"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Après un coup de tonnerre du destin, Édouard Cortès choisit de se réfugier au sommet d'un chêne, de prendre de la hauteur sur sa vie et notre époque effrénée. À presque quarante ans, il embrasse femme et enfants, supprime ses comptes sur les réseaux sociaux et s'enfonce dans une forêt du Périgord pour un voyage immobile. Là, dans une cabane construite de ses mains, il accomplit son rêve d'enfant : s'enforester, rompre avec ses chaînes, se transformer avec le chêne, boire à la sève des rameaux. Ce printemps en altitude et dans le silence des bois offre une lecture de la nature qui ne se trouve dans aucun guide ou encyclopédie. Le chêne si calme abrite un cabinet de curiosités et accorde pendant trois mois à l'homme perché une rêverie sous les houppiers et les étoiles. Il faut savoir parfois contempler une colonie de fourmis savourant le miellat, écouter un geai ou un couple de mésanges bleues, observer à la loupe des champignons et des lichens pour comprendre le tragique et la poésie de notre humanité. Afin de renouer avec l'enchantement et la clarté, l'homme-arbre doit couper certaines branches, s'alléger et se laisser traverser par la vie sauvage avec le stoïcisme du chêne.
En refermant ce livre, je ne sais pas si j’éprouve pour Edouard Cortès une profonde admiration ou une dévorante jalousie … Car il a osé faire ce qui me donne terriblement envie tout en m’effrayant en même temps : se mettre à l’écart du monde, rejoindre la nature dans une douce solitude. Pour se retrouver lui-même, pour retrouver un sens à la folie de l’existence. Pour renouer avec l’essentiel, pour se laisser ressourcer par la quiétude d’une forêt. Et tout ça loin de l’agitation permanente qui caractérise notre monde, dans une cabane qu’il a érigé de ses propres mains en haut d’un arbre : mon rêve d’enfance … Il en faut, de l’audace, pour tout quitter du jour au lendemain et passer une saison entière perché dans un chêne, avec pour seule compagnie quelques oiseaux ! De l’audace, où une forme de désespoir, de désarroi … Comme si le retour à la nature était son unique espoir.
Dans ce livre, il nous explique. Nous explique pourquoi il a ressenti cet appel de la forêt, pourquoi il a tourné le dos à son quotidien. Nous explique comment il a choisi le chêne qui sera son compagnon de quelques mois, comment il a construit son petit nid au cœur de la verdure. Nous explique ce qui l’habite, ce qu’il voit, ce qu’il sent, ce qu’il entend. Ce qu’il fait, ou plutôt ce qu’il ne fait pas. Car l’oisiveté a du bon : ce n’est qu’en cessant de courir dans tous les sens, d’abrutir notre cerveau en allumant continuellement télévision ou radio, que l’on peut se retrouver pleinement, seul avec soi-même, seul avec nos pensées propres. Seul avec nos sensations, qui sont les véritables portes sur le monde. Nous avons tellement l’habitude de nous retrancher derrière nos écrans que nous ne savons plus vraiment voir, écouter, sentir ce qui nous entoure … alors qu’il y a tant de choses à voir, écouter, sentir !
Car c’est finalement ce que j’ai préféré dans cet ouvrage : la façon dont l’auteur parle de la forêt, de nos forêts. Il en parle avec un amour, une douceur, un respect qui ne peut qu’émouvoir. Il nous dresse un portrait fabuleux de ces canopées qui nous entourent : il nous décrit la beauté des sous-bois, il nous relate les merveilleuses rencontres qu’on peut y faire, il nous explique l’ingéniosité de la nature qui forme un incroyable réseau autrement plus social que ceux qui pullulent dans notre vie quotidienne. Dans la forêt, tout est lié, intimement, profondément. Naturellement, en toute simplicité. Et c’est vraiment ce qui rend les forêts si fascinantes, si attirantes, si apaisantes aussi : entrer dans une forêt avec le cœur ouvert, c’est rejoindre cette harmonie délicate qui y règne. A condition de se détacher de cette propension humaine à vouloir tout contrôler, tout diriger, tout posséder.
A condition de se laisser accueillir par la forêt et tous ses habitants, de se faire humble devant cet écosystème qui n’a pas besoin de nous pour exister et à qui nous faisons tant de mal … Derrière ce témoignage, dans lequel l’auteur explique comment la forêt l’a aidé, l’a guéri, se cache finalement une déclaration d’amour à ces arbres, mais aussi une exhortation à prendre soin de ces forêts qui nous veulent tant de bien. C’est une invitation à quitter le béton pour renouer avec la terre : allons donc nous émerveiller de la danse nuptiale des oiseaux, des processions des fourmis, du bruissement des feuilles lorsque la brise souffle ! Réapprenons à vivre avec la nature plutôt que de l’enfermer dans des parcs « protégés » sans jamais aller la visiter ! Retrouvons la joie simple et sincère de cheminer dans une forêt, loin des tracas de ce monde, loin de la folie des hommes qui ne savent plus que se plaindre alors qu’il y a tant de beauté autour de nous !
En bref, vous l’aurez bien compris, c’est vraiment un très bel ouvrage que celui-ci : entre journal intime et carnet d’observation, il nous invite à renouer avec nos racines, à prendre exemple sur les arbres dont la sérénité n’a d’égale que la majesté. Il nous rappelle que ce n’est pas dans le virtuel que se trouve le salut, mais bien dans la réalité dans ce qu’elle a de plus simple : la nature, toujours fidèle au poste, et si souvent oubliée …
http://lesmotsetaientlivres.blogspot.com/2021/05/par-la-force-des-arbres-edouard-cortes.html
Édouard Cortès, déprimé à la quarantaine, a décidé de s’immerger au cœur de la forêt au lieu d’en finir avec la vie, avec cette vie qui ne lui correspond plus. Il s’est isolé du monde des Hommes pour rejoindre temporairement celui des arbres et de leurs habitants. Une connexion totale avec la nature dans une cabane construite au sein d’un chêne.
"Une vie qui cherche à respirer s’accommode mal du béton, du profit et du bruit. En nous urbanisant, nous avons tourné le dos aux futaies. Il y a tant de cathédrales en forêt. Se couper des arbres, c’est abattre des ciels en nous."
Avec beaucoup de poésie, il démontre que la beauté est dans l’infime et que se reconnecter au végétal et à l’animal permet de se recentrer sur l’essentiel. Ainsi, chevreuils, sangliers, oiseaux, insectes, feuillages, fleurs, lichens, mousses, ponctuent son quotidien, l’émerveillent et le réconcilient avec le monde du vivant. Et plus encore. L’homme se métamorphose, il s’enforeste. Ses repas ont le goût de la forêt, les rayons du soleil pénètrent son âme, la sève semble couler en lui.
"Plus j’habite la forêt, plus la faveur d’être au milieu de la vie m’habite."
Avec délicatesse, l’auteur nous invite à découvrir les trésors forestiers en sa compagnie. Il témoigne de la beauté de chaque élément de la nature. Elle est une télé qu’il n’est pas question d’éteindre. Elle est la vie.
De temps à autre, sa femme et ses deux filles font une incursion dans la cabane perchée. Ensemble, ils partagent alors une sobriété heureuse.
La simplicité est sauveuse et ce récit en est le bel exemple. J’ai beaucoup apprécié cette incursion au cœur de la canopée mais aussi tout ce que l’homme a pu en retirer, tout ce qu’il a pu apprendre sur lui-même. Le bonheur est lié aux choix que l’on fait, et force est de constater que l’auteur a su saisir la branche que la forêt lui a tendu.
Sur mon blog : https://ducalmelucette.wordpress.com/2021/02/16/lecture-par-la-force-des-arbres-edouard-cortes/
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