Une sensible croissance agraire se manifeste en Dauphiné durant les deux siècles qui encadrent l'an mil. Les causes en sont multiples : amélioration du climat, arrêt des invasions sarrasines, instauration d'un ordre seigneurial, essor démographique fondé sur l'affermissement de la famille nucléaire, circulation monétaire plus active, mutations dans les modes de production agraire : le développement de la petite exploitation est porteur de croissance. Les indices apparaissent dans la multiplication des défrichements, un développement de cultures plus rentables (vigne, froment, chanvre), un progrès de l'artisanat rural et un renouveau commercial dans les campagnes qui connaissent aussi des modifications sensibles du dessin parcellaire et de la répartition de l'habitat. Enfin se font jour des mutations sociales. C'est à la fois la disparition complète de l'esclavage rural, et, parallèlement, la soumission de la quasi-totalité de la paysannerie à des taxes nouvelles et lourdes imposées par les seigneurs, qui multiplient mottes et châteaux et oppriment le monde des campagnes.
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