"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Miguel et Elena se rencontrent dans une résidence séniors à Tarifa. À court de temps, ils décident de s'épauler pour solder leurs comptes avec la vie et se jettent sur la route au volant d'une flamboyante Datsun de 1967. Direction Madrid, Barcelone et Malmö, en quête des vérités qui blessent et d'un amour qui tue.
Tanger, juillet 1955. Thelma, alcoolique depuis l’abandon d’Enrique (son mari) et incapable d’affronter la vie sans lui, décide de se suicider sur une plage marocaine, entrainant sa fille de onze ans, Helena, dans la mort. L’enfant résistera par pur instinct de survie …
Février 2014 à Séville. Miguel a soixante-quinze ans, est veuf et déplore que sa fille unique Natalia ne vienne pas le voir plus souvent. Quelques signes précurseurs (et un malaise qui l’a conduit dernièrement à l’hôpital) viennent hélas de lui confirmer ce qu’il appréhendait : comme sa mère avant lui, il est atteint d’un début d’Alzheimer … Vivre seul va alors devenir compliqué …
Helena – elle – est à présent âgée de soixante-dix ans et réside à Tarifa, dans une maison pour troisième âge (où elle fume et boit en cachette) et n’a qu’un seul ami : Marquès, un homme de petite taille de quatre-vingts ans. Elle ne « voit » son fils David (qui vit à Malmö en Suède, avec femme et enfants) que le jeudi (quelques misérables minutes) sur Skype …
Miguel et Helena vont se rencontrer dans cette pension pour personne âgées de Tarifa et sympathiser rapidement, avant de prendre la poudre d’escampette, sur les routes d’Europe, chacun rêvant de renouer avec son propre enfant (et les fils de son passé …) Ainsi, nous les suivrons au Maroc, en Espagne, jusqu’en Suède, où nous ferons la connaissance d’un bon nombre de protagonistes, lâches pour certains, touchants ou répugnants pour d’autres … Où nous traverserons, à travers des années (présentes et passées) leurs souvenirs, amours et tragédies …
Beaucoup, beaucoup de justesse dans les réflexions philosophiques et l’analyse des sentiments humains de l’auteur – comme toujours d’ailleurs ! Magnifique roman de Víctor del Árbol qui ne me déçoit jamais ! Une fois encore, c’est un gros coup de coeur !
Lorsque l’on se lance dans un livre de Victor Del Arbol, on sait qu’on ne va pas s’amuser. On sait qu’on va s’attaquer à du sérieux. Non pas qu’il n’y ait pas d’humour dans ses livres, mais les thèmes qu’il aborde sont souvent sombres et graves.
Pour cette nouvelle histoire, il s’intéresse aux destins de deux individus vieillissants qui vont se retrouver dans une maison de retraite. Comme d’habitude, l’auteur mise sur la personnalité de ses personnages pour construire une aventure passionnante. En effet, ils sont ce qu’ils sont, avec leurs qualités mais aussi avec leurs défauts. Ils sont tous traités avec nuances. Cette manière non caricaturale de présenter ces protagonistes apporte une certaine vérité à leurs rapports.
Helena et Miguel porte chacun leur passé dramatique avec eux. Ils doivent se débrouiller avec tous les obstacles que la vie à mis sur leur route et ses conséquences. Leur caractère est dicté par les drames qu’ils ont vécus. Avec leur aventure, différents sujets sont développés. On y parle de la guerre civile espagnole, de la maltraitance domestique, de l’homosexualité, de la folie, de la vieillesse… Des sujets personnels et parfois tabous mais qui sont traités avec une justesse et délicatesse à fleur de peau.
Victor Del Arbol pousse son talent au paroxysme avec ce roman d’une grande densité émotionnelle. Ses deux acteurs principaux déclenchent une empathie folle. On est immergés dans leur dernière quête et on les suit sans hésitation dans leur road trip existentiel. Malgré le destin qui semble s’acharner sur eux, Helena et Miguel nous emportent dans leurs joies et leurs espoirs, de manière bouleversante.
« Par-delà la pluie » est un roman touchant, débordant d’humanité, qui, dans le même temps, vous tirera des larmes, vous serrera le cœur et vous le réchauffera. C’est du noir que viendra la lumière !
http://leslivresdek79.com/2019/06/20/victor-del-arbol-par-dela-la-pluie/
MAISON DE retraite à Tarifa, extreme sud de la peninsule iberique, un pensionnaire met fin à ses jours. Pour Helena et Miguel, c est une prise de conscience, un début d un road trip pour ces deux septuagenaires en quete de verite. Au volant d une flamboyante Datsun, ils prennent la route direction Malmo en suéde. Les chemins se melent et s entrecroisent. Parce que on ne peut passer ses journees a ramasser les miettes de ses échecs, les personnages avancent et dessinent une histoire sur le sens de l amour et de la résilience
l auteur catalan victor del Arbol signe un roman noir et subtil, violent mais jamais sombre
"- Tout le monde n'éprouve pas le besoin de fuir le présent. / - Détrompe-toi, nous fuyons toujours. La différence, ce qui fait de nous des vieux, c'est que nous fuyons en arrière, alors que les jeunes fuient vers l'avant".
Il y a quelques années, j'avais lu La tristesse du samouraï, premier roman publié en France de Victor del Arbol, qui lui a apporté le succès (mérité) et la notoriété. Un roman profondément triste, dur mais d'une incroyable densité, révélant les horreurs de la guerre civile espagnole à travers les échos de cette période des décennies plus tard. Je me souviens en avoir admiré la dextérité de la construction. Pourtant, j'étais réticente à replonger dans son univers, très noir à mon goût. Le thème de Par-delà la pluie m'a semblé plus abordable, moins désespéré, et une rencontre en librairie avec l'auteur a fini de me convaincre. Bonne pioche ! Ce roman est superbe, non pas pour sa facette polar qui sert simplement de prétexte. Non, il est superbe pour le regard que l'auteur porte sur la vie, le temps qui passe et les échéances qui se précisent avec leur cohorte de regrets, de remords, d'envies de se retourner sur son passé et de besoin de réconciliation.
C'est avant tout l'histoire d'une rencontre, une vraie. Entre deux êtres au crépuscule de leur vie, plus proches du renoncement que du nouveau départ. D'ailleurs, ils se rencontrent dans une maison de retraite, près de la mer, à Tarifa. Miguel se sait condamné à moyenne échéance par une dégénérescence neurologique qui lui cause déjà parfois quelques absences. C'est un homme habitué à tout planifier, ancien directeur de banque à la vie sans surprise. Sauf une fois, une aventure d'un week-end qu'il n'a jamais oubliée. Il s'est résolu à regarder les heures passer, loin de sa fille Natalia qui, à quarante ans s'apprête à devenir mère mais dont la relation amoureuse est empreinte de violence. De son côté, Héléna est une femme encore belle, imprévisible et indépendante. Pourtant hantée par quelques fantômes du passé qui jalonnent sa route, depuis l'enfance jusqu'à son mariage. Ces deux solitaires qui sont l'exact contraire l'un de l'autre vont ainsi s'attirer, se lier, se chamailler avant de décider finalement de ne pas s'enterrer dans ce mouroir et tenter de se réconcilier avec leur passé. Pour Héléna, l'objectif est Malmö en Suède où vit son fils qu'elle n'a pas revu depuis des années. Pour Miguel, il s'agit de retrouver cette fameuse Carmen, et de sauver sa fille des griffes de l'homme qui la tient sous son emprise. C'est donc parti pour un road-movie à bord de la vieille voiture de Miguel qui a trop peur de l'avion...
Pendant ce voyage, bien sûr, le passé des protagonistes se fait jour et éclaire petit à petit leur situation actuelle. La période de la guerre civile espagnole qui concernait leurs parents et grands-parents, avec des incidences dramatiques sur les vies des uns et des autres. On chemine entre Tanger, Londres, Barcelone et Malmö dans une traversée de l'Europe qui éclaire aussi les parcours de nombre de réfugiés. Au contact l'un de l'autre, Héléna et Miguel évoluent et laissent libre cours à des sentiments longtemps enfouis et qui impactent depuis toujours la relation avec leurs enfants respectifs. L'auteur parvient à donner à son traitement du thème de la transmission et du traumatisme un caractère universel, faisant le lien entre les conséquences des événements historiques dramatiques et les bouleversements des destins personnels. Et étend ses ramifications bien au-delà des frontières pour livrer un roman foisonnant sur le poids écrasant du passé.
Il se pourrait que Miguel et Helena figurent l'un des couples les plus émouvants de la littérature contemporaine, avec leurs rides, leurs bleus à l'âme, leurs esprits trop pleins de douleurs et leur proximité avec le vide qui influence leurs décisions. J'ai aimé cheminer avec eux, m'interroger, m'émouvoir aussi au milieu de la violence du monde et de la précarité des destins soumis à la vacuité de minables desseins criminels. J'ai aimé ce supplément d'âme offert par un écrivain inspiré.
(chronique publiée sur mon blog : motspourmots.fr)
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Je vais donc devoir me plonger dans mon futur univers : la maison de retraite... Je ne sais résister à ton commentaire !