"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Vallée de l'Asse. Provence. Été 1965. Il vit dans une station-service avec ses vieux parents. Les voitures qui passent sont rares. Shell ne va plus à l'école. Il est différent.
Un jour, il décide de partir. Pour aller à la guerre et prouver qu'il est un homme. Mais sur le plateau qui surplombe la vallée, nulle guerre ne sévit. Seuls se déploient le silence et les odeurs du maquis. Et une fille, comme un souffle, qui apparaît devant lui. Avec elle, tout s'invente et l'impossible devient vrai. Il lui obéit comme on se jette du haut d'une falaise. Par amour. Par jeu. Et désir d'absolu.
Ma reine est une ode à la liberté, à l'imaginaire, à la différence. Jean-Baptiste Andrea y campe des personnages cabossés, ou plutôt des êtres en parfaite harmonie avec un monde où les valeurs sont inversées, et signe un conte initiatique tendre et fulgurant.
Jean-Baptiste Andrea est né en 1971. Il est réalisateur et scénariste. Ma reine est son premier roman.
Shell est un jeune garçon qui rêve de grandeur dans sa vie étriquée. Un jour, il décide de quitter la station essence de ses parents pour aller à la guerre et devenir un vrai homme. Il va rencontrer une jeune fille comme lui qui va à la fois lui venir en aide mais aussi qu'il va idolâtrer.
Ce roman sur jeune garçon jugé différent nous montre à quel point les jugements faits sont hâtifs sans tenir compte des ressentis des personnes concernées. Shell est rejeté très tôt par le système scolaire pour sa différence mais réussit à s'épanouir à sa manière. La rencontre avec sa Reine va lui permettre de voir le monde différemment mais aussi montrer le poids de son courage et de son obstination face au monde et sa crédulité dans les autres. La plume de JB Andrea suggère ici plus qu'elle ne dit.
Un roman initiatique émouvant
J’ai retrouvé avec plaisir toute la sensibilité de Jean-Baptiste Andrea en lisant son premier roman: Ma reine.
Le narrateur est un jeune adolescent, surnommé Shell. Il croit aux êtres fantastiques et monstrueux, aux démons. Ses pensées se bousculent mais il n’arrive pas à les formuler. Il a du quitter l’école car il n’y avait plus sa place. C’est un être différent, d’une naïveté touchante, mais lucide sur lui même et ses défaillances. Pour échapper à l’institut spécialisé, Shell fugue pour « aller faire la guerre » et devenir un homme.
Le voilà parti à l’aventure, quittant la vallée de ses parents. Non loin de chez lui, il rencontre Viviane qui a le même âge. Pour la première fois il se sent compris et se laisse embarquer dans les jeux symboliques de la jeune fille, qui devient sa reine. Leur montagne se transforme en une terre de candeur et de pureté, un royaume ou les êtres cabossés et inadaptés ne sont pas jugés. Le berger Mattéo, muet à ses heures, complète ce duo avec une belle humanité.
Dans ce livre, Jean-Baptiste Andrea nous fait replonger dans les mystères oubliés de l’enfance et sublime la différence. Le pari était pourtant risqué, de faire tout un roman ou le lecteur se trouve plongé dans les pensées d’un « simple d’esprit ». Mais il le fait avec délicatesse et sans caricature. On se rend compte à quel point les pensées des ces êtres différents peuvent être riches et poétiques. Ils voient la vie différemment et la rendent plus belle. A travers les pensées de Shell, on comprend le pouvoir de l’imagination.
Ce récit qui dégage beaucoup de nostalgie nous emmène, à travers une écriture fluide dans un
conte de fée pour adultes. La vie de deux enfants vivant au Sud de la France, dans l'arrière pays marseillais, nous est contée avec passion, tendresse, mettant en évidence leur différence, leur volonté et l'amour qui peut s'en dégager.
Un conte-roman inoubliable, aux plusieurs degrés de lecture, qui force à réfléchir : à la « différence », à son acceptation et sa gestion (en famille et à l’école). Également aux conséquences des superstitions, ainsi qu’au rôle encore si minimisé du pouvoir parental. Le tout enrobé d’un papier glacé coloré qui brille des mille feux de l’imagination subtile de l’auteur !
Venez découvrir l'intégral de ma chronique sur mon blog littéraire Oh pardon! Tu lisais...
http://ohpardontulisais.canalblog.com/archives/2022/11/30/39729109.html
Shell n’est « pas tout à fait comme tout le monde » et hormis ses parents qui tiennent une station-service sur la route de la Vallée de l’Asse, il ne fréquente personne et est rejeté par les enfants de son âge.
Mais un jour, une réflexion de sa grande sœur menace son quotidien très organisé et le décide à s’enfuir. Pour prouver qu’il a toute sa place dans ce monde, il part à la guerre, celle de la télé, parce que c’est ce que les hommes font.
Mais sa route ne va pas très loin et c’est sur le causse provençal, dans la montagne qui surplombe sa vallée, qu’il croise celle qui deviendra « sa reine ».
Son voyage s’arrête sur ce plateau où il va vivre la plus belle histoire d’amitié de sa jeune vie et découvrir des sentiments et des sensations dont son handicap l’a privé pendant 12 ans.
Plonger dans ce livre, c’est se glisser dans la peau de ce garçon peu ordinaire et c’est enivrant de tant d’innocence et de tant de bonté.
Parce que le monde est bien plus dur qu’il ne le perçoit, Shell ne comprendra pas tout ce qui lui arrive mais ce qu’il percevra de cette jeune fille est d’une beauté et d’une puissance étourdissantes.
Jean-Baptiste Andréa, avec cet éloge de la différence, nous entraîne dans ce monde de l’enfance où l’imagination règne et où tout paraît possible.
Et même si la réalité est tout autre, cette fable poignante nous offre un rayon de soleil dans la noirceur du monde et cela fait beaucoup de bien.
Ce roman multi primé m’attendait depuis trop longtemps.
C’est une voix que j’ai entendue, les mots défilant sous mon regard étaient des notes sur la portée d’une jolie musique.
L’été 1965, sur un plateau de Haute-Provence, deux adolescents vont se rencontrer.
Lui a douze ans, il ne va plus à l’école, car l’école de son village n’est plus adaptée à son cas. Il vit dans une station-service en déclin, avec ses parents vieillissant, il est arrivé quinze ans après sa sœur. Dire qu’il n’était pas désiré est un euphémisme et ses parents sont totalement décontenancés devant sa différence, eux ne connaissent qu’un seul mode d’emploi et celui-ci consiste à nourrir, habiller et laisser grandir à condition d’être dans le rang. Ils sont plutôt taiseux, et isolés, alors un enfant de douze ans n’a pas une vie de son âge.
Mais cela ne le gêne pas, depuis qu’il ne va plus à l’école, il s’occupe, sa gloire c’est de bien remplir les réservoirs des voitures qui s’arrêtent pour faire le plein, mais il y en a de moins en moins, alors les parents ont perdu le label Shell. Seul reste un blouson avec cette effigie qu’il arbore fièrement, et Shell devient son petit nom.
Mais un jour :
« J’ai lâché ma cigarette, elle est tombée sur un tas d’aiguilles de pin. J’ai voulu piétiner le mégot, il a sauté, les aiguilles se sent enflammées comme ça, dans un rire d’étincelles, un énorme rouge et jaune qui m’a pris la chaussure. »
Mettre le feu c’est la goutte de trop et les parents décident de la placer dans une institution.
Alors, il décide de partir à la guerre, parce que la guerre c’est une affaire d’hommes.
Du haut de son jeune âge, son corps lui dit qu’il est un homme, même s’il sait que dans sa tête il n’y a pas tout ce qu’il faudrait.
« Ma tête, au contraire, elle était grande, bien plus grande que celle des autres. C’était le monde qui était petit, et je ne voyais pas comment on pouvait faire rentrer quelque chose de grand dans quelque chose de petit. »
En partant, il allait leur montrer à tous qui il était vraiment.
Mais en route, il perd son sac et la 22 qu’il avait piqué à son père. Il se retrouve dans le nature avec les vêtements qu’il a sur lui et quelques bonbons.
Il finit par s’endormir dans la nature harassé de fatigue et de chagrin. A son réveil, la reine Viviane est là, assise sur un rocher, à l’observer.
La complicité entre les deux va être immédiate. Une seule règle, il doit lui obéir et cela lui convient parfaitement.
C’est ainsi que les lecteurs vont découvrir la vie telle qu’ils la voient, avec leurs yeux d’enfants, leur sensibilité, leur réalité désenchantée au milieu des adultes et ce temps suspendu qu’il s’offre où tout est enchantement.
La force du roman réside dans la restitution de ce monde enchanté de l’enfance, où il faut peu de choses pour être heureux.
Ce regard neuf sur la nature et les sentiments, ces émotions à fleur de peau deviennent la dorure que l’on peint sur un monde plutôt sinistre, gris à force d’exclusion et d’uniformisation.
Ce monde-là est restitué dans toute sa cruauté par les évènements que raconte Shell, la cour d’école et la brutalité des enfants, les roustes reçues quand il n’a pas compris la demande des parents, mais surtout l’insondable solitude qui est la sienne, cette solitude est abyssale et néanmoins acceptée avec résignation.
L’écriture de Jean-Baptiste Andréa nous redonne l’enfance avec cet étourdissement d’un jour chaud d’été, l’ivresse de la lumière et des senteurs, la musicalité du jour où dans le partage la journée s’écoule comme par magie avant que l’enfant s’écroule dans un profond sommeil.
Shell ne se sent plus différent mais où va le mener Viviane ?
Je vous laisse le découvrir.
Les paysages et leur lumière, le chant des oiseaux, le rire des enfants, la poésie qui se dégage de ce roman qui dessine si bien l’enfance m’a mis en tête la chanson de Jean Ferrat Deux enfants au soleil.
« Et c'était comme si tout recommençait
La vie, l'espérance et la liberté
Avec le merveilleux
Le miraculeux voyage de l'amour »
©Chantal Lafon
https://jai2motsavousdire.wordpress.com/2021/12/20/ma-reine-jean-baptiste-andrea/
Ambivalence dans mon ressenti.
D'un côté, j'ai trouvé l'écriture belle, adaptée, juste.
Mais de l'autre, il y a l'histoire, qui me laisse une saveur douce-amère. Ce conte initiatique est terriblement triste. Shell, c'est le surnom du narrateur. Un retard mental fait de lui l'idiot du village. A ses 12 ans, il raconte son été 1965. Il parle de sa souffrance d'être différent, de ne pas avoir d'amis, de ne pas être pris pour un homme. Alors cet été-là, il décide de fuguer, de partir à la guerre, puisqu'il a entendu que ce sont les hommes qui vont à la guerre. Il n'ira pas loin, mais dans les montagnes il rencontre Viviane, dont il en fera sa reine. Une reine qui usera et abusera de son pouvoir. Mais Shell est tellement heureux d'avoir trouvé une amie qu'il se laissera entrainer par Viviane… pour le meilleur et pour le pire.
Entre 1965 et 2020, rien n'a changé. Une différence, qu'elle soit physique, mentale ou autre, fait toujours l'objet d'une interrogation et mène souvent à la dérision. Le récit-là, je le trouve cruel. Trop réaliste. Mais j'ai apprécié d'être dans la tête de Shell, qui essaye d'expliquer avec ses mots ce qu'il vit et ressent. Là-dessus, j'ai vraiment trouvé que l'auteur avait réussi à se mettre à la place de son personnage.
1965. Exclu de l’école pour rejoindre bientôt un établissement spécialisé, Shell, douze ans et différent, décide de prouver qu’il n’est plus un enfant en partant faire la guerre. Sa fugue le conduit dans les hauteurs qui surplombent la station-service où il vit avec ses parents, dans les Alpes de Haute-Provence. Il y fait deux rencontres : une fille de son âge, en qui il ne tarde pas à voir la grande amie qu’il n’a jamais eue et pour qui il serait prêt à tout, et un vieux berger solitaire qui a ses raisons de se faire discret dans le maquis.
Comme dans Cent millions d’années et un jour, les protagonistes de Jean-Baptiste Andrea préfèrent quitter leur triste quotidien dans la vallée et le rude monde des hommes ordinaires, pour courir après leurs rêves et chercher la paix dans la solitude de la montagne. Dans les deux livres, le conte s’avère bien cruel et le prix à payer exorbitant.
L’innocence de Shell nous ouvre les portes d’un univers de tendresse et de fraîcheur, où, le temps d’une parenthèse que l’on sait bien devoir se refermer, comme une sorte de moment de grâce fragile et fugace, s’épanouit un amour pur et lumineux, touchant et merveilleux. Comme on aimerait faire durer ces instants et protéger la candeur de Shell de l’inévitable retour à la réalité ! Mais le serrement de coeur prémonitoire du lecteur se terminera bien dans les larmes.
Shell n’est-il pas l’incarnation de l’enfant tué en chacun d’entre nous, forcé de grandir et de perdre son innocence et ses illusions à son entrée dans l’âge adulte ? La mort est-elle le prix qu’il faut être prêt à payer pour préserver ses rêves ?
Ce premier roman court et poétique, beau et cruel, porte déjà les germes d’une thématique qui semble chère à l’auteur, explorée ici à l’émouvante hauteur d’un enfant plus vulnérable que les autres. Coup de coeur.
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