Une belle adaptation, réalisée par un duo espagnol, d'un des romans fondateurs de la science-fiction, accessible dès 12 ans.
« T'es en quête ! ». Voilà ce qu'un jour, sa meilleure amie lance à Dorothée Myriam Kellou. De quoi, elle l'ignore. Pourtant tous les indices sont là. Son apprentissage de la langue arabe, son parcours intellectuel, ses voyages, et le besoin de rappeler les origines algériennes de son père. Que sait-elle de sa jeunesse ? Peu de choses. Il l'invite donc à relire un projet de film qu'il lui avait adressé quelques années auparavant. Dorothée y découvre qu'en 1960, son père et sa famille ont été contraints de quitter leur village de Mansourah, où des populations avaient été déplacées sous le contrôle de l'armée française. Chapitre mal connu d'une guerre sur laquelle beaucoup d'ombres demeurent.
Dorothée Myriam Kellou tente d'y apporter sa part de lumière. De Nancy où elle a grandi, en passant par l'Égypte, la Palestine et les Etats-Unis, la jeune femme vogue pour mieux s'ancrer. Dans ce livre très personnel, Dorothée remonte le temps, celui où ses parents - Catherine, jeune française en voyage solidaire en Algérie, et Malek, jeune réalisateur algérien aux sympathies communistes -, se sont connus et aimés. L'autrice évoque aussi son enfance, sa double culture, la force et les tiraillements qu'elle engendre. Le poids du silence en héritage : la guerre, les déplacements de population, les camps. Toutes ces vérités qu'on tait, la violence éprouvée quand enfin elles éclatent. Avec son père, Dorothée retournera sur les lieux de cette histoire traumatique : une maison, un arbre, des témoins d'alors la feront resurgir. Père et fille en feront un film, et ainsi, répareront l'oubli.
Enquête, récit intime, réflexion sur l'histoire, la mémoire, l'identité et la transmission, voyage initiatique, hommage au père et à son pays : ce premier texte de Dorothée Myriam Kellou est inclassable et remarquable pour cette raison même. Il tâtonne, interroge, raconte une Algérie tantôt douloureuse, tantôt rêvée, ouvrant la voie de l'apaisement et de la réconciliation.
De mère française et de père algérien, Dorothée-Myriam Kellou a d’abord vécu sa double identité dans son seul double prénom. Jusqu’à ce qu’une remarque - « Tu dis que t’es algérienne mais tu ne parles pas arabe ! » - la renvoie, encore enfant, au silence paternel. Pourquoi ce choix de l’effacement des origines ? Compléter la part manquante d’elle-même devient alors une obsession. Le trait d’union dans son prénom, il va lui falloir le retracer entre ses deux enracinements : Nancy-Kabylie. C’est ce « grand voyage initiatique » que ce livre s’attache à raconter, un parcours intérieur intime pour recomposer le miroir brisé de la mémoire.
Commencé avec l’apprentissage de la langue arabe, ce périple emmène l’auteur en Egypte, en Palestine et aux Etats-Unis, où ses études la sensibilisent au post-colonialisme au travers des écrits fondateurs de Frantz Fanon et d’Edward Saïd. Sa fille le pressant de questions sur sa vie en Algérie, le père, Malek Kellou, n’a alors pour réponses que les blancs de sa mémoire, oblitérée par le traumatisme de la guerre. Réalisateur de télévision, il a le projet d’un documentaire, « Lettres à mes filles », qui ne voit jamais le jour. Il devait y raconter comment, malgré les verrous posés sur ses souvenirs, ceux-ci lui sont pourtant revenus en pleine figure, lorsqu’en 1990 il est tombé nez à nez avec la statue, nouvellement installée à Nancy, qui le terrorisait, enfant, à proximité de son village : celle du sergent Blandan, militaire français tué lors de la conquête coloniale de l’Algérie.
Dès lors, le père et la fille vont tenter ensemble d’apprivoiser cette mémoire traumatique. Ce seront plusieurs voyages au village familial de Kabylie, l’un de ceux que l’armée française avait vidés de leurs populations pour les enclore, loin de tout contact avec le FLN, dans des camps de regroupement qui ont irrémédiablement désorganisé l’agriculture et les campagnes algériennes. De ce retour ils tireront un film documentaire, « A Mansourah, tu nous as séparés » : l’occasion de mettre des mots sur la violence et les horreurs vécues, étape incontournable sur le chemin de la résilience.
Ce récit très personnel de restauration d’une mémoire oblitérée et néanmoins transmise inconsciemment s’assortit d’une réflexion sur les effets dévastateurs des non-dits et du déni qui entourent encore la guerre d’Algérie et les torts causés aux populations. L’on pense à Léonora Miano, Tommy Orange, Naomi Fontaine, Alice Zeniter et tant d’autres dont les témoignages et romans décrivent eux aussi l’héritage, d’autant plus ravageur que mal ou pas reconnu, d’autres drames plus ou moins récents, génocidaires, esclavagistes ou colonialistes. Non seulement « Le récit ancre », mais « S’il manque, d’autres histoires s’inventent, des fictions dangereuses », comme celles proposées par l’islamisme. Pour avancer et vivre ensemble harmonieusement, il faut des mots. Alors, seulement les héritiers pourront, eux aussi, conclure comme l’auteur : « À présent, je sais, je peux raconter, je peux dire mon histoire. Je ne suis pas une table rase. Nous ne sommes pas des tables rases. »
Journaliste et réalisatrice indépendante aux combats courageux – c’est notamment elle qui, en 2016, a révélé dans Le Monde l’affaire des financements indirects de l'Etat islamique par Lafarge pendant la guerre en Syrie, affaire développée par Justine Augier dans son livre Personne morale –, Dorothée-Myriam Kellou livre ici un récit intime qui éclaire de façon touchante les raisons de ses engagements.
Ce roman est un travail de mémoire bouleversant émotionnellement. L'auteure nous invite à un grand voyage, marcher dans les pas de son père pour trouver sa propre place. Dorothée-Myriam Kellou dans ce livre très personnel tente de reconstituer la mémoire oubliée de sa famille. Malek, son père, est algérien, Catherine, sa mère, est française. Entre-temps, son père est devenu français. C'était dans les années 1990. Elle ne connaît rien de l'Algérie, elle ne parle pas la langue de son père. Comme l'Algérie qui, à l'indépendance, a cherché à recouvrer son identité et sa langue, elle décide de s'arabiser. Apprendre à parler, à écrire, découvrir les poètes. Connaître l'Histoire de son pays. Elle s'imagine comme un pont tendu entre deux rives. Elle a fait le choix de la mémoire contre l'effacement. Mais la mémoire est lourde à porter.
Un livre d'une grande richesse qui m'a beaucoup appris notamment sur les effets dévastateurs de la colonisation, sur la brutalité de l'occupation française en Algérie une politique de la terre brûlée pour effacer l'histoire d'un peuple. le déracinement, le déplacement forcé, le regroupement dans une autre région. L'auteure s'interroge sur les conséquences de ce déracinement en masse qu'a subi la population algérienne pendant la guerre d'indépendance, pour comprendre le ressentiment de certains immigrés et fils d'immigrés algériens à l'encontre de la nation française. C'est l'histoire de ceux qui ne sont pas « Français de souche » qui souffrent de ce racisme larvé, musulmans, immigration, islam, islamisme, islam, migrants, tout se mélange.
Ce voyage dans les pas de Dorothée et de Malek jusqu'à Mansourah le village de son père à la recherche de la vérité m'a apporté un éclairage nouveau sur ce qu'ont subi les Algériens pendant la guerre et pour comprendre leurs blessures. Un récit intime, construit comme un documentaire, poignant et instructif.
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Une belle adaptation, réalisée par un duo espagnol, d'un des romans fondateurs de la science-fiction, accessible dès 12 ans.
Merci à toutes et à tous pour cette aventure collective
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