"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'un combat le mal par le Mal, l'autre par la Loi. Lequel élucidera la mort de cette jeune journaliste qui se battait pour les femmes ? Paris, été 2010. Une journaliste, Emma Loury, est retrouvée sauvagement assassinée chez elle, éventrée à coups de machette. Son amant, un officier du 1er RPIMA qui a perdu pied depuis l'Afghanistan, fuit devant la police. Le coupable idéal. Le commissaire Marsac se plonge dans cette enquête avec férocité : de l'avis de tous la jeune Emma Loury était une personnalité solaire, une excellente journaliste indépendante, engagée, appréciée pour la qualité de ses recherches.
Ses articles parlaient de la traite des êtres humains à travers le monde, de la prostitution nigériane à Paris, des Baby Killers de Palerme ou du business des filles de l'Est en Europe. Emma devait aimer les causes perdues, se dit Marsac. Et dangereuses, quand on les approchait trop de la lumière. Peut-être la raison de sa mort est-elle là. Peut-être n'est-ce pas l'amant militaire le tueur. Mais alors pourquoi a-t-il fui? Jérôme Pieaud a fui parce qu'Emma était toute sa vie, le seul fil qui le rattachait à ce monde qu'il ne comprend plus depuis l'Afghanistan.
Il a fui parce qu'il veut retrouver l'assassin d'Emma, et le massacrer comme il l'a massacrée. Il a fui aussi parce qu'il est malade, plongé dans un syndrome post-traumatique, et qu'il est au bord de la folie. S'engage alors une double chasse à l'homme dans un Paris en proie aux trafiquants, qui oscille entre secrets, faux-semblants, paranoïa et délire de toute-puissance. Un roman remarquable sur Paris la nuit, où dans certains quartiers, errent et s'éteignent des vies brisées, nées des rêves de liberté.
Oublier nos promesses est une belle preuve qu’Elsa Roch tient toutes ses promesses.
Pour son second roman, Elsa donne le ton dès le prologue. On effleure ceux qui vivent sur le commerce des plus faibles. On s’éloigne du polar rural de Ce Qui se Dit la Nuit pour plonger dans un décor diamétralement opposé. Paris. Un Paris au mois d’aout, chaud poisseux, sombre, noir, sordide. Puis elle embraye sur la mort d’Emma Loury, une jeune journaliste engagée et indépendante. Un assassinat sauvage, cruel, à son domicile. Le commissaire Marsac, chef de groupe du 36, est en charge de l’enquête avec son équipe.
Une des forces d’Elsa, est sans conteste, de réussir à dresser le côté psychologique de ses personnages. Elsa aime ses personnages. Elle les cisèle, les forme, les pétris. Psychologiquement, ils sont détaillés, profonds. Parfois attachants, parfois repoussants, ils promènent avec eux, leurs espoirs abandonnés, leurs failles béantes. Ses personnages sont hantés. Nombreux sont ceux qui trimbalent avec eux leurs traumas. Leurs quotidiens sont faits de cauchemars, d’une violence parfois visible, souvent sous-tendue. Par leurs entremises, ce polar devient noir et fort.
Emma était passionnée. Elle enquêtait sur les causes perdues, la prostitution nigériane, celle des filles de l’Est. Amaury Marsac est un homme brisé par un drame familial. Nous l’avons connu avec Ce Qui se Dit la Nuit. Sa vie privée reste à la dérive, dans une attente morbide. A ses côtés, nous trouvons le capitaine Marc Raimbauld. Abandonné à la naissance, il s'est forgé autour d’un besoin d’appartenance à une grande famille telle que la Police, un besoin chevillé à un corps de 1,90 mètre et 100 kilos. De l’autre côté, il y a Jérôme Pieaud. Lui a le son des kalachnikovs qui raisonne en lui. Né de parents inconnus, placé de la DDASS, après un lycée militaire, il enchaîne les succès, jusqu’à devenir capitaine. Sous le képi, il a rejoint le 1er RPIMa, les forces spéciales et a enchainé les opérations extérieures. À son retour, il est muté à Paris mais présente tous les signes d’un SPT, syndrome de stress post-traumatique. Jérôme est le petit ami d'Emma. C'est un coupable trop idéal.
Entre Marsac et Pieaud commence une traque dans Paris, parmi ses quartiers chauds et ceux qui s’y repaissent, sauvages, âpres aux gains, sans pitié. C’est à celui des deux limiers qui réussira le premier à mettre la main sur celui ou ceux qui ont éventré Emma.
Ce second opus tient la route. Il a du corps et une âme. Nous sommes loin des polars fleurant la testostérone et le muscle saillant, loin des thrillers vifs cavalant après les cliffhangers. Elsa nous sert de beaux épigraphes qui donnent de la hauteur à chaque chapitre. Sous une écriture toujours fine et soignée à travers laquelle parfois vient poindre une certaine poésie, Oublier nos promesses, parle d’humanité. Plutôt de son absence. Elsa est douée pour cela. Elle décortique ce que l’homme sait faire de pire, ce qui le perturbe... ou non. L’exploitation sans pitié des plus faibles. Dans une atmosphère sombre, à la brutalité évidente, jusqu’à un twist final(mais chut), des thématiques se dégagent avec vigueur, le STP, la traite des êtres humains, la misère exploitée et ceux qui s’en délectent.
Reste la résilience qui fait partie de tout un chacun. Lorsque l’on cite Hugo ou Prévert, elle n’est jamais bien loin.
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