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L'idiotie en politique ; subversion et néo-populisme en Italie

Couverture du livre « L'idiotie en politique ; subversion et néo-populisme en Italie » de Lynda Dematteo aux éditions Maison Des Sciences De L'homme
Résumé:

Le 5 avril 1992, un "tremblement de terre" secoue l'Italie : les résultats des élections signent l'arrêt de mort de la Démocratie chrétienne au pouvoir depuis 1945. S'interroger sur ces résultats revient à s'interroger sur la percée de la Ligue du Nord qui n'est alors qu'un "objet politique non... Voir plus

Le 5 avril 1992, un "tremblement de terre" secoue l'Italie : les résultats des élections signent l'arrêt de mort de la Démocratie chrétienne au pouvoir depuis 1945. S'interroger sur ces résultats revient à s'interroger sur la percée de la Ligue du Nord qui n'est alors qu'un "objet politique non identifié".
En se proposant d'étudier le "phénomène Ligue" dans les vallées de la Bergamasca, Lynda Dematteo nourrissait l'ambition d'identifier les racines locales de l'idéologie leghista. Sans se décourager face au repli identitaire, il lui a fallu trouver des interlocuteurs autres que ceux du discrédit ou de la langue de bois.
L'idiotie politique de Umberto Bossi, le leader de la Ligue, fut, pour ainsi dire, la clé de son succès : son inexpérience a séduit des citoyens désabusés, initialement étrangers aux idées autonomistes. Son comportement s'apparente, en effet, à celui du bouffon de la tradition : il ne respecte rien ni personne, pas même le pape, son irrévérence est à la mesure de l'irresponsabilité qu'on lui prête et ses attaques sont d'autant plus efficaces qu'elles visent les institutions les plus respectées. Avec lui, la pratique politique est essentiellement du spectacle.
En suivant des militants, l'auteure a, peu à peu, acquis le sentiment d'être confrontée à des manifestations contre-structurelles. Faire de ce qui n'avait été qu'une "fuite par le rire", l'objet du questionnement ethnographique s'est révélé riche de perspectives. Dans la Ligue, la réalité dépasse la fiction, aussi satirique soit-elle. La position de l'auteur a donc été de rependre ce mouvement peu au sérieux mais ses manifestations parodiques tout à fait. Adoptant cette ligne ethnographique, elle a pu se prémunir contre le spectacle indépendantiste des leghisti. Créer une "Padanie" n'est en réalité qu'une vaste farce subversive de très mauvais goût et une farce d'impuissance où se joue une revanche symbolique. L'idiotie en est le ressort. On pourrait penser que les militants, sincèrement engagés dans cette entreprise de construction identitaire, sont des "idiots utiles" ou même des idiots tout court, mais ils sont engagés sur un mode ludique et jouent de leur idiotie, au nez et à la barbe de leurs détracteurs, ceux qui croient encore à l'action politique.

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