Il n'est pas trop tard pour les découvrir... ou les offrir !
Par l'auteur de Sous le règne de Bone, De beaux lendemains et American Darling, le grand roman du nouveau désordre sexuel, à l'ère d'Internet et de la pornographie en ligne, à travers le personnage d'un jeune délinquant sexuel incarnant l'enfer d'une addiction aussi particulière que largement répandue et le supplice de l'exclusion qui peut la sanctionner. Une réussite romanesque éblouissante.
Le Kid, 21 ans vit sous un viaduc avec son iguane dans une tente, dans une zone excentrée de Calusa où sont regroupés les délinquants sexuels en tout genre qui ont interdiction d'approcher le centre ville susceptible d'abriter des enfants. Il porte un bracelet électronique qu'il doit recharger afin d'être localisé par les autorités.
L'auteur nous trace un tableau de ces laissés-pour-compte et nous explique pourquoi ils en sont arrivés là. Une réflexion forte sur les dérives de la Société Américaine. Tirée d'une histoire vraie, l'auteur appuie sur les aberrations du système.
Un livre magistral qui nous amène à réfléchir sur les dérives sécuritaires, la façon de traiter et de réinsérer les délinquants.
Le roman s’ouvre avec Kid, vingt et un ans, récemment condamné pour crime sexuel. Il ne doit plus s’approcher à moins de 800 mètres de tout lieu où se trouvent des enfants, et est entravé par un bracelet électronique de localisation. Héros peu attirant ? Et pourtant, quand on apprend le réel motif de sa peine, et que l’on découvre ce que fut son enfance , le jeune homme gagne des galons en sympathie.
Cependant sa solitude et sa liberté surveillée limitent ses possibilités au quotidien. Il n’a d’autre choix que de squatter un terrain vague au dessous d’un pont, où se sont réfugiés d’autres parias, pour les mêmes raisons, parfois beaucoup plus graves.
L’irruption du Professeur, un personnage énigmatique va bouleverser sa vie.
Outre le fait de pointer du doigt les aberrations du système de justice et de répression aux États-Unis, Russel Banks magnifie deux personnages uniques, solaires, qui maintiennent une tension de lecture constante, sans temps morts. Son appétence pour mettre en lumière les plus déshérités, les oubliés du système est encore un fois au premier plan.
La langue est belle, le lien avec les personnages met peu de temps à se mettre en place, et l’auteur sait parfaitement faire avancer l’intrigue pour maintenir l’attention jusqu’au bout. Les descriptions de paysages sont dignes des plus belles pages de nature-writing.
Doit-on voir dans le dernier personnage qui entre en piste, un
double de l’auteur ?
Merci à la Caverne des lecteurs et à Jérôme pour nous avoir proposé
une fois de plus une très belle lecture
443 pages Actes Sud 14 mars 2012
Traduction (Anglais): Pierre furlan
Russell Banks signe un roman passionnant. Dérangeant aussi car il aborde des sujets délicats, pointe du doigts certaines des failles de nos sociétés contemporaines. La misère, sous toutes ses formes (économique, sociale, sexuelle), est le terreau de la plupart des déviances. L’isolement, le repli sur soi que, paradoxalement, peuvent engendrer ou favoriser les nouvelles technologies, sont des questions d’actualité brûlantes auxquelles toutes et tous sommes amenés à réfléchir.
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Addict au porno et à la masturbation depuis la pré-adolescence, le Kid, à peine plus de 20 ans, a été condamné comme délinquant sexuel pour avoir fait des avances à une mineure sur Internet. Il doit porter un bracelet électronique et ne peut pas vivre à moins de huit cents mètres d'un lieu fréquenté par des enfants. Il vit, survit, sous un viaduc autoroutier, en compagnie d'autres délinquants sexuels en semi-liberté.
Un jour, il suscite l'intérêt du Professeur, sociologue universitaire atypique, qui s'intéresse au Kid dans le cadre de ses travaux sur les sans-abri, et qui développe une théorie de rupture sur la ré-insertion des délinquants. Le Professeur prend peu à peu le Kid sous son aile. Mais des zones d'ombre apparaissent. Où se cachent les vérités du Professeur, et quelles sont-elles ?
Banks a situé son roman en Floride, dans une ville, Calusa, et un marais, le Grand Marais de Panzacola, imaginaires, mais dans lesquels on n'a pas de mal à reconnaître Miami et Les Everglades.
Le roman s'intéresse à l'âme égarée du Kid (comment et pourquoi en est-il arrivé là ? Comment peut-il s'éveiller à une vie plus normale ?), et à celle plus complexe du Professeur (un génie dans son domaine de recherche, mais lui aussi avec ses failles, ses ombres et ses secrets, qu'on ne décodera vraiment qu'à la toute fin du livre). La "normalité" n'apparaît que dans les derniers chapitres, lorsque le Kid rencontre Cat et Dolorès, loueurs de bateaux dans le marais et l'Ecrivain, en reportage pour un magazine new-yorkais. Ils aideront le Kid à voir plus clair en lui.
La société américaine en prend également pour son grade, dans la manière dont elle ôte toute chance de ré-insertion aux délinquants : ils ne sont plus en prison, mais leurs libertés de manoeuvre sont tellement restreintes que c'en est presque pire.
Le sujet et les personnages sont très intéressants. L'histoire est bien construite et racontée, entretenant le suspense sur la suite. Dommage qu'il y ait quelques longueurs et lourdeurs qui nuisent à la dynamique de lecture. Russel Banks m'avait habitué à mieux...
L’histoire tourne autour de deux personnages principaux : un professeur d’université et le Kid, un adulte à peine sorti de l’adolescence et condamné pour crime sexuel aux Etats-Unis, condamné à vivre à l’écart de la société puisque la législation dans son état impose qu’il vive à plus de 800 mètres de tout lieu accueillant des enfants, et condamné à vivre à la rue avec les autres reclus, le fichier des délinquants sexuels étant public et aucun propriétaire n’acceptant de le loger. Je ne sais pas dans quel genre ranger ce roman : il se situe pour moi à mi-chemin entre le thriller et le roman social. Le côté « thriller » est bien mené, on ne comprend pas tout à fait qui est cet énorme professeur, ni ce qu’il veut au Kid. On ne sait pas non plus exactement pourquoi ce jeune homme a été condamné, et on apprend à connaître les personnages sans les connaître vraiment : alors qu’on croit les cerner à peu près, l’auteur nous livre une nouvelle information, et les cartes sont rebattues. Le côté « roman social » est aussi très intéressant, et l’auteur insiste sur l’exclusion imposée à ceux déjà exclus, et pousse à interroger la manière dont la société laisse croupir à sa marge ceux qu’elle n’arrive pas à (ou qu’elle ne veut pas) intégrer.
Une belle réussite !
Excellent livre. J'avais déjà lu et apprécié plusieurs Russell Banks, mais celui-ci est encore au-dessus du lot. Le thème : comment la société crée, à partir de pas grand chose, un exclu, étiqueté comme monstre. Il s'agit ici de la société américaine, sans doute plus extrême (sur l'argent, sur le sexe...) que la nôtre, mais l'histoire de Kid pourrait aussi être tranposée ici. Très beau titre.
En même temps, je lisais notre Goncourt national "L'art français de la guerre". Qui me tombait des mains, bien sûr. Pauvre France, diraient certains !
C'est à l'occasion d'une émission sur France Inter, que j'ai découvert cet auteur américain. J'ai tout simplement dévoré son dernier ouvrage.
Russell Bank s'est fait le porte parole des laissés pour compte et des marginaux de la société américaine.
Dans son nouveau roman, il part d'une situation réelle pour dresser un roman d'une grande sensibilité.
"Lointain souvenir de la peau" raconte l'histoire du Kid, un gamin qui se retrouve avec d'autres délinquants sexuels comme lui obligés de vivre au marge de la société. Fichés, porteurs d'un bracelet électronique, ils ne peuvent pas vivre ou s'approcher à moins d'un kilomètre d'un lieu où se trouve des enfants. Cela ne leur laisse pas beaucoup de solutions. ils vivent alors comme ils peuvent à l'abri d'une bretelle d'autoroute qui dessert des iles. sans la nommer l'auteur place son action à Miami.
A partir de ce point de départ, Russell banks amène son principal protagoniste à rencontrer un professeur d'université, c'est alors l'occasion pour nous de découvrir petit à petit qui est vraiment le kid, d'où il vient, de quel crime est-il vraiment responsable ?
Ce livre parle tout simplement de relations humaines, et il en parle très bien.
Une société en plein dysfonctionnement crée nécessairement une multitude de dysfonctionnement... mais après avoir créé un monstre (en l’occurrence, un délinquant sexuel), qu'en faire ? l'enfermer ? le castrer ? le laisser à l'extérieur mais en faire un paria ? n'en est-il pas de même des obèses ? ... Sexe et nourriture. Mais caché tout à l'arrière, il n'y a que l'envie de faire de l'argent sur le dos de pauvres gens.
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