"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Un très beau portrait d'une femme solaire surpassant les épreuves de l'histoire du XXe siècle, une ode à la maternité et à la création en réponse aux logiques de la guerre et de la mort.
Elisabeth a 20 ans quand elle rencontre à Paris Werner, lieutenant-poète et peintre allemand. Mais la Première Guerre Mondiale éclate... Des décennies après, Elisabeth adresse une lettre à Werner, en réponse à celle, pleine d'idéal, qu'il lui avait envoyée du front juste avant de mourir. Elle y décrit ce que sa vie est devenue après leur rencontre et comment les épreuves ont fait d'elle une femme plusieurs fois aimante et aimée, traversée par le désir, le miracle de la maternité, la mort et l'absence.
Après Née contente à Oraibi, Bérengère Cournut nous offre avec Par-delà nos corps le destin d'une femme farouche, une ode à la vie.
Ayant adoré « De pierre et d’os » j’ai voulu lire d’autres romans de Bérangère Cournut. J’ai réservé celui-ci à la bibliothèque et je m’aperçois qu’il répond à un autre livre de Pierre Cendors, « Minuit en mon silence », également paru aux éditions du Tripode (que j’adore). J’ai tout de même commencé par celui de Bérangère Cournut n’ayant pas l’autre sous la main.
C’est dans un registre totalement différent que ce court livre m’a emportée. Il s’agit d’une lettre d’une femme française adressée à un homme allemand en 1939. Elle répond à sa lettre de 1914 qui se trouve être « Minuit en mon silence ».
Else et Werner ont été amants avant que la guerre éclate et les sépare. Dans sa longue lettre, elle lui raconte sa vie depuis, notamment la mort de son mari à la guerre, son errance sur le front et en Europe avant de retrouver l’amour et de devenir mère.
On ressent une mélancolie et les horreurs que la guerre a fait subir aux familles. Mais on sent aussi une femme passionnée, amoureuse, une ode à la vie. Un beau portrait de femme en somme, complété par une lettre de ses enfants à la fin du roman.
Je n’ai pas été gênée par le fait de ne pas avoir lu la lettre posthume de Werner en premier. Au contraire j’ai pu aisément imaginer leur histoire, évoquée avec talent par l’écrivaine.
L’écriture est magnifique, sensible et poétique. Cela me confirme que Bérangère Cournut fait partie de mes autrices chouchous. Maintenant je suis impatiente de lire la lettre de Werner écrite par Pierre Cendors et de prolonger cette merveilleuse lecture.
Le geste créateur à l'origine de ce court roman est superbe ! Bérangère Cournut a choisi de répondre à son confrère Pierre Cendors qui a fait de son Minuit en mon silence la lettre posthume d'un soldat allemand en septembre 1914 à Elisabeth, une jeune Française mariée rencontrée à Paris quelques mois auparavant. Par-delà nos corps est donc la réponse d'Elisabeth vingt-cinq plus tard, elle a 45 ans, elle a été veuve, s'est remariée, a enfanté par deux fois, a beaucoup aimé.
Durant toute ma lecture, j'ai été en totale osmose avec les mots qui s'offraient à moi, comme un cadeau. L'écriture de l'auteure est magnifiquement ciselée, souvent poétique, convoquant tous les sens pour dire le transport amoureux. Car tout tourne autour de cela, l'amour ou comment une expérience amoureuse, même très courte, même non consommée, énigmatique n'importe comment, peut se muer en aventure fondamentale qui habite l'intimité d'un être à vie, et même après, par-delà les corps. le texte devient un écrin qui célèbre l'amour comme une puissance créatrice donnant l'énergie de vivre, comme une puissance consolatrice gardienne de l'âme de l'aimé.e. La narratrice en devient lumineuse et sereine lorsqu'elle avance dans la vie.
« Vous me l'avez dit à votre façon : l'amour est un récif planté en mer. Aussi inaccessible qu'inattaquable. D'une certaine manière, même si ce n'est pas la plus éclatante, nous avons réussi, vous et moi, à nous rencontrer, à nous aimer par-delà nos corps, la guerre et la mort. Vous êtes une goutte d'eau dans ma vie, et c'est cette goutte-là qui, au fil du temps, a étanché ma soif, ma fièvre et mon tourment. J'ai trouvé en vous une ombre bienfaisante, où le fracas et le silence coexistent en une même région retirée. »
Je pense que cette lecture a été d'autant plus forte que je n'avais pas lu la lettre de 1914 présentée dans le roman de Pierre Cendors, mon esprit bercé par la beauté des mots a pu vagabonder et combler toutes les allusions à sa guise. Il n'empêche que je viens de le commander chez mon libraire.
Une auteure délicate et sensible à découvrir, d'autant plus que la maison d'édition le Tripode l'a choisie comme unique étendard pour sa rentrée de septembre : ce sera avec de Pierre et d'Os qui conte les aventures d'une extraordinaire femme inuite.
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !