Dans la petite ville serbe de Novi Sad, proche de la frontière hongroise, entre 1939 et 1945, une poignée d'habitants, liés entre eux par des relations de parenté ou de voisinage, vont être emportés par l'ouragan de l'Histoire.
Il y a là des Serbes, des Allemands, des Hongrois - chrétiens, juifs ou demi-juifs. Tous ont en commun d'appartenir à l'humanité moyenne. Aucun d'eux n'est un héros. Si certains trempent dans l'abjection, c'est par faiblesse ou pour compenser une humiliation antérieure plutôt que par une disposition foncière au mal. Les plus inquiétants d'entre eux ne sont que les jouets pitoyables de forces qui les dépassent.
Alexandre Tisma n'écrit par l'Histoire à la manière des vainqueurs. Dans la lignée de Tchekhov, qui ne voit l'homme que de tout près, il s'attache plutôt à témoigner du drame personnel, à éclairer une vérité intime, qui ne se réduit pas à la vérité générale. Il trace cette ligne de partage imperceptible qui sépare innocents et coupables, victimes et bourreaux, confondus dans la même tragédie. Tisma nous immerge dans la substance impure de la vie humaine.
Cependant, L'Usage de l'homme ne se borne pas à être une méditation sur le noyau irréductible de l'être humain, sur l'ultime rempart de la résistance humaine au mal sous toutes ses formes, sur ce qu'on ose à peine nommer espoir.
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