« Je vous ai dit que tous les Français ne perdaient pas entièrement l'esprit critique, il était fatal qu'ils l'appliquassent à étudier l'homme qui se posait en sauveur et qu'on leur érigeait en idole. Ah ! Monseigneur ! que n'étiez-vous parti plus tôt ! ah ! pourquoi la mort n'a-t-elle pas consacré votre gloire avant que le juste fondement de celle-ci eût été mis en doute ! » Ces mots acérés, adressés au maréchal Pétain, figurent dans l'une des lettres inédites rassemblées ici. Leur auteur, Jules Puech (1879-1957), un intellectuel engagé, pacifiste, féministe, ancien poilu, s'appuie sur les propos de son « général » devenu un « vieillard stupide » et « factieux », pour mieux en montrer les contradictions et la traîtrise. Il condamne sans appel le chantre de l'« ordre nouveau », sa subordination aux Allemands et sa politique anti-juive répugnante. Il s'en prend aussi aux fidèles de Pétain, pour les convaincre de la nocivité de ses « amis » : agitateurs d'extrême droite, chefs de ligues, comploteurs contre la République.
La personnalité, la culture et le talent de Jules Puech, républicain convaincu, font de ses lettres des documents uniques : l'argumentation contre le maréchal et son triste entourage est celle d'un esprit brillant et lucide, son ironie féroce, son style maîtrisé et les références aux figures du passé servent très efficacement cet appel au réveil républicain, qui résonne étrangement aujourd'hui.
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