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Lettres à Sophie

Couverture du livre « Lettres à Sophie » de Nicolas Freret aux éditions Coda
  • Date de parution :
  • Editeur : Coda
  • EAN : 9782849670569
  • Série : (-)
  • Support : Papier
Résumé:

" Le bonheur que promet la religion, de quelle qualité est-il ? Consiste-t-il dans l'action, dans le repos ? Dans l'ignorance absolue, ou dans la connaissance claire de certaines vérités satisfaisantes dont la vision suffit pour rendre heureux ? C'est ce qu'on ne sait pas encore. Je peux donc le... Voir plus

" Le bonheur que promet la religion, de quelle qualité est-il ? Consiste-t-il dans l'action, dans le repos ? Dans l'ignorance absolue, ou dans la connaissance claire de certaines vérités satisfaisantes dont la vision suffit pour rendre heureux ? C'est ce qu'on ne sait pas encore. Je peux donc le supposer tel qu'il me plaira d'imaginer. S'il consiste dans l'action, cette action doit avoir une fin, sans quoi elle serait une extravagance. Mais si le bonheur des justes est l'action, quel nom donnerait-on à la prérogative dont jouiraient certains êtres qui auraient la faculté de parvenir à n'importe quel but sans se mouvoir ? Le bonheur des saints gisant dans l'action n'est au plus qu'un plaisir dont l'usage est conditionnel, et, par conséquent, un plaisir imparfait. Or des êtres glorifiés par un dieu doivent être doués de toutes facultés dans le degré de la plus haute perfection. S'ils ne le sont pas, Dieu ne les a pas gratifiés des qualités les plus excellentes. Peut-être le repos perpétuel est-il la félicité dont jouissent les bienheureux. Mais un repos perpétuel, si l'on prend ce mot strictement, n'est point un bonheur. Le sentiment résulte d'un mouvement quelconque. Or, à moins que les chrétiens ne veuillent soutenir qu'il y a du plaisir à ne point sentir, on ne peut avancer que le bonheur des saints gît dans le repos. Si les saints sont dans le repos, ils éprouvent une mort éternelle, non absolue ; car pour que le repos fasse leur félicité, il faut qu'ils aient au moins le pouvoir de sentir qu'ils sont dans ce repos : autrement ce seraient des thermes inanimés, des corps spiritualisés, c'est-à-dire diaphanisés, qui dans le repos seraient privés de tous désirs, de toute satisfaction, et qui, en leur supposant l'usage de la parole, ne pourraient assurer s'ils sont heureux ou malheureux. " Nicolas Fréret (1688-1749).

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