"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Caryl Férey découvre la Russie dans un contexte extrême... Un livre qui oscille entre enquête gonzo et récit au décor noir.
Grand voyageur, il n'avait pourtant jamais été en Russie. Encore moins en Sibérie. Il n'aime pas le froid et avait quelques a priori sur les Russes. Mais il a dit oui. Et il s'est embarqué avec son acolyte La Bête dans une aventure sans égal : découvrir Norilsk, cité minière aux mains des oligarques, à trois cents kilomètres au-dessus du cercle polaire. Un ancien goulag, fermé aux touristes et aux Russes, accessible uniquement avec une autorisation du FSB. Une ville sans animaux, sans arbres. En résumé, la ville la plus pourrie du monde.
Revenu de ce voyage pas comme les autres, nourri de rencontres inoubliables, il en tire un livre qui oscille entre enquête gonzo et récit au décor noir.
Déçue, sur ma faim...
En sortant de Lëd, que j'ai adoré, j'ai plongé dans Norilsk...
Officiellement Norilsk est un carnet de voyage, déclancheur de ce qui allait devenir un roman noir.
La photo est au centre de ce court voyage et pourtant pas une image !
Je pensais y trouver plus de détails sur les lieux, j'y ai surtout retrouvé des pans entiers de Lëd, parfois mot pour mot.
Les prénoms changent, il n'y a pas d'intrigue mais ça fait plus synopsis de carnet de voyage.
Une impression de rédaction bâclée parce qu'il fallait honorer son contrat.
40 pages de préambule sur 160 au total.
Au final le décor de Lëd est bien plus immersif et mieux documenté alors que c'est un polar.
J'ai comme un arrière goût de vodka frelatée dans les yeux.
Comme il est agréable lorsqu’on a pris comme moi, un immense plaisir à lire LËD de Caryl Férey de découvrir Norilsk, ce petit bouquin écrit en 2017 qui nous conte comment l’auteur s’est retrouvé sur le toit d’un immeuble de cette ville par – 20° C, avec le vent, ressenti - 40° C.
Lorsque deux éditrices de chez Paulsen le contactent et lui proposent : « Ça te dirait d’aller dans la ville la plus pourrie du monde ? Norilsk, ça s’appelle : c’est en Sibérie, au-dessus du cercle polaire. Une cité minière qui pollue à elle seule autant que la France ! », il avait au moins quatre bonnes raisons de refuser, mais finalement, pourquoi ne pas aller apprécier sur pièces ? Il finit donc par accepter cette proposition aux antipodes de ses désirs, mais à une condition, que La Bête vienne avec lui.
Comme moi, vous vous demandez qui est cette Bête. Pas plus que moi, vous ne saurez le nom de ce géant borgne, de cette personne extraordinaire, extravagante, ahurissante et vraiment désopilante, qui va l’accompagner, et vous n’en finirez pas de sourire à toutes ses frasques, sachant déjà qu’il perd tout ou plutôt qu’il … égare tout, nuance !
Après plusieurs semaines d’attente pour « obtenir les visas, les assurances rapatriement mort ou vif et surtout la précieuse autorisation du FSB », ils décollent enfin et atterrissent à Moscou où ils font connaissance avec leur guide, Valentina, une jeune Russe.
Arrivés à l’aéroport d’Alykel Norilsk, situé à quarante kilomètres de la ville, par – 20° dehors, Caryl et La Bête, nos deux compères font des paris pour savoir qui l’emportera à la foire d’empoigne qui se joue entre les chauffeurs de taxi, et c’est finalement le plus costaud qui emporte le morceau et qui les conduit dans la tourmente jusqu’à Norilsk. Il s’appelle Shakir et il jouera son propre rôle dans LËD.
L’auteur découvre cette ville de plus de cent mille habitants, la plus septentrionale, l’une des plus polluées, un ancien goulag, dont la population est majoritairement constituée de mineurs. Mais ce que souhaite avant tout l’auteur, c’est aller à la rencontre de ses habitants. Quelle meilleure solution pour les rencontrer que d’aller à l’inauguration du bar d’Ana, la copine de leur guide Valentina, le week-end étant là et que : « parmi les multiples spécialités russes, le zapoi consiste à se soûler plusieurs jours de suite, à la vodka de préférence, matin, midi et soir. » Une coutume permettant à toutes ces familles de passer de bons moments chacun veillant sur autrui. Inutile de vous préciser que nos deux lascars ont été accueillis à bras ouverts et adoptés illico : « nous bûmes tout le week-end, avec les mineurs. »
En l’espace de neuf jours, durée de ce périple, de belles relations vont se nouer entre ces êtres du bout du monde dont l’espérance de vie ne dépasse pas 60 ans et les deux Français. « Nous étions les coqueluches de Norilsk, les porte-bonheur qu’on accrochait à ses clés de voiture ». Caryl Férey relate magnifiquement avec beaucoup d’humour, de sincérité, de façon réaliste et surtout beaucoup de tendresse ces moments chaleureux où ces hommes et ces femmes mis en confiance par la cordialité et la franchise des deux hommes n’hésitent pas à s’épancher et à se confier.
Impossible de ne pas être révolté par les conditions de travail et les conditions de vie de ces gens dans ce milieu complètement détruit et pollué que les dirigeants continuent à exploiter en aggravant le désastre. Révolté et très en colère : « Ces types allaient mourir asphyxiés. À petit feu, comme un supplice industriel. J’avais envie de tuer des oligarques, Staline, Eltsine, Poutine, Tout ce qui finissait en ine. »
Certaines des personnes rencontrées lors de ce voyage deviendront des personnages du roman tout comme Shakir.
Ce bouquin est un récit de voyage, il est à la fois récit documentaire et récit d’aventures où la noirceur devient souvent beauté, notamment les paysages et où l’amitié a une grande place. Il nous permet aussi de découvrir un peu plus des traits de la personnalité de Caryl Férey, même si, ses polars nous en avaient déjà livrés quelques-uns. Il peut se lire indépendamment de LËD, avant ou après, mais il FAUT le lire pour faire connaissance avec ces gens qui se sentent seuls au monde et prendre conscience de la beauté de certains cœurs et de la noirceur de certains autres.
Chronique illustrée à retrouver sur : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
Caryl Férey, avec Lëd qui signifie glace en russe, m’avait vraiment régalé comme auparavant avec Zulu, Mapuche, Condor et Paz. Aussi, lorsque j’ai appris que, quatre ans plus tôt, il avait publié un récit intitulé Norilsk, je n’ai pas hésité à lire ce livre racontant son voyage dans la ville la plus polluée du monde, la plus septentrionale et la plus froide car située quatre cents kilomètres au nord du cercle polaire arctique.
Dans les années 1930, Staline y avait installé un terrible goulag appelé Norillag, ville bâtie par les détenus eux-mêmes. Pendant vingt ans, cinq cent mille prisonniers ont extrait nickel, cuivre, cobalt, charbon. En 1953, une révolte des bagnards a été réprimée si violemment qu’on a dénombré plus de mille cinq cents victimes. Aujourd’hui, une entreprise d’oligarques proches de Poutine exploite des gisements de nickel, de cuivre et de palladium, polluant à l’extrême tout l’environnement.
Lui qui n’aime pas le froid finit par céder à la demande de deux éditrices mais exige que son meilleur ami, depuis leur adolescence, l’accompagne. Celui qu’il nomme La Bête est borgne, porte un bandeau noir sur l’œil, ne travaille pas, est polygame, pratique le krav maga, sport de combat du Mossad, est un anar de droite, boit beaucoup de vin rouge, fume trop d’herbe, est breton, même celte, est rock, emmerde tout le monde et peut être accessoirement photographe. Quel portrait !
La présence de La Bête, tout au long de leur voyage, est importante même si ses exploits en perturbent régulièrement le bon déroulement.
Sur la Russie, nous avons régulièrement des informations négatives comme l’actualité nous le rappelle aujourd’hui avec le sort scandaleux réservé à l’opposant Alexeï Navalny. Par contre, Caryl Férey rappelle que ce pays nous a donnés de grands écrivains comme Dostoïevski, Gogol, Tolstoï, Berberova, Aleksievitch et même Joseph Kessel, fils d’une famille russe exilée.
Comme un guide est indispensable, c’est finalement Valentina, qu’ils nommeront Tatiana puis Bambi, qui les rejoint à Moscou depuis Saint-Pétersbourg où elle habite. Norilsk est sa ville natale et elle y retourne après dix ans d’absence.
Les voilà donc sur place pour quelques jours grâce à un visa obligatoire pour la Russie plus l’autorisation spéciale du FSB, les services secrets qui ont succédé au tristement célèbre KGB. Je note que Paris est plus près de Moscou que Norilsk, ville située à trois mille kilomètres de la capitale, avec quatre heures de décalage horaire et cinq heures de voyage.
L’aéroport d’Alykel-Norilsk est à quarante kilomètres de la ville et c’est la foire d’empoigne entre les chauffeurs de taxi après l’accueil pas chaleureux du tout de la police locale. Finalement, c’est Shakir, un ouzbek, qui se charge du trio, un homme que Caryl Férey a aussitôt décidé d’intégrer dans Lëd.
Ainsi, au fil de ma lecture, j’ai retrouvé quantité d’indices, découvert des personnages et toutes les sources d’inspiration de l’auteur qui ne faisait pas que boire de la vodka mais prenait beaucoup de notes dans son petit carnet.
C’est finalement avec regret qu’ils ont repris l’avion car des liens d’amitié très forts s’étaient tissés avec leurs amis sibériens. Ils savaient pourtant qu’ils ne se reverraient pas mais nous avons gagné un terrible et passionnant roman que j’avais dévoré avec passion : Lëd.
Chronique illustrée à retrouver sur : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
Pas vraiment un roman à proprement parler, plutôt un récit de voyage. A l'origine de ce roman, une proposition étonnante de la part des éditrices de Caryl Férey : partir à la découverte de Norilsk, ancien goulag, désormais cité minière aux mains d'oligarques, située à trois cents kilomètres au-dessus du cercle polaire, où le froid peut atteindre -60° en hiver, et où l'espérance de vie est lamentable pour ses habitants, à cause de la pollution.
On sait déjà que le récit n'aura rien à voir avec le livre de Sylvain Tesson Dans les forêts de Sibérie, qui promettait de beaux paysages. D'ailleurs, l'auteur le dit lui-même : c'est la ville la plus pourrie du monde, avec ses grandes cheminées, « on dirait un paquebot en train de couler ».
Dans ce récit l'auteur expose plutôt des tranches de vies des mineurs coincés là-bas, ses rencontres avec des gens vivant dans des conditions extrêmes. Le but de Caryl Férey est d'ailleurs assez clair dès le départ : s'immerger pour être au plus près de la population (et il applique avec conviction ce principe en festoyant dans les bars) pour vraiment saisir l'âme du lieu, et non pas le découvrir par les monuments ou les images officielles.
L'écriture est vivre, même crue et l'ensemble est intéressant mais je reste sur ma faim : pas de photographies de « La Bête » exposées sur un blog ou même dans le livre, pas de révélations particulières autres que ce que l'on pourrait trouver sur internet, un séjour assez court finalement.
Quand au style cela me paraît un peu trop stéréotypé pour un récit de voyage : les noms des personnages semblent tout droit sortis d'un polar : « bambi » / « la bête » / « l'ours » / « le trav »... Mais finalement, à la lueur de ces surnoms appliqués on se rend mieux compte que les brutes ne sont pas celles que l'on croit (les russes buvant notamment moins que les français). Et l'auteur réussit à chambouler notre vision des Russes, des ces hommes et de ces femmes prisonniers de leur ville et de leur destin.
Etonnant !
Ni un polar, ni un roman ; un récit, écrit avec la brutalité dont sait faire preuve Caryl Férey dans ses polars.
Ca ne donne pas franchement envie d'aller faire une balade dans le grand nord sibérien, mais C. Férey sait nous rendre ses habitants très touchants et attachants.
Etonnant...
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