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L'Honneur de la tribu"Il faut que vous sachiez que la Révolution ne vous a pas oubliés, nous déclara-t-il à son arrivée. Nous ne savions pas alors ce qui nous attendait"Ainsi s'ouvre ce récit, par la voix d'un vieil homme qui, pour l'honneur de sa tribu, entreprend de raconter l'histoire - devenue presque mythique - de sa communauté, des débuts de la colonisation française en Algérie à ces jours de honte qui voient la destruction de son âme par ceux-là mêmes qui prétendent, autoritairement, lui forger un nouveau visage.Histoire terrible, histoire exemplaire, comme celles que racontent les romans de Rachid Mimouni. Quelques années après sa disparition, l'oeuvre de cet homme qui fut paisible et silencieux fait résonner une parole forte et plus que jamais nécessaire dans la lutte contre l'intolérance et la barbarie.Rachid Mimouni est né en 1945, à Boudounaou, à l'est d'Alger, d'une famille de paysans. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages dont Le Fleuve détourné, Une peine à vivre et La Malédiction, Il est décédé à Paris en 1995.
Un vieil algérien raconte l'histoire de son village, avant, pendant et après la colonisation. Un village de paysans créé il y a fort longtemps et qui vivait dans le respect de traditions issues de ses lointaines origines. Un village trop misérable pour attirer les colons.
Vient l'indépendance, et le village se retrouve confronté au retour des immigrés chassés de France et à la bureaucratie de la nouvelle administration, qui veut construire là une ville.
L'environnement changeant bouleverse la vie du village, mais certains notables locaux, ou leurs descendants, ne sont pas en reste, n'hésitant pas à trahir leurs familles et leurs proches pour une place au soleil de l'indépendance...
Dans l'Honneur de la tribu, Rachid Mimouni dépeint l'Algérie des campagnes pauvres, peu marquée par la colonisation car pas assez attractive pour les colons. L'indépendance est alors un bouleversement tragique, marqué par la réinstallation de ceux qui ont tout perdu, mais aussi par les ambitions d'un pouvoir qui veut rejoindre à marche forcée ce qu'il considère comme une "ère moderne". Le livre, qui pouvait passer pour un conte, devient alors une critique virulente des politiques collectives, mais également de certains comportements individuels, dans l'immédiat post indépendance.
Le livre n'est pas des plus faciles d'accès. Cela tient évidemment à l'écriture de l'auteur, riche et brillante mais qui ne se dévoile pas aisément. Cela tient aussi aux partis pris de narration : les sujets de fond ne sont pas abordés de face. Le narrateur tourne autour du pot, s'en éloigne, y revient, sans s'en cacher. Il faut donc atteindre les dernières pages pour avoir en main toutes les clés, du moins toutes celles que Rachid Mimouni a choisi de nous donner...
Un conte sombre sur la mort des traditions dans un monde qu'on veut moderniser à marche forcée.
Chronique illustrée : http://michelgiraud.fr/2021/05/02/lhonneur-de-la-tribu-rachid-mimouni-robert-laffont-quand-les-traditions-se-heurtent-a-la-modernite/
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