est bidon, c'est pour de faux, combien de temps on peut tenir à faire comme si ? Hein, maman ? Combien de temps ?
Impossible de ne pas être touché, transporté par des mots si judicieusement choisis, par cette histoire qui se construit comme un crescendo. D'une violence qui laisse à bout de souffle, pas simplement la violence physique. La violence du mensonge. De la découverte.
Entre révolte et compassion.
Émile Choulans a douze ans. Il vit reclus avec ses deux parents, qui ne reçoivent jamais personne. C'est un élève médiocre, seulement passionné par le dessin. Son père est violent, sa mère effacée et n'a de cesse de répéter à son fils "tu connais ton père". Émile, pourtant, ne le connais pas vraiment. Il va tomber sous sa coupe, son père va l'enrôler dans l'OAS. Celui-ci ne va pas hésiter à le réveiller en pleine nuit pour faire des exercices, va lui demander de poster des lettres... Le but de tout ça : assassiner De Gaulle. Émile va prendre son rôle très à cœur, tant il souhaite se rapprocher de ce père qu'il ne connaît pas vraiment et dont il ne sait même pas quelle est la profession...
"Profession du père" est le premier livre que je lis de Sorj Chalandon, je ne suis pas tenté à en lire un deuxieme.
Certes, c'est un livre qui pourrait être poignant et peut parfois être difficile à lire. On se rend très vite compte que ce père est néfaste pour Émile. Il lui fait faire des choses qu'un enfant de 12 ans ne devrait pas avoir à faire. Et pourtant, Émile a une confiance aveugle en lui. Et ce, malgré les coups qu'il reçoit, malgré la violence, la folie, les mensonges, de ce père. Complètement, sous sa coupe, par mimétisme, aussi, il va à son tour enrôler un camarade de sa classe. La mère, elle, sera dans le déni du début à la fin. Complètement passive, soumise à ce mari tyrannique. Parait-il c'est vraiment ce qu'a vécu Sorj Chalandon dans son enfance. Malgré tout, aucune accusation n'est faite à l'encontre de ce père. Sorj Chalandon nous raconte ce qui est arrivé à travers le personnage d’Émile, sans pour autant porter de jugement sur ce père névrosé, sans lui en vouloir, sans ressentiment.
Alors qu'est-ce qui n'est pas passé ? D'abord j'étais pas prévenue que ce livre était en quelque sorte autobiographique et j'ai mes periodes pour cela ...Le coté OAS ne m'a pas plu non plus (peut-être trop "jeune" pour cela) , cote souffrance par les parents en livre j'ai lu pire ... En vrai, je n'ai pas vécu mieux ... C'est pour cela que j'aime voyager quand je lis et ne pas me retrouver dans une triste réalité ... La conclusion (rien de neuf) : oui, tout enfant croit ses parents, tout enfant pendant des années même s'il en souffre essaye de trouver approbation et amour de leur part et puis on grandit, on essaye de s'extirper de leur griffe en partant loin d'eux (car etant nos parents ils ont souvent emprise sur nous meme adulte ...) ...bien souvent ... De là à revenir, à pardonner chacun fera selon son... caractère ...
Un livre plein d'émotions, une écriture pudique, où comment grandir entre un père fou et une mère faible. Exceptionnel
Je termine l’année avec un livre totalement bouleversant.
Le père de Sorj est en filigrane dans ses romans précédents, dans celui-ci il en est le « héros ». Un rôle qui lui va à merveille, lui, l’homme aux mille histoires, plus folles les unes que les autres.
Un homme qui pour vivre à sa hauteur, celle de son importance, de son omnipotence a fait table rase de la vie. Une vie trop ordinaire pour lui qui ne franchira jamais le seuil de leur porte. Une vie en vase clos pour mieux asseoir son autorité, son pouvoir, facile face à une femme effacée et à un fils qui ne voudrait que lui plaire.
Ce fils qui est le punching-ball des désillusions du père…
Un mythomane qui n’a jamais le bon costume dans la vie car il n’est pas reconnu. La preuve, chaque année le gamin ne sait pas quoi inscrire dans la case profession du père, jusqu’au jour où dans un souffle la mère finit par soumettre un « sans » presque salvateur. Car oui ce père a brillé dans mille et une fonctions et comme il est trop gentil, on lui a tout volé, ses idées, ses brillantes actions, etc.
L’auteur, avec la délicatesse qui le caractérise, nous conte la violence ordinaire.
Cette simple phrase dit tout : « Tu me dégoûtes, avait vomi mon père un jour de mauvaises notes. »
L’enfant extériorise par des crises d’asthme auxquelles tout le monde s’habitue.
La mère, elle, préfère nier la situation jusqu’à l’ultime moment :
« – Vous voulez dire que votre mari n’a jamais été suivi pour des problèmes de comportement ?
– Ah ! mais non ! Jamais, jamais, a répliqué ma mère avec fierté.
– […] Et c’est quoi cette histoire ? Tu étais malheureux quand tu étais enfant ? »
C’est un livre sombre et lumineux, un oxymore de 316 pages.
Si l’auteur nous raconte la violence il livre surtout le désarroi et l’incompréhension de ne pas avoir été un enfant protégé par sa mère. Une mère porte son enfant, elle l’élève, le protège, en principe.
Cet enfant s’est bâti contre cette violence, il s’est érigé contre cette indifférence pour devenir l’homme qu’il est, non un survivant, mais un « vivant ».
Devant le cercueil de ce père que peut-il ressentir ? Il s’y trouve seul avec sa mère, cette complice de son malheur par son aveuglement, par sa façon de détourner les yeux, de laisser toujours faire…
L’enfance volée, l’absence de socle pour tenir debout, l’absence d’amour, voilà ce qui restera au plus profond.
Car le deuil, il a été fait du vivant des parents, le jour où ils l’ont mis à la porte sans savoir ce qu’il deviendrait. Un deuil au fil de l’eau, car à chaque événement, comme la naissance de l’enfant, il y a cette illusion de faire comme si, il avait des parents normaux, désillusion immédiate, ce ne sont que deux fantômes repliés sur eux-mêmes. Rien ni personne ne peut transpercer cette carapace.
L’autobiographie est là mélangée à la fiction, avec délicatesse et poésie. Cela lui permet de ne pas être dans le jugement, de ne pas perdre sa vie en rancœur ni vengeance, mais un jour il faut faire le constat, car c’est une enfance qui de façon indélébile rend différent. Un adulte qui sera toujours plus sensible, qui s’interrogera plus souvent sur sa place dans la vie. Une fragilité qui sera aussi sa marque, sa force.
Sorj Chalandon a fait profession de « réparer les âmes malades » avec ses mots et il y réussit avec une humanité rare.
©Chantal Lafon-Litteratum Amor 30 décembre 2019.
Un délire d'adulte avec les mots d'un enfant.
Émile, jeune collégien, remplit tous les ans le formulaire demandė à la rentrée. Profession du père : chanteur, footballeur, parachutiste, espion, pasteur...Conseiller du Général de Gaulle, jusqu'en 1958, jour où le Général l'a trahi. Alors ce père annonce à Émile qu'il va tuer de Gaulle, et lui demande de l'aider. Une bien lourde tâche pour Émile. Un roman délirant, tout en pudeur, émouvant.
Un gros coup de cœur pour ce livre qui nous prend progressivement comme témoin de la folie d'un père et du déni de la mère. Ce livre nous émeut, nous choque parfois. Un livre qu'on n'oublie pas. Je le conseille vivement!
Un livre dur, qui dépeint les relations d'un père mythomane et parano, à la limite de la folie, avec son jeune fils. Violent et tyrannique avec sa femme et son enfant, entrainant celui-ci dans ces délires de persécution, au point d'en arriver à le rendre presque fou. Un enfant balloté entre une mère démissionnaire qui se voile la face et un père bipolaire qui n'a de cesse que de le détruire petit à petit, lui enlevant son enfance, à coup de poing et de ceinture. L'auteur décrit avec force le calvaire subit par cet enfant tiraillé par un conflit de loyauté, en voulant croire à ce père qui a eu mille métiers et qui a rencontré les plus grands de ce monde, à commencer par le grand Charles de Gaulle, ami de guerre, et une mère qui n'a jamais osé se rebeller face à ce mari sombre et destructeur. Je découvre cet auteur avec un roman difficile mais émouvant, je suis prête à me jeter sur ses premières œuvres.
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