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Dans un essai qu'il lui a consacré, le grand romancier et poète D.H.
Lawrence dit de Crèvecoeur qu'il est " le prototype émotionnel de l'Américain ", alors que Benjamin Franklin en est " le prototype pratique " ; il ajoute ceci : " Benjamin est passé à côté de la Naturé américaine, tandis que le Français Crèvecoeur l'a découverte, et ceci bien avant qu'Emerson et Thoreau ne s'y intéressent.
Mais qui est donc l'auteur des Letters of an American Farmer ? Michel-Guillaume-Jean de Crèvecoeur naquit à Caen en 1735, dans une famille appartenant à la petite noblesse terrienne normande.
Suite à un amour malheureux, il s'embarqua pour les Amériques, où il s'établit comme fermier après avoir été soldat puis commerçant. Devenu sujet de l'Empire britannique, Hector St John alias Crèvecoeur rassemble ses souvenirs dans des lettres qu'il écrit en anglais durant les années 1770, décennie cruciale qui voit les Américains se séparer politiquement de l'Angleterre. Ces douze lettres fourmillent d'informations sur tout ce qui s'offre à la curiosité de leur auteur, comme par exemple les moeurs des insulaires de Nantucket, un combat entre serpents, la vie des esclaves des Provinces du Sud ou la pêche à la baleine au large du Massachusetts.
Et cela sans autre ambition que de décrire à sa façon cet "asile de la liberté, berceau de futures nations et refuge des Européens affligés" qui fascine tant ses contemporains.
Crèvecoeur définit avec passion ce qui fait la particularité d'un Américain, mettant l'accent sur le travail comme valeur primordiale ; où qu'elle se niche, l'activité, l'"industrie" provoque son admiration : il fait même ses délices de l'ardeur d'un colibri ! L'auteur nous fait aussi partager son expérience personnelle au milieu des luttes qui déchirent son pays d'adoption : contraint de quitter sa ferme, il envisage non sans crainte, dans son ultime lettre, de s'intégrer à une tribu indienne en compagnie de sa famille.
Ce précieux témoignage sur la jeune civilisation américaine rencontra un vif succès lors de sa publication en 1782, et enchantera toute l'école romantique anglaise, Coleridge et Shelley en tête.
Après un siècle de sourcilleuses allégories puritaines, le chef-d'oeuvre de Crèvecoeur marque une étape importante dans l'histoire de la littérature américaine, puisqu'il est un des tous premiers exemples d'une prose à la fois instructive et vivifiante, à notre avis beaucoup plus divertissante que l'autobiographie de Benjamin Franklin. Nous en proposons ici une traduction nouvelle, qui tente de restituer au plus près les émotions de l'auteur face à la Nature et à ses habitants.
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