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Matériaux vivants

Couverture du livre « Matériaux vivants » de Celine Lafontaine aux éditions Editions De La Sorbonne
Résumé:

Les sciences sociales ont récemment pris un tournant « vitaliste ». Sous l'impulsion des enjeux soulevés par les changements climatiques, le rapport au vivant est devenu une problématique centrale des travaux contemporains. Qu'il s'agisse de recherches issues de la sociologie animale, des études... Voir plus

Les sciences sociales ont récemment pris un tournant « vitaliste ». Sous l'impulsion des enjeux soulevés par les changements climatiques, le rapport au vivant est devenu une problématique centrale des travaux contemporains. Qu'il s'agisse de recherches issues de la sociologie animale, des études environnementales ou du large champ des STS, on assiste à un pullulement de travaux ethnographiques portant sur différentes espèces (animales, végétales, microbiennes, fongiques) qui visent à démontrer l'enchevêtrement complexe et l'interdépendance relationnelle qui nous relie à l'ensemble des espèces. Le renouvellement théorique et méthodologique amorcé par le tournant « vitaliste » en sciences sociales s'accompagne, paradoxalement, d'une indifférenciation conceptuelle entre organismes biologiques et artefacts techniques qu'on regroupe désormais sous la notion abstraite de non-humain. Partant du constat que la notion de non-humain procède d'une logique d'indifférenciation qui rend difficilement intelligible la spécificité des matériaux vivants produits dans le cadre de la bioéconomie globalisée (cellules, gamètes, gènes, micro-organismes, tissus, etc), ce numéro propose d'interroger le rapport particulier au vivant induit par la transformation de la biologie en technologie. S'inscrivant dans le prolongement du tournant « vitaliste », les articles regroupés dans ce numéro abordent la question de la spécificité concrète des matériaux vivants, tant du point de vue de leurs caractéristiques matérielles (reproduction, plasticité, adaptabilité, croissance, réactivité, etc) que des imaginaires sociotechniques dont ils sont porteurs. Alors que l'on s'inquiète de la perte de la biodiversité, comment définir et analyser la prolifération toujours croissante d'espèces hybrides et de matériaux vivants produits par les biotechnologies ? L'approche matérialiste qui guide ce numéro vise à ouvrir de nouvelles pistes de réflexions et d'enquêtes sur le statut particulier et les ambiguïtés soulevés par la production et l'usage industrielle de la matière organique.

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