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Enquêter sur la Sacem ? Plus d'une fois, les interlocuteurs d'Irène Inchauspé et de Rémi Godeau ont tenté de les en dissuader. Des conseils en forme de menace voilée (" Vous avez tout à y perdre ") aux procès en irresponsabilité (" Vous faites le jeu des Américains ") et aux fantasmes de persécution (" Mais pourquoi nous détestez-vous tant ? ").
Pas étonnant dans ces conditions que, depuis sa création en 1850, la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique ait largement échappé aux regards et aux questions, et ce malgré son statut d'entreprise privée, certes, mais chargée d'une mission de service public, à savoir répartir le plus équitablement possible les quelque 610 millions d'euros de droits d'auteur générés tous les ans par l'exploitation des oeuvres musicales.
Pourquoi cette opacité ? Parce que la Sacem se situe au confluent de tous les pouvoirs - culturel, économique, politique -, et parce qu'un homme, Jean-Loup Tournier, l'a dirigée d'une main de fer pendant quarante ans, réduisant au silence toute contestation interne et décourageant quiconque de s'y intéresser de trop près - y compris son autorité de tutelle.
Mystères de l'héritage Ravel, des droits des compositeurs juifs pendant la guerre, des coûts de fonctionnement pharaoniques : Main basse sur la musique nous permet d'entrevoir, pour la première fois, quelques-uns de ces secrets si jalousement gardés.
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