"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Au seuil de la mort, Leonard Fife, célèbre documentariste, accepte une interview filmée que veut réaliser l'un de ses disciples, Malcolm. Fife a exigé le noir complet sur le plateau ainsi que la présence constante de sa femme, Emma, pour écouter ce qu'il a à dire, loin des attentes de Malcolm. Après une vie de mensonges, Fife entend lever le voile sur ses secrets mais, sous l'effet de l'aggravation rapide de son état, sa confession ne ressemble pas à ce que lui-même avait prévu. Puissant, écorché, bouleversant, ce roman testamentaire sur les formes mouvantes de la mémoire pose la question de ce qui subsiste - de soi, des autres - lorsqu'on a passé sa vie à se dérober.
Comme toujours une très belle écriture.
Mais, il y a un mais. Pourquoi une telle logorrhée de pessimisme, de fatalisme ? certainement parce qu'il l'a écrit dans les tous derniers mois de sa vie lorsqu'il était déjà très malade, et ceci doit expliquer cela. Je n'ose donc dévoiler ma déception que sur la pointe des pieds.
Je voulais juste dire que l'on connait et admire Russel Banks pour son vertigineux regard sur les vies, les peuples, le monde dans sa globalité. Il y parvenait presque toujours sans pour autant contenir autant d'affliction, de dépression, de désolation. J'ai juste envie de dire, dommage pour cette oeuvre-ci.
L'écriture reste d'une grande pureté à la hauteur de toute son oeuvre et c'est tout ce qui est à en retenir.
Au crépuscule de sa vie et rongé par un cancer incurable dont les effets les plus terribles sont méticuleusement décrits, Leonard Fife a accepté d'être le sujet d'un film de Malcolm, son disciple et ex-étudiant, avide de décrocher un scoop propre à satisfaire les voyeurs : figer sur la pellicule la mort d'un homme.
Au lieu de répondre aux questions sur son œuvre de documentariste engagé, il prend le prétexte du tournage pour faire un retour sur son passé et dévoiler les trahisons, les mensonges, les lâchetés, les fuites et les abandons qu'il a commis.
Pour se donner bonne conscience, pour se racheter, et surtout pour Emma, son épouse, qui découvre un mari qu'elle ne connaît pas, un homme qui fut incapable d'aimer.
Mais ces révélations sont-elles conformes à la réalité ? Ces confessions ne sont-elles pas le fruit d'une mémoire défaillante, conséquence des lourds traitements que subit Fife ?
Comme Emma, le lecteur est désorienté. Et c'est cette sensation de perte des repères et d'absence de résolution qui fait le sel de « Oh, Canada ».
D'autant plus qu'il s'agit du dernier roman de l'un des plus grands auteurs américains contemporains, un récit testamentaire poignant, malgré ses redondance, sur les affres du vieillissement et de la maladie.
EXTRAITS
La maladie et la chimio ont dissous un quart de son corps en liquéfiant sa chair.
Il est presque deux personnes différentes : l'une des deux se souvient en grand détail de choses du passé lointain tandis que l'autre n'a aucun souvenir de ce passé mais tente de le décrire.
Le temps, comme le cancer, est le dévoreur de nos vies.
Il est possible qu'il ait gâché sa vie.
http://papivore.net/litterature-anglophone/critique-oh-canada-russell-banks-actes-sud/
Leonar Fife, célèbre documentariste canadien, âgé de 77 ans est atteint d'un cancer en phase terminale.
Un de ses anciens élèves réalise un film sur lui, avec des questions bien précises.
Mais Fife mène les prises de vue à sa guise et entreprend de raconter sa jeunesse américaine.
Quelle est la part de réels souvenirs, l'impact des médicaments et de la morphine, la nuance entre les rêves et la mémoire ?
Un roman dense et complexe, d'une grande exigence.
L'auteur nous mène avec talent dans l'esprit torturé de Fife.
Certaines des questions du lecteur restent sans réponses.
C'est une confession intime, très intime d'un homme à l'agonie.
C'est l'histoire de la vie d'un homme avec ses travers, ses lâchetés et aussi sa force.
C'est très bien écrit.
Et même si j'ai parfois trouvé quelques longueurs, j'ai beaucoup aimé suivre la fin de vie de cet homme.
Impossible pour moi de poursuivre dans la lecture de ce roman ! Russell Banks est un auteur que j'apprécie, dont j'ai lu plusieurs ouvrages, notamment La réserve et Continents à la dérive, textes superbes. Mais cette fois, ennui total dans ce récit alambiqué censé raconter une vie. L'idée était bonne et je me réjouissais de retrouver un style, une écriture solide et probablement les aveux d'un écrivain brillant déguisé en cinéaste. Et bien, il n'en est rien, je n'ai trouvé aucun plaisir dans ce roman.
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