"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Un trait de plume d'aigle, piquant de porc-épic, branche de saule trempée dans l'encre, Khlebnikov écrit sur des feuilles volantes. Il les glisse dans une légendaire taie d'oreiller qui le suit dans ses vagabon- dages. Parfois il appuie sa tête dessus pour dormir, parfois il l'oublie, la perd, reprend sa marche.
Le volume rassemble les écrits de la taie d'oreiller, ceux des quatre dernières années de sa vie, années d'errance dans le feu de la guerre civile en Ukraine, puis entre Perse, Azerbaïdjan et Russie. C'est sa période la plus féconde malgré la misère. La poésie en sera à jamais bouleversée. En 1922, à la suite d'une fièvre mal soignée, il mourra de gangrène dans un petit village de Russie profonde.
Velimir Khlebnikov, président du globe terrestre, le plus grand des poètes russes, si grand qu'il « ne passe pas par n'importe quelle porte », a parti- cipé à la fondation du mouvement futuriste, puis s'en est écarté pour suivre un chemin de solitude.
Novateur, il va au-delà du langage transmental des futuristes (zaoum, élégamment traduit par l'outrâme), dynamitant le langage pour recréer un monde nouveau. Les mathématiques, l'ornithologie - la profession de son père -, l'astronomie, la philo- sophie façonnent cette langue nouvelle - langue des oiseaux, poésie stellaire - qui dit les bruissements du monde, en cherche la structure profonde. Salué par Roman Jacobson, il est aussi admiré par les poètes de sa génération, même aussi différents de lui que Mandelstam, Pasternak, Tsvetaeva. Il fascine des peintres comme Larionov ou Malevitch.
Nous avons choisi de traduire tous les textes de cette période, poèmes, lettres, textes en prose, et de laisser faire le temps en les donnant à lire dans l'ordre chronologique, suivant les chemins de l'errance.
L'édition est accompagnée d'un appareil critique établi par Yvan Mignot : des notes ayant néces- sité de longues recherches - c'est parfois une véri- table enquête philologique qu'il a fallu mener pour découvrir la raison d'être d'un mot -, ainsi qu'une préface qui est elle-même une lecture poétique de Khlebnikov.
L'ensemble des textes présentés a nécessité un travail titanesque et acrobatique de traduction qui s'est étalé sur plus de vingt ans de la vie d'Yvan Mignot, lui-même poète, traducteur, et tenace amateur de missions impossibles.
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