Encore plus de livres à rattraper ou à offrir en cette fin d'année !
Sylvain est orchidéiste. Chaque jour, il prend soin de ses fleurs pour une clientèle exigeante. Des orchidées, il sait tout : la symbolique, l'aventure de leur découverte et les ravages sur la nature de leur commercialisation massive. Aujourd'hui, il aimerait céder sa boutique. Mais dans sa famille, une dynastie d'industriels lorrains, on n'a pas su comment transmettre. Alors, pour mieux habiter l'avenir, Sylvain répare les racines abîmées du passé.
Encore plus de livres à rattraper ou à offrir en cette fin d'année !
Sylvain et la fleur aux trente mille espèces
Vidya Narine réussit son entrée en littérature avec ce roman étonnant, retraçant le parcours d’un orchidéiste. Sylvain va nous raconter l’histoire étonnante de ces fleurs et passer ainsi de ses secrets intimes à la mondialisation.
Racine, sève et pollen. Ce sont les trois parties qui divisent ce premier roman et qui donnent au lecteur le programme qui les attend. Dans la première partie, on découvre Sylvain, l'orchidéiste du titre, et son histoire, ses racines. Il est le petit-fils d'une famille lorraine qui a fait fortune dans le charbon et l'acier. Puis, elle continué à prospérer, ayant su se diversifier avant que les gueules noires ne raccrochent définitivement leur équipement dans la salle des pendus. Mais il n’a pas envie du costume-cravate et des conseils d’administration. En rendant visite à son frère, installé à Paris, il découvre une petite boutique spécialisée dans les orchidées.
Découverte providentielle pour le jeune homme qui, après des études en botanique, cherchait sa voie. Désormais sa vie se déroule aux côtés de Yannick, le propriétaire. Il va lui raconter comment il a créé cette boutique, formé par Vacherot & Lecoufle, les pionniers de l'orchidée française. Même si cette entreprise est déjà sur le déclin, ne pouvant rivaliser avec les nouvelles serres hollandaises, allemandes ou asiatiques. Yannick a pu profiter de leur savoir et de leur savoir-faire pour apprendre «tout ce qu’il sait de la fleur aux trente mille espèces. Il est passé maître dans l’art de l’hybridation en calquant ses gestes sur ceux du discret Philippe Lecoufle, cachemires gris et lunettes rondes, qui repiquait déjà des plants à l’âge de six ans sous l'œil sévère de Maurice Vacherot. Longtemps, Yannick a admiré l'étendue encyclopédique de ses connaissances, l'honnêteté avec laquelle il séduisait les organisateurs de salons, son style de management direct et doux.» Désormais, il peut à son tour transmettre ses connaissances à Sylvain, qui va prendre sa succession. Le nouveau patron efface la particule de son nom pour inscrire «Sylvain Dubois» au fronton de son magasin, car il a compris qu’« il ne faut jamais avoir l’air aussi riche que les riches quand on veut leur vendre quelque chose ». Sylvain travaille d'arrache-pied, ne compte pas ses heures et parvient à conserver, voire à élargir sa clientèle. «Pendant quinze ans, j’ai marché entre les orchidées, mon jardin. En suivant ce chemin pavé de mille nuances, ce tapis de velours, je suis entré dans les plus belles maisons de Paris, mon intérieur. J'y ai pris mes quartiers d’hiver et mes quartiers d’été, j'y ai admiré les nymphéas de Monet, les oliveraies de Van Gogh et les calanques de Signac dans des salons privés. L’orchidée est l’accessoire des privilégiés. Ma boutique, installée à l’exact croisement des arrondissements les plus aisés de la capitale, est leur P.M.U., leur bureau de tabac.»
Racines familiales donc, mais aussi racines végétales, celles de cette plante dont on va découvrir l'incroyable histoire, de sa découverte à son expansion mondiale, car cette fleur s'établit vite comme un signe extérieur de richesse. «Les firmes créent des emplois, leurs succursales débordent de dizaines de milliers de plantes, parfois toutes d’une même espèce, tel le plumage entier d’un oiseau qu'on aurait arraché à son nid, traîné au bout d’un sentier entre des arbres abattus. Les écorces craquent, les xylophages s’agitent, l'herbe est une flaque de sève, d'hémolymphe et de nectar. Avant de lever l'ancre, les chasseurs brûlent les plants qu'ils n’ont pas la place de rapporter, ça flambe aussi fort que du kérosène. Derrière eux, en Amérique du Sud, en Asie, gisent des sols auxquels on a fait la guerre. Cap sur l'Europe.»
La sève, la seconde partie du roman, sera consacrée à la chronique des années passées dans la boutique, des rencontres marquantes et souvent décevantes avec des clients aussi fortunés qu'incultes, mais aussi avec quelques passionnés et avec l'amour.
Puis viendra le temps du mal de dos récurrent, de l'usure, de ce bilan difficile: «Ce jardin est parfaitement entretenu, il sent bon, mais je m'y suis perdu, je ne saurais dire quand exactement.»
Alors il faudra songer à passer la main. À semer à son tour. C'est le pollen. Mais il reste cette malédiction familiale, cette blessure intime, l’impossibilité de dire, de transmettre, surtout depuis qu’il vit avec blessure, son père s’étant donné la mort. Un deuil impossible à faire. Vidya Narine réussit admirablement ce grand écart entre l’intime et la mondialisation, entre belles surprises et terribles désillusions.
NB. Tout d'abord, un grand merci pour m'avoir lu jusqu’ici! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre. Vous découvrirez aussi mon «Grand Guide de la rentrée littéraire 2024». Enfin, en vous y abonnant, vous serez informé de la parution de toutes mes chroniques.
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Un premier roman chez les Avrils pour cette rentrée littéraire.
Sylvain n’est pas fleuriste, il est orchidéiste. Les orchidées sont des plantes qui demandent des soins particuliers, tout comme ses clients.
Ce roman mêle des notions pointues de botanique à une histoire familiale d’industriels lorrains. Deux mondes complètement opposés qui sont les racines de Sylvain.
J’ai aimé l’originalité du sujet de ce roman et la manière dont il est traité. On apprend à chaque page, on se divertit d’anecdotes hallucinantes, on voit Sylvain évoluer, se poser des questions sur sa vie et son avenir.
Il est question aussi de filiation dans ce roman, d’héritage et de racines.
J’ai beaucoup aimé cet attachement aux plantes et la sensibilité du personnage de Sylvain.
Un roman d’une grande originalité qui vous fera regarder autrement les orchidées.
Un roman court et pourtant complexe où se mêle l'histoire de Sylvain, orchidéiste passionné qui forme son successeur, et l'histoire de l'orchidée, sa découverte, sa culture, son commerce. Ce fût agréable de passer de l'intime à la botanique. Pour ma part, j'ai préféré les passages sur Sylvain, sur son histoire personnellr, ce travail devenu passion, sur la transmission. Les moments consacrés à l'orchidée sont très intéressants mais très (trop pour la novice que je suis) érudits. Je continue à suivre les éditions Avril et je fais de belles découvertes. #NetGalley #LesAvrils
Orchidéiste, c’est le métier qu’exerce Sylvain pour des clients aisés et exigeants. Passionné, il connait absolument tout de cette plante. Mais c’est une passion dévorante, à laquelle il a beaucoup sacrifié. Et Sylvain aimerait passer la main et transmettre sa boutique, surtout que son dos le fait de plus en plus souffrir et qu’il sent bien qu’il est temps de se reposer.
Vidya Narine est, tout comme son personnage, incollable sur les orchidées. Leur origine, leur développement, leurs formes, leurs couleurs... et aussi sur un marché qui a considérablement évolué avec des fermes géantes capables de contrôler la production. Mais si l’auteure remonte aux origines de la plante, elle remonte aussi aux origines de l’orchidéiste.
Au fil du récit, on en apprend donc beaucoup sur Sylvain. Il est issu d’une famille bourgeoise avec laquelle son père a coupé les ponts car il ne voulait pas reprendre les rênes de l’entreprise familiale. Père qui s’est suicidé lorsque Sylvain était encore enfant. Une mort qui le hante encore de tout ce qu’il n’a pas partagé et vécu avec son père et qui surtout le fait se sentir coupable. C’est sur ce manque et sur cette culpabilité qu’il s’est construit, trouvant sans doute un père de substitution auprès de Yannick qui lui a transmis sa passion et sa boutique de fleurs.
Vidya Narine interroge ainsi notre besoin d’enracinement et le parallèle avec l’orchidée, plante qui ne pousse pas en terre mais sur d’autres plantes est ici intéressant. Mais l’orchidée lui sert aussi à nous poser la question de la surconsommation. Car cette plante, devenue tendance, doit être produite en grande quantité et selon des critères bien spécifiques alors que Sylvain est justement attaché à leur rareté et à leur diversité. Et c’est bien notre société de l’uniformisation qui est ici montrée du doigt.
En entremêlant ainsi toute l’histoire de l’orchidée, de sa découverte à sa surproduction, à celle de Sylvain, l’auteure nous interpelle sur la mondialisation et sur l’environnement tout en nous contant une histoire de deuil, de transmission et d’héritage.
Un premier roman fort réussi porté par une langue pleine de poésie. A découvrir.
Phalaenopsis, vanda corulea, cattleya ou paphropedilum, autant de noms élégants pour ces beautés hautaines que sont les orchidées. Elles existent depuis des millénaires et en compte plus de 30 000 espèces mais on les connaît finalement peu. Sylvain en est tombé amoureux, jusqu’à en faire son métier. Dans sa boutique du Palais Royal, il les bichonne, les rempote, les hybride et conseille à une clientèle sélect faite d’initiés, parfois, mais le plus souvent de fortunés, tant elle est devenue « l’accessoire des privilégiés », hautement instagrammable. Une plante qui aurait pu orner les couloirs des demeures de ses grands parents, riches industriels lorrains issus d’une dynastie de l’acier, mais son père, seul fils de la famille a tourné le dos à ce pesant héritage, coupant à vif le lien de la transmission, mais ne s’en remettant finalement jamais. C’est dans l’ombre de cette souffrance que grandira Sylvain, dans le deuil impossible de ce père tant aimé qu’il n’aura pas réussi à sauver et c’est dans les fleurs qu’il trouvera un apaisant refuge. Jusqu’au jour où la question de la transmission se posera pour lui, réveillant des douleurs enfouies mais toujours aussi vives.
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Les Avrils est décidément une maison d’édition surprenante qui jamais ne me déçoit. Bijou de délicatesse, ce court roman regorge de thématiques. A mi chemin entre le roman et le récit, il entremêle le destin de Sylvain à l’histoire de cette plante incroyable dans un écheveau qui m’a fait penser aux entrelacs de racines des orchidées. Avec mille détails, @vidya.anna.xuan ,que l’on sent passionnée, nous conte la complexité de la naissance de ces plantes épiphytes, la saga de leur découverte, l’industrialisation de leur négoce, la singularité de ses clients. Même en n’y connaissant rien c’est passionnant et on se laisse happer par la majesté de ces fleurs envoûtantes. Mais avec beaucoup de délicatesse, elle nous brosse surtout le portrait d’un homme sensible et doux qui s’est isolé de la vie dans son îlot de verdure. Un homme qui s’est construit seul, à qui l’on n’a transmis que des regrets, et qui doit composer avec un futur qu’il appréhende et redoute. Qu’elle est compliquée pour lui cette transmission, que ce soit celle de son savoir ou de son patrimoine. Un homme enfermé dans le deuil aussi, d’une fragilité bouleversante. C’est enfin un regard critique sur les dégâts que l’on impose à notre planète, sur la course aux profits, sur les faux semblants et la société de l’image, un regard acide et pourtant jamais moralisateur.
Un livre tendre et poétique, érudit et passionnant, à lire lentement pour réfléchir à tous ses messages, à savourer pour s’emplir de beauté. Au croisement de l’intime et de la botanique, une bien jolie pépite de cette rentrée.
Pendant la lecture de ce premier roman, si vous avez dans votre appartement, des orchidées, vous ne les regarderez plus pareil et vous aurez même envie de leur parler, ou de leur faire écouter de la musique.
Sylvain Dubois (tiens tiens un prénom et un nom en relation avec la nature, le prénom signifie « être des bois, des champs, de la forêt », il vient de silva qui veut dire « forêt » en latin et de ulai en grec., est ce un hasard ??!!!) a décidé de ne pas prendre la suite des hommes de sa famille, comme son père et après un CAP en horticulture, il est embauché un peu par hasard chez un orchidéiste (eh oui, cela existe). Sa famille paternelle est issue d'une famille lorraine qui a fait fortune dans l'acier, mais comme son père, il s'est éloigné de cet univers industriel, capitalistique et il a même abandonné sa particule.
L'auteure va nous raconter l'histoire des orchidées, il en existerait 30 000 espèces, et cette fleur, délicate, fragile, précieuse va devenir une "fleur de supermarché", par le fait du capitalisme. Certaines espèces sont encore précieuses et coûtent très chères. Certaines cultures intensives vont transformer des terrains dans certains pays.
J'ai beaucoup appris sur cette espèce, son histoire, sa découverte, l'évolution du marché des fleurs (des entreprises traditionnelles, comme Vacherot et Lecoufle, aux géants vendeurs de fleurs comme Ter Laak).
C'est aussi le portrait de Sylvain, qui nous raconte on métier, sa volonté de vouloir transmettre son savoir, ses relations avec ses clients (il y a de touchants portraits de certains clients, qui vont permettre à l'auteure de nous parler de l'actualité : César, qui à chaque retour de mission vient acheter une orchidée à son épouse, Lina, une riche russe; qui quand elle vient à Paris envoie son majordome récupérer des orchidées, son apprenti et leur voyage vers la Hollande pour récupérer des fleurs et à qui il aurait tant aimé transmettre sa boutique, sa dame de cœur, Emmanuelle avec qui il va partir en Guadeloupe...).
Une belle écriture poétique nous entraîne donc dans ce monde des orchidées ("avec un pistil en guise de clé pour envoyer des forces aux extrémités de pétales, et grâce auquel tout l'édifice se tient. des araignées d'ivoire au galop sur leurs hampes, doués de volonté, d'instinct ou de désir (p18) - "avec sa gueule de sexe béant maquillé comme un camion volé, plus racoleuse qu'un masque de carnaval" (p18) "chaque orchidée est un mystère, né d'un champignon (p29)) mais aussi dans la vie, dans les sentiments de Sylvain et son désir de trouver sa voie, ses racines.
Un premier roman très réussi, avec un univers, une belle écriture et qui nous apprend beaucoup de choses sur ce monde de l'orchidée (vous n'aurez peut être pas envie d'acheter le produit Guerlain, vous ne regarderez plus vos orchidées et les orchidées de "supermarché" de la même manière.
La prochaine fois qua vous offrez une orchidée, ajoutez y ce premier roman.
#Orchidéiste #NetGalleyFrance
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