Le jury de la 16e édition, présidé par Jean-Christophe Rufin, a délibéré
J'ai été touché également par ce texte si bien écrit. Doux, tendre et sincère... Tu as tout dit en trois mots !
Il faut une vie pour être libre.
Le temps d'un été, Hélène revient s'occuper de son père. Chaque année, une laisse invisible la ramène au pays, dans ce coin perdu qui lui a donné son accent un peu rauque.
Hélène s'est construit une autre vie à Paris, une vie réussie comme on dit, mais dans la maison du lac elle redevient une petite fille obéissante. Rien n'a changé au village, ni les gens, ni cette pesanteur qui vous colle à la peau. Hélène n'est dupe de rien ni de personne, c'est une marque de fabrique chez elle.
Pourtant, cet été, tout se défait. Son frère veut vendre la maison, son père va mourir. Sur le marché, son regard croise celui d'un ancien amant. Leurs corps se retrouvent. Et cet amour d'automne a pour tous
les deux le goût de la liberté.
Le jury de la 16e édition, présidé par Jean-Christophe Rufin, a délibéré
Nous n’étions pas des tendres, cette expression qui sert de titre au dernier roman de Sylvie Gracia, s’applique à Hélène, la narratrice, et à son père, Evariste.
Dans ce roman à la fois intime et universel, Hélène retrouve ses racines, ce fameux nœud originel qui la ramène à la maison du lac, au cœur de l’Aveyron. Son frère, Michel, qui veut être appelé Miguel, a réussi à faire partager le patrimoine paternel et a récupéré la maison du lac, laissant à sa sœur celle de Montpellier où leur père vit ses dernières années. Quant à Hélène, son travail l’oblige à vivre à Paris où elle me fera quand même passer un petit moment.
En effet, l’essentiel se déroule près de ce lac où tant de souvenirs de la vie familiale résident. C’est là, qu’avec son père, Hélène vient passer quelques jours de vacances. Tous les deux, ils sont profondément choqués par tout ce qui a changé dans la maison. Beaucoup de souvenirs ont fini à la décharge grâce à Miguel et à son épouse… C’était leur maison de vacances et, apparemment, le frère qui se lance dans une carrière politique, a d’autres projets.
Rapidement, Hélène retrouve de vieilles connaissances comme Aurélie, infirmière à domicile, et un certain Patrick. Son père, veuf depuis longtemps, tente de renouer avec d’anciennes amies mais supporte mal de les revoir… vieilles… comme lui, mais cela n’empêche pas l’amitié, l’amour, de refleurir.
Quelques mots d’occitan reviennent à la mémoire d’Hélène et de son père, comme macarel, juron bien familier, et surtout ostal qui s’applique parfaitement à ce lieu qui rassemble.
Beaucoup de questions sont posées, celles qui servent à se compliquer la vie, à rendre cette vie maussade alors qu’elle est belle ici par rapport à tant d’autres sur notre planète et… qu’elle est unique. Là, je commence à me lasser mais je suis vite emporté par la suite. L’histoire de ce père, réfugié espagnol qui a échappé aux franquistes, est intéressante car Sylvie Gracia rappelle bien cette terrible Retirada et ces camps dans lesquels ces familles ont été enfermées, comme celui de Saint-Cyprien pour le père d’Hélène. Il y a aussi les rencontres sur une plage ou sur la terrasse d’un café dans ce village où tant de commerces ont fermé leur porte.
Nous n’étions pas des tendres est un roman à la lecture facile mais il pousse à la réflexion au travers de ce que vit et ressent Hélène. Ses hésitations, ses sentiments, sa philosophie de la vie et son attitude devant la mort inéluctable de ce père à la forte personnalité, sont très intéressantes et m’ont poussé vers un questionnement essentiel sur le sens de notre vie, nos attachements et cette fin qui approche.
De plus, avec ce roman, Sylvie Gracia a touché des cordes sensibles en me ramenant dans ce département de l’Aveyron où une partie de ma vie s’est déroulée et où nous sommes retournés en vacances un peu plus tard. Là aussi, réside cette philosophie de la vie avec ce temps qui passe inexorablement, ce que l’autrice a parfaitement fait ressentir.
Nous n’étions pas des tendres faisait partie des vingt romans sélectionnés pour le Prix Orange du Livre 2024 et je remercie Lecteurs.com pour m’avoir permis de le lire.
Chronique illustrée à retrouver ici : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2024/06/sylvie-gracia-nous-n-etions-pas-des-tendres.html
Toutes les familles se ressemblant qu’elles soient heureuses ou malheureuses …Les parents vieillissent, plus ou moins seuls, les enfants s’éloignent les uns des autres, parfois dans le conflit, et les maisons se vident au gré des ventes successives. Autour d’elles, les paysages sont beaux malgré les changements qui ne parviennent pas à effacer les souvenirs d’une enfance insouciante.
La trame narrative joue sur l’itinéraire originaire d’une famille contemporaine, sans toutefois parvenir à m’émouvoir plus que de raison, malgré l’identification éventuelle.
À côté de la narratrice, les autres personnages prennent les mauvais rôles, quoi de plus tentant de faire porter ce costume à la belle-soeur !
L’écriture est simple, accessible et agréable et le propos semble sincère mais l’ensemble ne survivra pas au palimpseste de la mémoire, une fois recouvert d’autres histoires, d’autres pages.
Lecture en demi-teinte, car il manque sans doute un peu de romanesque pour emporter l’enthousiasme.
" Iconoclaste : qui cherche à détruire tout ce qui est attaché au passé, à la tradition". Voilà pour la définition officielle du dictionnaire, mais c’est également le nom de la maison d’édition indépendante L'Iconoclaste, au sein de laquelle travaille Sylvie Gracia, qui a su ces dernières années dénicher les nouveaux talents de la littérature française comme Mathieu Palain (Prix Interallié 2021) ou la Belge Adeline Dieudonné, mais aussi Jean-Baptiste Andrea (Prix Goncourt 2024). Éditrice renommée, elle n’en reste pas moins une femme de lettres, à commencer par écrivaine. « Nous n’étions pas des tendres » paru cette année (Mars 2024) en est la dernière illustration en date.
Hélène, la cinquantaine, est divorcée et a deux enfants. Chaque année, elle retourne avec son père, dans le village de l’Aveyron où elle a grandi. Celle qu’on appelle ici « la Parisienne » le pressent, c’est son dernier été ici. Tout se défait, à commencer par la maison familiale qui a été vidée de son âme par un frère indélicat, pressé d’en solder l’héritage. Disparus, les photos aux murs, les dessins d’enfant dans les tiroirs, les babioles sur les étagères. Persistent pour toujours les souvenirs d’enfance et d’adolescence, les siens et ceux de ses deux petites filles à présent adultes.
Entre deux âges et entre deux vies, Hélène observe ce père rugueux, immigré espagnol ayant fui la guerre, devenir un vieillard fragile. Quand, un jour au marché, elle croise le regard d’un ancien amant s’allume une étincelle avec pour tous les deux la perspective d’un amour de vacances au goût de liberté à retrouver…
Un récit en apparence tout simple, mais dans l’épure, débarrassé de tout superflus littéraire, sans lyrisme ni coquetterie. Les thèmes traités sont loin d’être originaux mais l’auteure parvient à accrocher le lecteur dans son récit.
Famille, vieillesse, mort, souvenirs, amitiés de jeunesse, désirs : les trois livres qui ont survécu à la disparition de la bibliothèque de la maison du lac – « La cave » de Thomas Bernhard, « La place » d’Annie Ernaux et « Sur la route » de Jack Kerouac – résonnent comme autant d’échos aux thèmes abordés dans « Nous n’étions pas des tendres ».
On apprécie également le cadre de cette fiction qui prend place dans le microcosme du lac de Pareloup en Aveyron. Les lieux sont évocateurs : qui n’a pas des images de baignades de jeunesse dans les eaux d’un lac ou d’une rivière ? des souvenirs d’une maison familiale, d’une chambre ?
Sylvie Gracia parvient à livrer une œuvre tout aussi intimiste (on devine un écho personnel très fort chez l’auteure) qu’universelle tant certains passages raisonneront auprès des lecteurs.
Le style est là, fluide et riche, offrant un véritable plaisir de lecture. Il y a des fulgurances et du rythme. Les chutes de chapitre sont particulièrement soignées, relançant continuellement l’attention et encourageant le lecteur à poursuivre sa lecture sans effort…
Un court roman, très intime, qui explore le temps qui passe, et à travers lui le rapport à nos parents, à la vieillesse et aux amours enfouis. Le principal atout reste l’atmosphère très particulière du récit qui se lit facilement – non sans plaisir - malgré un léger manque de consistance pour en faire une lecture véritablement marquante.
Hélène passe une semaine en été avec son père comme chaque année, dans la "maison du lac" d'un village du Sud-Ouest où elle a passé toutes ses vacances. Mais cette année, elle sent que quelque chose a changé. Son père baisse de jour en jour et son frère Miguel, devenu propriétaire de la maison, veut (et va!) la vendre.
Des personnages bien campés et attachants, un village que je me suis bien représenté. Une histoire familiale un peu difficile m'a fait hésité à poursuivre, mais finalement la lecture est facile et fluide. Il m'a manqué une petite touche d'originalité cependant pour que je mette cinq étoiles!
Hélène, la cinquantaine, est divorcée et a deux enfants. Chaque année, elle retourne avec son père, dans le village de l’Aveyron où elle a grandi. Cet été, tout se défait, la maison du lac a changé, son frère Miguel a voulu le partage des biens du vivant de son père, et pourtant il est peu présent auprès de celui-ci, laissant à sa sœur les allées-venues de Paris (où elle vit et travaille) jusqu’à Montpellier où habite maintenant le père. Miguel est devenu propriétaire de la maison, qu’il a déjà en grande partie vidée et réaménagée avec sa femme Myriam sans se concerter avec sa sœur. Hélène et son père retrouvent une dernière fois le village chargé de l’atmosphère pesante des souvenirs. Sur le marché, le regard d’Hélène croise celui d’un ancien amant, Patrick. Avec pour tous les deux la perspective d’un amour de vacances au goût de liberté à retrouver. Mais le père a encore en souvenir l’accident de voiture de sa fille et garde une rancune tenace à l’encontre de Patrick qui conduisait.
L’autrice sait donner de l’épaisseur aux personnages. Évariste, le père, réfugié espagnol, est arrivé 70 ans plus tôt. Un homme dur mais aimant, qui a du mal a supporté la vieillesse et la dépendance de plus en plus forte. Miguel et sa femme Myriam n’ont pas vraiment le bon rôle. Lui, plutôt révolutionnaire mais rapide pour vendre la maison et effacer les souvenirs familiaux, attaché à se faire élire à la région sur une liste de la France Insoumise sans être capable de communiquer avec sa sœur. Rosie, quatre vingt quinze ans, est également marquante, elle qui reste dans les fantasmes du père la-plus-belle-fille-du-village... Patrick était étudiant en philosophie avec Hélène, il est adepte de Kant, distinguant partout passion triste contre passion joyeuse : « être libre, sans haine ni violence, ni tristesse ». Après des années à bourlinguer et abuser d’alcool et de drogues, il s’est mis au vert dans ce coin de campagne privilégiée, cultivant des herbes dont il prépare des sachets à vendre sur les marchés. Un peu poète, il lui écrit des ChéRie avec ce R majuscule et TiLLeuil avec deux LL majestueux comme un tronc d’arbre...
Le style est là, fluide et riche, offrant un grand plaisir de lecture. Il y a des fulgurances et du rythme. Les chutes de chapitre sont particulièrement soignées, relançant l’attention et poussant le lecteur vers l’avant, sans effort...
« Et pareillement la lecture est muette, au lecteur de la charger de sa colère, de sa honte, de ses drames. Cet été-là, tout était silence, les eaux funèbres du lac, la maison aux fantômes, la chambre du père. »
J’ai beaucoup aimé ce récit en apparence tout simple, mais dans l’épure, débarrassé de tout ce qui ne fait pas images et sens. Les thèmes traités ne sont pas si originaux mais l’autrice m’a entraîné dans son récit : famille, vieillesse, mort, souvenirs, amitiés de jeunesse, désirs toute la vie sauf les limites qu’on se donne… J’ai apprécié le cadre réel de la fiction dans le microcosme du lac de Pareloup en Aveyron. Les lieux sont évocateurs : qui n’a pas des images de baignades de jeunesse dans les eaux d’un lac ou d’une rivière, de maison aux fantômes, de chambre du père….
Sylvie Garcia est autrice et directrice littéraire de l’Iconoclaste. Elle a auparavant écrit Mes clandestines. J’ai lu ce roman dans le cadre de ma participation au jury Orange du livre 2024. C’est un des 20 livres de la première sélection établie lors des échanges et votes du 26 mars. Sera-t-il dans la sélection des 5 finalistes le 13 mai prochain ? Encore un roman de grande qualité qui va rendre les choix difficiles…
Récit introspectif de la narratrice Hélène qui revient sur un souvenir douloureux, un des derniers été avec son père dans la maison familiale. Elle ,la parisienne, se réinvente lors de son séjour mais voit également revenir les réminiscences de l'enfance, des amitiés et d'un amour passionné. Elle a une relation ambivalente avec son père qui l'agace autant qui l'émeut, une relation compliquée avec son frère. La maison, les ambiances du Sud, la végétation, les odeurs sont bien retranscrites. La volonté de s'échapper, de liberté se dégage de la narratrice. J'ai aimé certaines pages, souvenirs, sensations. La nostalgie qui se dégage du récit, l' injustice vis à vis du frère toujours absout de l'absence. Mais il m'a manqué quelque chose peut-être davantage sur le passé du père, quelques pages pour conclure ce voyage qui m a laisse un goût d inachevé.
Que ce roman est doux, tendre et sincère !
L’histoire : Hélène s’occupe de son vieux père et passe quelques jours avec lui à la maison du Lac. Peut-être les derniers jours ici. Son frère veut vendre la maison.
On va suivre Hélène, femme accomplie, qui reste une petite fille auprès de son père. On va vivre avec elle ces moments de solitude de la cinquantaine, quand les enfants ont grandi, quand les parents vieillissent et quand il faut prendre des décisions qu’on reporte depuis longtemps, pour garder les souvenirs, pour figer le temps, encore un peu, pour replonger avec délectation dans le passé, dans l’enfance, la jeunesse.
Ce texte m’a beaucoup touchée, par son approche du vieillissement du personnage du père, par la montée en puissance de la maturité d’Hélène. C’est un tableau de la vie quotidienne raconté avec pudeur et finesse, sans fioriture et c’est ce qui rend ce texte si simple et émouvant.
Une très belle découverte que ce roman joliment simple.
J'ai été touché également par ce texte si bien écrit. Doux, tendre et sincère... Tu as tout dit en trois mots !
Lecture agréable et sans surprise que j'ai cependant aimé. Une ecriture fluide qui s'écoule lentement, trop peut être.
Beaucoup de sujets abordés
La famille, la vieillesse, la mort,
La renaissance.
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Jolie chronique qui me convainc de le lire. Cela fait qq temps que je le boude...
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