"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Automne 1972. Howard Kirk est un activiste bien connu, professeur de sociologie à l'université, pédagogue révolutionnaire : un homme libre et moderne. Il publie des livres à succès sur la fin des valeurs traditionnelles, couche avec ses collègues et ses étudiantes, organise des fêtes désorganisées, persécute les réactionnaires, et ne fait pas confiance aux gens de plus de trente ans.
Mais cette rentrée s'annonce trop calme et consensuelle à son gout : l'université a besoin d'action. Et son indignation a besoin d'une cause. Il fait donc courir la rumeur que l'université veut inviter le professeur Mangel, un grand généticien honni des radicaux, à donner une conférence. La rumeur enfle, les débats s'enveniment, et Mangel se voit effectivement invité. Howard Kirk va pouvoir briller, faire interdire cette conférence, et devenir, enfin, le plus radical des radicaux.
« Qui est Hegel ?
- Quelqu’un qui a condamné l’humanité à l’Histoire.
- Il savait beaucoup de choses ? Il savait tout ? »
Günter Grass
Un monument !
La pierre angulaire d’une littérature hors pair.
« L’homme à Histoire » est un récit de haute intelligence. Tout se passe en automne 1972 en Angleterre. L’évènementiel se calque à la réalité ou pas. On ressent un auteur futé qui se glisse dans cette fiction résolument captivante. Howard Kirk est un professeur de sociologie côté ville à l’université de Watermouth. La trentaine, engagé, radical, il a un besoin impérieux d’être en lumière. D’aucuns se doivent d’être en accord avec ses idées.
« Il a besoin de revenir, d’intervenir, dans ces narrations plus larges, plus grandes, plus éblouissantes que les narrations nourries par l’Histoire. »
sa femme Barbara, brillante, intellectuelle est une femme au foyer malgré le même parcours qu’Howard. On comprend vite que sous ses faux-airs et le corpus de ce couple libre elle est malheureuse.
« Barbara, elle, est restée domestique, mais la domesticité est une évasion pour les gens comme les Kirk. »
Ils vont organiser une grande fête imprévisible. Inviter le microcosme sociétal, l’onde de choc à l’Histoire. Des étudiants (es), aux amis (es), professeurs et maîtresse et tutti quanti. D’aucuns ne se connaissent forcément. Howard et Barbara sont fidèles à eux-mêmes. Howard le témoin critique du monde et Barbara celui de l’intendance. Cette fête pavlovienne et automnale est un enjeu presque vital pour ce couple somme toute en besoin constant d’être confrontés avec leurs idéaux.
« En définitive les kirk devinrent un couple connu, ils étaient un attribut de la nouvelle génération d’enseignants, et l’un des foyers les plus animés de cette culture qu’ils faisaient vivre. »
Howard activiste, ressent le besoin de bouger d’un cran les diktats de l’université trop lisse à son goût de réactionnaire. Il va subrepticement faire courir une rumeur qui va s’avérer être un tsunami. Le professeur Mangel, le grand et controversé généticien est invité par l’université afin d’honorer une conférence.
« Je crois que certains d’entre-nous ne se rendent pas du tout compte du problème, dit Roger Fundy à l’adresse de la tablée. Le problème est que la génétique n’est pas une science innocente. C’est un domaine chargé, lourd d’implications sociales très profondes, et où il faut prendre garde de tirer des conclusions aux relents racialistes. »
L’Histoire s’invite autour de la table, un vote. Howard est enfin son ultime sommet, en position d’écouter les bruits sourds des divergences. L’université, l’antre critique du monde.
Ce roman est un kaléidoscope dont la construction surdouée est un modèle atypique. Comble de répétitions, de maîtrise, des Sciences humaines appliquées, des tels degrés signifiants qu’il est à lui seul un outil pour les littéraires.
« Oh, bien sûr, dit Misse Callendar, vous êtes un homme à Histoire . »
ce roman est une porte ouverte sur les psychologies, les convictions, les traits de caractère. Ce pourrait être un huis-clos universitaire et familial. Ce parchemin est aussi celui d’un homme à tiroirs.
« Comment va la famille ? C’est une question sérieuse et exigeante qui concerne l’univers entier ; et Flora cherche une réponse universelle. »
« L’homme à Histoire » dont la maturité du style laisse sans voix est aussi un roman social, les croisements des destins, l’Histoire qui détourne le fictionnel (ou l’inverse) dont on pressent Malcom Bradbury toujours en lutte de vérité.
Une postface « Le Prince des Sots » par David Lodge : « La droite radicale était en pleine ascension, et ses experts ont vu dans L’homme à Histoire la confirmation que les universitaires de gauche corrompaient l’âme de la jeunesse…. » Une postface éclairante et superbement habillée.
Traduit avec perfection par Guillaume Mélère. Publié par les majeures Monts Métallifères Éditions. Incontournable, un chef-d’œuvre, du Grand Art.
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