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Elle aurait voulu être une bête, au moins ça aurait été clair. Elle est juste professeur de la vie et de la terre, mais il n'y a plus de vie il n'y a plus de terre sous ses pieds quand son amant part. Alors au collège, elle n'y va pas. Qu'est-ce qu'elle enseignerait, hein ? Son corps enseignant, il est ici. Son intelligence, sa patience, son savoir, tout pourrit sans caresse. Elle se racornit comme les feuilles de certaines plantes quand elles manquent d'eau. Elle peut juste attendre qu'il revienne ou qu'elle reparte le voir. Toute la vie suspendue dans l'intervalle. Sans son corps, elle ne peut pas enseigner. C'est comme ça. Le corps peut manquer à l'appel.
D'une écriture incisive et empathique, Jeanne Benameur brosse le portrait de tous les acteurs d'un collège de banlieue avant les émeutes, questionnant leur présence vive. Avec émotion, elle débusque les symboliques occultées du monde scolaire et les drames intimes de chacun : une brèche s'ouvre pour une pédagogie à rebours de tous les tabous.
Une histoire qui se passe dans un collège de banlieue.
J'avoue avoir été un peu déçue au début.
Mais c'était sans compter sur cette magicienne de Jeanne Benameur.
Elle nous ouvre les portes de ce collège, en cette fin d'année où a lieu le conseil d'orientation des 3èmes.
En nous livrant l'intime de certains professeurs et de certains élèves, elle soulève tout le malaise qui sévit dans l'éducation nationale.
Les profs râleurs à œillères, et ceux qui sont plus proches des élèves, qui ont compris qu'on fait fausse route.
Les élèves violents ou effacés.
Mais que cache cette violence ?
Que cache ce retrait ?
Être enseignant, c'est difficile, ce n'est pas donné à tout le monde.
Être élève peut se révéler un parcours du combattant.
Ne plus subir les réformes successives et partir de l'humain, des individus, comme le prône Laurence, cette formidable documentaliste.
Voilà qui redonnerait du sens, mais on est parti si loin qu'on ne sait pas recoller les morceaux .
Jeanne Benameur, avec tout son tact, toute sa bienveillance, toute son humanité dresse des portraits d'un réalisme saisissant.
Certains sont désespérément touchants, d'autres plus qu’antipathiques.
Elle constate un état de fait alarmant dans le milieu scolaire.
Les années passent, seize ans se sont écoulés depuis la parution de ce livre.
Que pourraient-on dire aujourd'hui ?
La même chose je pense.
Un collège de banlieue, des profs, un principal et...des élèves! Rien de plus normal. Sauf que Jeanne Benameur avec son écriture ciselée, rapide nous décrit si bien tous ces personnages qu'on a l'impression qu'ils sont là, à côté de nous. Le portrait d'une élève, taciturne, fragile m'a beaucoup émue...
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