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Les dix dernières années de la vie de Nelly Sachs, de 1960 à 1970, auraient pu être simplement celles de la consécration. L'attribution du prix Nobel de littérature en 1966, la multiplication des traductions en langues étrangères, la parution des premières études importantes sur son oeuvre, sont alors autant de signes d'une large reconnaissance. Pourtant, les poèmes de cette période marquée par de nombreux séjours en hôpital psychiatrique comptent parmi les plus anxieux qu'elle ait écrits. Tendue à l'extrême, l'écriture y est plus que jamais le lieu d'un combat spirituel. La douleur de celle qui " cherche son bien-aimé et ne le trouve pas " (il s'agit toujours du " fiancé mort " disparu dans les camps de concentration, qui figurait au coeur de Dans les demeures de la mort) ne saurait connaître d'apaisement en ce monde : seule, sans doute, la poésie peut pressentir le " nouveau chemin " d'une " guérison " hors du temps, par-delà " l'inguérissable blessure de la vie ". Après deux livres brefs (Toute poussière abolie et La mort célèbre encore la vie), les Enigmes ardentes, composées de 1962 à 1966, sont le dernier recueil de grande ampleur achevé par Nelly Sachs. Après sa mort, ses amis suédois réuniront sous le titre Partage-toi, nuit les poèmes des quatre dernières années, les plus douloureux, les plus émouvants aussi. S'adressant à ses morts bien-aimés, Nelly Sachs y réaffirme, par-delà la souffrance, le sens de sa quête : chercher " la langue du pays natal/au commencement des paroles ".
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