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Réflexion politique et historique d'un des moments fondateurs de notre Histoire. " La terreur ", ombres et lumières d'un idéal politique.
Contrairement à Edgard Quinet qui fustige les dérives des figures marquantes de la Révolution tels Robespierre et Saint Just et qui analyse la Terreur comme un système politique, une méthode de gouvernance autonome, Louis Blanc prend la défense des révolutionnaires et sans justifier, ni excuser les exactions et le sang versé, il propose une analyse bien différente, plus nuancée, où les acteurs de l'Histoire, ceux qui occupent le devant de la scène ne sont que les représentants " hasardeux ", " conjoncturels " de " la vie collective dans laquelle ils sont plongés ". Autrement dit, point de Danton ou Robespierre sans le peuple français. La part de la responsabilité individuelle dans l'analyse historique, le dévoiement par quelques-uns d'un idéal collectif sont des questions qui méritent débat et pour ce qui est de Louis Blanc : " [...] Efforçons-nous d'être justes. Déplorons du fond de l'âme la Terreur. Condamnons énergiquement la dictature en principe. Vouons au mépris le culte de la force.
Maudissons les excès et flétrissons les crimes. Mais ne présentons pas comme le délire d'un peuple, réduit en système par quelques hommes, ce qui fut le produit fatal d'une situation effroyablement exceptionnelle. Ne les accusons pas de tyrannie pour les punir de n'avoir pas été des tyrans, fondateurs de religions. Ne leur attribuons pas l'intention qu'ils n'eurent jamais, de rendre permanent ce qui, par essence, était passager. Ne disons pas que les résultats furent disproportionnés aux sacrifices, quand ces résultats furent : les conquêtes intellectuelles qui nous ont faits ce que nous sommes, et la France sauvée. [...] Enfin, si l'honneur de la Révolution nous est cher, gardons-nous, puisque aussi bien la vérité nous le défend, gardons-nous d'imputer ces excès ;
Qu'il faut maudire, ces crimes, qu'il faut flétrir, à ceux qui présidèrent jusqu'au bout aux destinées de la Révolution, reçurent d'elle-seule ce pouvoir, marquèrent de leur empreinte chacun de ses immortels travaux, se dévouèrent sans réserve à sa fortune, triomphèrent tant qu'elle triompha et eurent cette gloire de mourir enveloppés dans sa défaite". La lettre sur la terreur qui est ici proposée a d'abord été publiée dans Le Temps en réponse à Edgard Quinet qui critiquait violemment l'épisode sanglant de la Révolution. Elle a ensuite servi de préface aux rééditions de l'Histoire de la Révolution française (écrite en onze volumes par Louis Blanc entre 1847 et 1862). Le nom de Louis Blanc (1811- 1882) est intimement associé à l'histoire de la pensée socialiste française et à la Révolution de 1848. Journaliste, il collabore au Bon Sens et dès 1839, fonde la Revue du Progrès. Également écrivain il critique dans L'organisation du travail (1840) l'économie libérale et la concurrence exacerbée qui laissent mourir ceux qui n'ont rien. Il s'en prend aux patrons et exhorte les ouvriers à lutter et à s'associer pour défendre leurs droits et éviter la misère. Pour lui, l'évolution de l'économie doit être guidée par la fraternité. Il préconise, en parallèle aux entreprises privées, la création d'associations ouvrières de production, les " ateliers sociaux ", à but lucratif, qui seraient contrôlées par l'État la première année. Progressivement il se fait aussi une réputation d'historien pamphlétaire en publiant en 1841 L'histoire de dix ans (1830 à 1840). En 1843 il entre au comité de direction du journal La Réforme aux côtés de Ledru-Rollin, Lamennais, Sch?lcher ou Cavaignac, et participe activement à la campagne des banquets afin de défendre le suffrage universel et la démocratie. Il devient membre du gouvernement provisoire constitué lors des journées révolutionnaires de février 1848. Mais après le succès des conservateurs en avril, il est écarté du gouvernement pour ses idées socialistes et doit s'exiler en Grande-Bretagne où il reste 22 ans (il donne des conférences et rédige les lettres d'Angleterre), jusqu'en 1870. À son retour il devient député d'extrême gauche.
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