Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
Après le succès de Darktown et Temps noirs, voici le troisième opus d'une saga criminelle qui explore les tensions raciales au début du mouvement des droits civiques.
Atlanta, 1956. L'ex-agent de police nègre Tommy Smith a démissionné pour rejoindre le principal journal noir d'Atlanta en tant que reporter. Mais alors que le Atlanta Daily Times couvrait le boycott organisé par Rosa Parks à Montgomery, son directeur est retrouvé mort dans son bureau, et sa femme injustement accusée d'assassinat par la police. Qui pourrait en avoir après le principal patron de presse noir d'Atlanta ?
Et qui était-il vraiment ? FBI, flics racistes, agents Pinkerton, citoyens opposés à la déségrégation : beaucoup de monde, en vérité, semble s'intéresser à cette affaire d'un peu trop près. Pour élucider le meu
Dernier ouvrage de cette trilogie.
1956
Le temps a passé pour notre brigade de policiers noirs. Ils ont rejoint les locaux des blancs mais toujours en sous-sol. Ils sont maintenant quinze toujours dirigés par Mc Innis, homme intègre qui les soutient fermement auprès de sa hiérarchie blanche. Ils sont toujours rabaissés, traités de "nègres " , "négros", "cocos" par la classe politique, les flics blancs et leurs concitoyens.
Boggs est marié et à quatre enfants. Tommy Smith avait démissionné suite à un événement tragique que Boggs ne lui avait pas pardonné.
Il est maintenant reporter au grand journal noir Daily Times dirigé par Arthur Bishop.
Il reste un soir dans son bureau afin de finir son article tout en buvant des rasades de son flash d'alcool et finit par s'endormir. Il est réveillé en sursaut par des détonations ainsi que du bruit à l'étage supérieur. Il essaie de sortir de sa torpeur et des vapeurs de l'alcool. A-t-il bien entendu des coups de feu ? Il se précipite à l'étage pour découvrir un homme s'enfuyant et son patron à terre qui va bientôt rendre l'âme. Smith appelle ses anciens coéquipiers car il sait qu'il est dans de beaux draps.
Pour lui commence les interrogations et les coups des flics blancs qui en profitent allègrement en l'accusant du meutre.
Il va être libéré et décide de tout faire pour résoudre cette affaire. Il n'a pas oublié les réflexes de son ancien métier. Il va ruser, contourner, mentir, cacher ses découvertes et agir finement.
Il sera question de politique, communisme, FBI, mafia, promotteurs immobiliers et comme toujours magouilles, mensonges et racisme. On abordera également la relation consentie entre blancs et noirs mais rejetée par la communauté blanche et punie par la corde.
La hiérarchie de Mc Innis va faire pression lui proposant un nouveau poste afin qu'il lâche son équipe..il y a urgence à empêcher son équipe d'enquêter. Tous les moyens sont bons, mais ils ne céderont rien.
C'est tout simplement palpitant et excellent.
Voici le dernier volet de la trilogie écrite par Thomas Mullen, consacrée à l'Atlanta d'après-guerre. Je l'attendais avec impatience car les deux précédents ( Darktown et Temps noirs ) étaient des polars historico-politiques de haute volée. Ce Minuit à Atlanta est clairement de la même qualité, combinant avec brio une intrigue policière dense et une reconstitution précise et brûlante des tensions raciales dans l'Etat sudiste de l'Alabama. Je précise que ce tome se lit très bien indépendamment des autres.
Cette fois, l'intrigue se déroule en 1956 dans un contexte houleux, parfaitement présenté, toile de fond idéale pour dramatiser le récit. La déségrégation scolaire est en marche depuis l'arrêt Brown vs Board rendu par la Cour suprême en 1954, mais son application est freinée par les hostilités déclenchées par ceux qui estiment qu'inclure des enfants noirs dans des écoles de blancs mettra en péril le mode de vie américain. 1955-56, c'est également la montée en puissance de la mobilisation pour les droits civiques depuis l'arrestation de Rosa Parks : émerge figure du jeune pasteur Martin Luther King, originaire d'Atlanta qui devient avec Montgomery l'épicentre de la lutte, au moment où il théorise les procédés de non-violence et de désobéissance civile par le boycott des bus.
A partir de là, Thomas Mullen a imaginé une enquête policière noueuse, complexe et dense, emplie de fausses pistes intelligentes, de faux-semblants révélateurs du terreau social explosif dans ces Etats du Sud. le directeur du seul journal noir influent de la région a été assassiné. Tommy Smith, anciennement un des premiers officiers de police noirs d'Atlanta, devenu journaliste, décide d'enquêter en douce sur la mort de son patron, parfaitement conscient que les enquêteurs blancs bâcleront l'affaire, d'autant plus que l'épouse a été érigé en coupable idéale sans aucune preuve.
Tout va être compliqué, entre le jeu trouble et peu lisible d'agents du FBI, une justice, une police rongées par la corruption et le racisme, des promoteurs immobiliers de mèche avec la mafia, avides de s'emparer de terrains urbains dévolus aux Noirs, sous le regard d'une municipalité complaisante. Mais au-delà de l'intrigue policière impeccable, je retiens tout particulièrement la volonté de l'auteur de ne jamais sombrer dans un manichéisme peut-être rassurant mais peu intéressant. Dans ce troisième volet, Thomas Mullen éclaire avec une acuité extra-lucide toute la complexité de la question raciale aux Etats-Unis : ses liens avec le communisme en pleine chasse aux sorcières mais aussi les tensions qui existaient et existent encore au sein de la communauté afro-américaine, tiraillée entre ses activistes parfois jusqu'au-boutistes et les partisans d'un compromis, entre les privilégiés et la plèbe.
Et puis, il y a ces formidables personnages, tous moralement complexes : Arthur Bishop, le directeur du journal, dont on découvre progressivement les secrets du passé ; Tommy Smith, le flic devenu journaliste, plus idéaliste que ne le laissaient paraître les précédents opus ; et surtout Joe McInnis. C'est lui qui est dans la lumière et c'est tant mieux. Lui le lieutenant blanc qui s'était retrouvé , puni, à la tête du premier département noir de police, d'abord accablé par la fonction, et qui finit par changer au contact de ses coéquipiers noirs au point d'apparaître comme un traître derrière les lignes ennemies. Juste superbe de la voir évoluer dans cet environnement âpre, violent et brumeux.
En fait, Minuit à Paris est tout l'inverse d'une fiction d'évasion qui ne vise qu'une plaisante récréation. Avec son style sobre et sincère, le roman force le lecteur à affronter la laideur du monde, quitte à lui faire bouillir le sang. Remarquable.
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