On aime, on vous fait gagner l’un des titres de la sélection 2017
Printemps 1981, dans une cité d'un «quartier» de Toulouse, un rebeu atypique qui s'idéalise en poète de la racaille escalade une montagne nommée «baccalauréat» : du jamais vu chez les Sarrasins. Sur la ligne incertaine et dangereuse d'une insaisissable identité, le parolier-chanteur de Zebda raconte une adolescence entre chausse-trape et croc en jambes, dans une autofiction pleine d'énergie et de gravité, d'amertume ou de colère, de jubilation et d'autodérision.
On aime, on vous fait gagner l’un des titres de la sélection 2017
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Découvrez la chronique de Yannick pour le roman de Magyd Cherfi
Les chroniques sont en ligne ! A découvrir pour avoir des idées de lecture...
Comme la plupart des gens, je connaissais le chanteur, mais pas l'auteur ; j'ai été agréablement surprise par son histoire, son style aussi ! Tour à tour drôle, émouvant et sérieux, le lecteur passe par toute une palette d'émotions. A découvrir :)
Magyd Cherfi aime tordre, malaxer cette langue et le plaisir qu'il prend à faire sonner les mots est communicatif de la première à la dernière ligne.
Son tour de force, au-delà de ce récit si personnel dans lequel il embarque un quartier et une époque, c'est d'éviter tout simplisme, de surprendre lorsque tout semble aller de soi, de bousculer les préjugés et de faire briller cette humanité dans tout ce qu'elle peut porter de contradictions, de joie et de douleur.
Ce livre est un ode à la culture mais aussi à la France et à ce que ce pays a pu lui apporter. Pour autant, Magyd Cherfi ne fait pas preuve d'idéalisme et égratigne ce système scolaire qui met les siens dans un carcan. L'ensemble est enlevé, souvent drôle, parfois touchant. J'ai parfois ri aux éclats, ce qui ne m'arrive pas si souvent. J'ai aimé l'accent toulousain de l'auteur et la lecture qu'il en fait et je n'aurais sans doute pas autant apprécié ce livre en version papier.
Pour moi, ce livre est une déclaration d'amour plutôt courageuse envers son pays d'accueil.
« J’étais dans ma cité comme un magicien des mots et m’en léchais la plume. » Magyd Cherfi sait régaler son auditoire comme nous avons pu le vivre aux Correspondances de Manosque, mais il sait aussi toucher son lecteur à l’écrit, dans "Ma part de Gaulois", récit dense et vivant qui avait bien sa place dans une première sélection pour le Prix Goncourt.
Exclu par la majorité des autres garçons de la cité, pas désiré au foot par ces copains qui parlaient mal et le traitaient sans cesse de « pédé », il lui restait les filles et cette langue française qu’il apprivoisait goulûment : « J’entrais dans la tribu de chez Clovis tel un canasson dans la ville de Troie. »
Pas facile de faire sa place à l’école : « Les hussards d’alors, encore en blouse grise et infectés de vocation républicaine, découvraient en ce début des années 1970 le fils d’immigrés suivi de son géniteur hébété, le bicot. » Sincère jusqu’au bout, Magyd Cherfi permet de comprendre tout ce que notre pays a raté au cours de ces années : « Nos ancêtres étaient Gaulois... Le croirez-vous ? On a aimé !... On ne savait rien de l’Algérie si ce n’est la guerre d’Algérie… On a été français un temps, le temps de la petite école qui nous voulait égaux en droits… On a aimé Jésus qu’avait le cœur sur la main, on a aimé Noël, Pâques et Mardi Gras, que des fêtes sympas… »
Hélas, le rêve ne dure pas. Dès que Magyd passe la porte de l’école, il est renvoyé à l’origine de sa famille. En fin de cinquième, « les « Arabes » basculaient sans s’en apercevoir dans la section atelier… » Les plus âgés, ceux qui n’ont pas aimé l’école et l’ont rejetée mènent la vie dure à ceux qui tentent de réussir et Magyd entraîne son lecteur jusqu’au bout du livre avec un personnage essentiel : sa mère, « la gardienne du temple, mon monstre moitié ange, moitié démon… ».
Elle veut que son fils aille jusqu’au bac et qu’il réussisse. Il sera le premier du quartier à l’obtenir après avoir surmonté beaucoup d’obstacles. Il écrit du théâtre pour son petit groupe d’amis avec Hélène, Samir, Momo, Bija, Hakima, Agnès alors qu’il faut éviter les coups de Mounir, de Fred le gitan ou du gros Saïd.
N’empêche qu’ils font du soutien scolaire avec deux dizaines d’enfants de 6 à 14 ans et que la chanson, le rock’n’roll l’attirent. Pour l’instant, leur trajectoire semble tracée : « Samir se voit en Jaurès des banlieues, moi en Hugo des prolétaires et Momo en Raimu multicolore. » Quant à ce qui attend les filles arabes, l’auteur n’en fait pas mystère, même s’il lutte pour que ça change.
Pour le théâtre, la scène au Conservatoire de Toulouse est mémorable. Enfin, le bac est décroché : « Je me sentais quelqu’un d’autre, en tout cas quelqu’un tout court. » Le retour dans la cité est un grand moment et ses parents n’hésitent pas à sacrifier un mouton pour inviter tout le quartier !
Devenu enfin lui-même, il choisit la carrière artistique et non docteur ou ingénieur comme tout le monde lui demande : « En devenant Magyd, j’ai juste récupéré ma part de Gaulois. »
Chronique illustrée à retrouver sur : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
Début des années 70 dans les quartiers Nord de Toulouse, le jeune Magyd Cherfi apprend le "double mensonge" : laisser croire que le "nous" de ses instituteurs l'englobe et le comprend ; feindre de partager la colère et les refus de ses copains de la cité. Ce qui devient de plus en plus difficile lorsqu'il est le premier arabe de la cité à atteindre la terminale et à espérer obtenir le bac, ce sésame de l'intégration pour l'orgueil d'une mère. Entre les insultes et les coups de ceux qui considèrent la langue comme l'arme insidieuse des colonisateurs et la condescendance apeurée des habitants des beaux quartiers, il avance sur le fil ténu des valeurs qu'il s'est lui-même forgées. "Ma part de Gaulois" c'est la chronique de ces années-là, vivante, énergique, mais teintée de gravité par toutes les interrogations qu'elle soulève sur l'intégration, sur le frottement délicat des cultures et les étincelles qui en surgissent, prêtes à allumer des brasiers. Comment trouver une place lorsqu'on est fils d'immigré algérien, fils de "bicot" ? Comment aimer manier les subtilités de la langue française, sans renier celle des pères et sans faire allégeance aux triomphateurs ? Soutien scolaire, écriture de poèmes, défense des jeunes filles étouffées, musique et théâtre... sont autant de façons de repousser la fatalité, d'entrebâiller les murs des quartiers.
L'écriture est chatoyante, mariant avec jubilation la syntaxe primaire des uns avec les circonvolutions élaborées de la langue classique. Ce métissage fécond, rempli d'images et d'autodérision, laisse percer la mélancolie de ce qui aurait pu être et n'a pas été, le regret d'une rencontre avortée que l'on ne peut que mettre en perspective avec la réalité dramatique des banlieues aujourd'hui. La vivacité et l'authenticité du récit m'ont séduite. Le point de vue lucide et original de Magyd Cherfi me semble se démarquer des discours habituels au sujet des banlieues et de l'intégration. Sans en occulter les paradoxes, les contradictions et les difficultés, il donne chair et vie à ce "vivre ensemble", trop souvent limité à une vision angélique ou apocalyptique de la réalité. Un récit qui transmet toute la vitalité d'une génération que l'amertume des espoirs déçus n'a pas encore desséchée.
En 1981, les sondages donnent Mitterrand vainqueur de l'élection présidentielle et dans les quartiers Nord de Toulouse, on tremble. Pour les émigrés algériens, il est avant tout l'homme qui a crée les conditions légales de la torture en Algérie, il déteste les arabes, il va sans doute les renvoyer au pays. Mais pour Magyd, 1981, c'est surtout l'année du bac. Après des années à subir les quolibets des gamins de la cité, le nez dans les livres, la consécration est au bout du chemin. Une grande première dans ce quartier où l'échec scolaire est la norme, le CAP la seule voie proposée. C'est sûr, Magyd sera docteur ou ingénieur !
Dans un roman largement autobiographique, Magyd Cherfi, le parolier et chanteur du groupe Zebda raconte ses années de jeunesse dans une cité des quartiers Nord de Toulouse, l'histoire à la fois personnelle et universelle d'un jeune beur coincé entre deux cultures, deux modes de pensée, deux mondes. Tiraillé entre ses origines kabyles et sa ''part de gaulois'', Magyd grandit dans le double giron de l'école de la République qui prône l'intégration et l'égalité des chances et celui de sa mère qui a mis tous ses espoirs sur la tête de son rejeton le plus doué. Mais dans la cité, aucune protection, si on aime les études, les livres, la langue française, on est un traître, un pédé, à la botte des français : pas de partie de foot avec les copains mais des insultes et des tabassages en règles. Mais Magyd fait front. Il crée une association de soutien scolaire, anime un club de théâtre, milite pour l'égalité des sexes. La cité telle qu'il la décrit est un mélange entre les les amitiés solides, les liens crées par un parcours commun, une certaine joie de vivre méditerranéenne, des fêtes partagées et le mal de vivre de la deuxième génération qui n'a pas su ou pu trouver sa place dans une société française aveugle à la misère des banlieues, le repli sur soi, le communautarisme, la drogue, la violence. Magyd Cherfi se qualifie de schizophrène, résumant là les difficultés de ceux qui comme lui sont nés en France, sont français et que l'on renvoie sans cesse à leur condition d'''arabes''. On sent chez lui ce tiraillement entre ses deux cultures mais aussi le désir de pouvoir les concilier en étant tout simplement lui-même, ou un arabe ou un gaulois ou un beur ou un maghrébin ou un fils d'immigrés ou un français issus de l'immigration ou tout cela à la fois.
Chronique douce-amère qui n'occulte pas le côté sombre des cités avec la violence, surtout celle faite aux femmes, la délinquance, le rejet de la France, Ma part de gaulois et aussi un hymne à la jeunesse, à l'espoir, à l'accomplissement de soi, à l'amour maternel, à l'amitié, à l'intégration sans le renoncement à ses racines, à la France multiculturelle.
Écouter Zebda autrement
un thème très intéressant. Je me suis jetée sur le livre mais le langage qui me faisait sourire au début du livre m'a très vite lassé.... Ce n'est donc pas un coup de cœur pour moi...
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