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D'emblée on est saisi par la moiteur. Une atmosphère suintante et crépusculaire. Des corps usés macèrent dans les eaux des bains. Des mains jeunes et vigoureuses les massent, palpent, triturent, et font espérer une nouvelle jeunesse. Corps et décors d'un autre temps, peur de voir les chairs plisser, s'épaissir, s'éffondrer, se déliter. Insidieusement, une autre dimension s'immisce dans le récit : l'argent. Celui avec lequel on imagine pouvoir se racheter une jeunesse et posséder les corps et les vies de ceux qui sont à notre service. Se plonger dans Peaux Mortes c'est surtout se pénétrer d'une langue. Fabrice Agret nous entraîne dans des audaces linguistiques tout à fait singulières. Avec une étonnante maîtrise, il invente des mots, les triture et en ressort une mélopée pure et obsédante. Ainsi, dès la première scène, Marthe, la fille de bain, nous dit à propos d'un arbre mort qu'il "aurait bu la mauvaise eau que rigole la terre". Nous sommes prévenus, et l'on se demande vraiment si cette terre qui se vide de ses humeurs délétères ne pourrait plus abreuver aucunes racines. Racines végétales comme racines éthniques
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