"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« C'est si beau ta façon de revenir du passé, d'enlever une brique au mur du temps et de montrer par l'ouverture un sourire léger. » Hanté par le souvenir d'une femme qu'il a aimée, Christian Bobin revient, vingt ans après sa mort, déposer sur sa tombe « un petit bouquet mortuaire », ainsi qu'il caractérise son livre.
C'est en vérité un volume de peu de phrases, mais ample et profond comme l'écho ou le ciel à la renverse dans l'oeil de l'épervier.
Qu'il évoque en passant le visage de son père, la mort de Kafka, un poète chinois du IVe siècle, c'est toujours de cet amour disparu qu'il parle, et chacune de ses phrases a l'intensité d'une rose rouge, la délicatesse d'une goutte de pluie, la force d'un poème. C'est un livre qui rend grâce à la beauté du monde en répétant que l'amour ne passe pas. Un vrai bonheur de lecture.
J’ouvre un livre et c’est le ciel que j’ouvre
Il nous a quitté discrètement comme il a vécu, simplement, et nous sommes riches des mots qu’il nous laisse, j’ai choisi de relire La Plus que Vive et NoireClaire.
Entre les deux livres presque vingt ans ont passé et la présence est toujours vive.
Les mots en offrandes à la bien aimée disparue beaucoup trop tôt, ils disent la vie.
La pérennité des absents dans le cœur des vivants. Pas dans ce qui est figé comme les photos, non les échos du rire qui résonnent toujours, les lieux et les gestes associés.
« Je te parle à voix basse, je te parle à voix folle. »
Elle, c’est Ghislaine et nous aurions aimé être son amie.
Comme tous les grands poètes c’est intime et universel.
Lire Christian Bobin c’est aussi vouloir noter à l’envi toutes ces pépites ; chaque mot est un trésor.
Sans grandiloquence, sans fioritures, juste la simplicité l’apanage des plus grands.
Son œuvre nous dit de nous émerveiller encore et encore.
« Je suis toujours étonné de voir le peu de liberté que chacun s’autorise, cette manière de coller sa respiration à la vitre des conventions, et la buée que cela donne, l’empêchement de vivre, d’aimer. »
Vous lire Monsieur c’est faire de belles rencontres emplies de sens, de miel et de vie. Merci.
Lire est une passion lente. En cet après-midi de lecture, je fus absente pour cause d’extase, mais si présente à la vie, la vraie, la seule.
©Chantal Lafon
https://jai2motsavousdire.wordpress.com/2022/12/06/la-plus-que-vive-noireclaire/
Dans Noireclaire, Christian Bobin, dessine le visage d’une femme aimée, disparue depuis vingt ans. Ce recueil diffuse une lumière tremblotante et on suit le poète à travers les fragments qu’il partage.
Sa poésie est profonde, sait dire l’insignifiance du quotidien, la grandeur de la nature, l’inéluctable de la mort et la douleur d’un deuil inconsolable.
Une tasse à café, une Gauloise bleue, un moineau, une fleur, un arbre, un chat prennent vie, rappellent l’être chéri.
D’autres fantômes viennent en écho : un poète chinois, Néfertiti, Kafka, la musique de Bach, les touches noires et claires d’un piano que l’on effleure. L’écriture est une prégnance, « une cicatrice enfantine, la rêverie d’un oiseau qui oublie sa faim. »
Christian Bobin porte une voix authentique, sincère, à la fois grave et lumineuse. Ces morceaux poétiques nous émeuvent voire nous bouleversent. Il faut bien sûr se laisser porter par ses mots dont certains retentissent longtemps dans le silence de la lecture.
Le poète distille ses réminiscences du bonheur tâchées des douleurs de celui qui continue à vivre sans son amour.
Noireclaire est un petit recueil où parfois une seule phrase remplit le clair de la page comme une trace noire, un signe dans le néant.
Noireclaire, mariage de l’infini et de la vie.
« Parfois on sent que les nuages ne croient plus en Dieu ».
Un format inhabituel, un texte aéré, des phrases lapidaires, des formules, des réflexions, des sentences, une ode à la femme aimée trop tôt disparue, une poésie intense liée au souffle d’un oiseau, à la couleur des cieux.
Un riche recueil qui souvent m’a ravie, m’a parfois laissée perplexe mais qui toujours m’a donné envie de savourer chaque instant de mon existence, chaque sourire de la vie en ses petites choses.
Lire un écrit de Christian Bobin, c’est se nourrir l’âme. Au détour d’un sentier, au chant d’un oiseau, certains de ses mots vous reviendront et enrichiront l’instant de leurs résonances.
Un joli recueil de pensées toute en poésie pour une réflexion sur soi et sur la vie .
voyez un peu :
"Un livre dans une brocante c'est parfois un mort qui me tend la main et qui me dit : ne me laisse pas, s'il te plait."
J'adore!!
« Il y a entre toi et moi une adorable barrière. C’est ta mort qui l’a construite. Son bois est du silence. Il n’est pas épais. Un rouge-gorge s’y pose ».
Vingt ans après « La plus que vive », Christian Bobin, dédie ce livre hanté à Ghislaine, son soleil disparu. Il vient ici lui rendre un hommage, sublime et poétique, comme il est d’usage dès que ce magicien des oxymores prend sa plume.
Ce court texte de 75 pages est une merveille de lumière, et de pureté, et de simplicité.
L’Absente côtoie la Vie, les fleurs, les moineaux, les nuages, ceux –là même qui parfois, « ne croient plus en Dieu », les chats errants, une robe de squaw, et le piano de Bach .
Elle vibre d’une formidable présence, portée par cet amour infini, au-delà du temps, au-delà de la mort. Le soleil continue de rayonner au-delà de l’au-delà….
« Tu souris. Même détruite tu souris ».
La magie de Bobin, c’est de dire beaucoup en peu de mots… C’est d’émerveiller le lecteur, par une limpidité, une pureté cristalline.
La souffrance face à deuil, à ces « couteaux impitoyables qui traversent le cœur », est posée là en toute humilité, avec la poésie qui est la griffe de cet auteur-écrin.
Un style épuré, d’une immense finesse, une sensibilité qui n’appartiennent qu’à lui , un message d’Amour , de Vie, de Présence, tout cela dans un écrin de douceur et de poésie.
Ghislaine n’est pas morte, elle est « absente pour cause d’extase ».
J’ai été profondément bouleversée par cette lecture, par la délicatesse des mots, par la pudeur subtile des sentiments dits et de ceux que l’on devine… Comme après chaque lecture de Christian Bobin, je me suis sentie transformée, enrichie d’un indéfinissable « quelque chose », une sorte d’apaisement qui relève du divin.
Un très beau moment, un magnifique hymne à l’Amour, à la Vie, à la Nature… Encore une fois, merci Monsieur Bobin !
Finir l'année avec Christian BOBIN et sa poésie. Sans aucun doute pour moi le plus beau livre de 2015. Il y a absolument tout ce que l'on peut attendre des mots.
http://www.leslecturesdumouton.com/archives/2015/11/05/32866934.html
C'est un livre surprenant tant sur sa forme que sur le fond qui attend le lecteur qui plonge dans le dernier Christian Bobin. Sur la forme, Gallimard a choisi un format élargi de sa collection blanche pour servir d'écrin à un texte très aéré. Il est fréquent que des pages recueillent une seule ligne.
Sur le fond, Christian Bobin a choisi la fulgurance pour rendre un vibrant hommage à sa femme décédée vingt ans plus tôt, avec pour dédicace : « Pour Ghislaine ce livre hanté ».
On peut être un peu désarçonné par la lecture de ces quelques phrases jetées, parfois absconses. Il y a un coût d'entrée mais petit à petit, si on prend le temps de lire, relire, de se laisser imprégner, on tombe sous le charme.
Le titre lui-même est une énigme : Noireclaire. Qu'est-ce que c'est ? Le noir pour la mort ? Le clair pour la vie ? Le féminin pour l'aimée disparue ? L'association des deux pour montrer qu'au-delà de la mort, la vie peut rester forte, que ceux qui restent peuvent rester forts malgré tout ?
La noirceur, elle est bien présente, à l'image de ces extraits :
« Toujours la nuit, toujours la longue table sur laquelle je t'écris. Dehors, la pluie et son jugement dernier. »
« Je cherche ton visage comme on cherche l'interrupteur dans le noir ».
Et le violent « Je veux tuer Christian Bobin ».
Cependant, malgré la mort, la vie apporte ses lueurs ou du moins, elle refait surface :
« C'est si beau ta façon de revenir du passé, d'enlever une brique au mur du temps et de montrer par l'ouverture un sourire léger. »
« Tu souris. Même détruite tu souris. »
« Je sens mon visage s'éclairer comme si le livre sur lequel je me penche était une bougie. »
Un livre qui invite à la réflexion même si en tant que lecteur, on se sent tout de même à part de cette discussion entre l'auteur et la défunte.
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