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Le premier congrès sioniste tenu au Casino municipal de Bâle, en Suisse, du vendredi 29 août au dimanche 31 août 1897, est un événement historique. Les 204 participants, dont 162 délégués avec droit de vote (les femmes présentes n'avaient pas ce droit) y ont réalisé l'acte fondateur du mouvement qui débouchera, cinquante ans plus tard, sur la proclamation de l'État d'Israël. Cet acte, censé mettre fin aux souffrances des Juifs en Europe, qu'antisémites et sionistes s'accordent à considérer comme un peuple, ouvre un nouveau chapitre dans l'histoire et marque le début officiel des souffrances d'un autre peuple, celui de Palestine, qui voit ses droits naturels niés depuis 66 ans.
Les actes du congrès, intitulés "Protocole officiel" furent publiés à Vienne en 1898 et réédités à Prague en 1911.
Aussi incroyable que cela puisse paraître, il aura fallu attendre 116 ans pour que ce document historique soit accessible à un public francophone. Il n'était à ce jour disponible qu'en allemand et dans une traduction en hébreu parue en 1947.
Qu'avaient exactement en tête ces hommes ? La meilleure manière de le savoir est de lire leurs discours consignés dans ce protocole authentique, qui en disent beaucoup plus long que tous les faux protocoles. Voici par exemple ce que déclarait l'un des pionniers du congrès, l'écrivain autrichien Nathan Birnbaum, qui fut le premier à utiliser le mot "sionisme" :
"(...) nous ne voulons pas être des missionnaires culturels ou civilisationnels, nulle part, ni à l'Est, ni à l'Ouest. Mais nous ne pouvons qu'être doublement heureux que le choix de la Palestine nous offre une nouvelle occasion d'apporter notre contribution à l'humanité, et une fois de plus une contribution remarquable. Un peuple juif avec son État établi en Palestine ne se contentera pas en effet de concilier en son propre sein les éléments socio-éthiques et les éléments politico-esthétiques de l'européanité, mais au niveau international il pourra jouer entre l'Orient et l'Occident le médiateur que l'on cherche depuis si longtemps. Car s'il est un peuple qui en soit capable, c'est bien le peuple juif, qui associe à ses qualités héréditaires de peuple oriental son éducation européenne; et s'il est une base géographique appropriée à ce dessein, c'est bien la Palestine, proche de l'Europe, située sur le canal de Suez et station incontournable du chemin de fer vers les Indes.
(...) Si les sionistes se proposaient d'établir un foyer juif sur la lune, ou seulement au Pôle Nord, ce serait impossible. Ou, pour ne pas en rajouter, s'ils choisissaient la Chine, ou voulaient pour capitale Berlin, Paris, Londres ou Rome, nous aurions là une impossibilité historique. Car il est tout simplement exclu qu'une jeune civilisation encore faible chasse une civilisation ancienne et encore vigoureuse de ses villes les plus peuplées. En revanche il est très possible que dans un pays peu peuplé, qui abrite une culture ancienne mais en déclin, une autre, jeune et pleine d'avenir, et donc plus forte, puisse s'installer." (Premier congrès sioniste, Protocole officiel, p. 92)
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