"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« Elle se rêvait esclave d'antan, esclave éternelle, sans droit de parler, les yeux toujours baissés, agenouillée ou prosternée à ses pieds. Elle rêvait de chaînes, de fouet, de contraintes. Comment justifier l'excitation d'être asservie plus encore qu'un animal domestique, de vivre cloitrée sans vie sociale, sans intimité, constamment aux ordres, humiliée, peut-être même frappée ? ».
Léna rêvait d'absolu. D'une condition autre, que peu pouvaient comprendre. Elle se voulait esclave. L'esclave d'un être qu'elle ne connaissait pas, un Maître qui rayonnait sur la toile et qui hantait ses jours et ses nuits. Comment l'approcher, comment se faire accepter ? Comment aujourd'hui disparaître pour vivre en esclave ?
Aux pieds du Maître à qui elle fera don de son corps et de son âme, elle découvrira la soumission, l'extase et la souffrance, jusqu'à devoir faire face à son ultime limite.
Dans ma quête d'explorer de nouveaux horizons littéraires, je me suis aventurée dans le monde du BDSM à travers la lecture de "L'Esclave" d'Eva Delambre. Bien que ce genre de lecture ne soit pas ma préférence habituelle, je tiens à souligner que chacun est libre de ses choix, tant qu'ils sont basés sur le consentement mutuel et le respect de l'autre. Il me semble important de le rappeler, même si de façon générale, nous partageons tous cet aspect de la vie.
D'emblée, j'ai été frappée par la qualité de l'écriture d'Eva Delambre, fluide et agréable à lire. Il y a une forme de finesse et de courtoisie dans son écriture qui interpelle et donne envie de lire, découvrir. Cependant, étant étrangère aux codes et aux coutumes de cet univers, j'ai rapidement constaté que l'histoire représentait déjà un extrême en matière de soumission. Bon, je n’ai pas choisi le chemin le plus aisé dans la découverte, mais passons, cela n’a pas entaché ma pudeur pour autant.
Ce qui m'a particulièrement intéressée, c'est la façon dont l'auteure a cherché à échapper aux clichés morbides et pervers souvent associés au BDSM. Quand on évoque cet univers, souvent, il est résumé au cuir et au latex, à des expériences extrêmes ou à la douleur. Le personnage principal, Léna, est présentés comme une femme cherchant son bonheur à travers un acte de foi sincère, ce qui apporte une dimension humaine à l'histoire, et sort de l’image glacée et figée.
Cependant, malgré l'ouverture d'esprit de l'auteure et l'exploration des désirs et besoins de Léna, j'ai ressenti un certain malaise. Ce malaise ne découlait pas des choix des personnages que je ne juge pas encore une fois, chacun est libre, mais plutôt d'une forme de stéréotype. Léna, initialement présentée comme insouciante et fragile, révèle une force intérieure pour "supporter" les actes de soumission et devenir l'esclave de Maître Argan, un personnage froid et intransigeant. Je force le trait bien entendu, mais cet aspect m’a largement agacé, comme si on devait entrer dans une forme de moule pour avoir telle ou telle posture. Et les comportements… Régulièrement, il m’a fallu souffler…
Là où le bât blesse, c'est peut-être dans le manque d'une perspective plus approfondie du point de vue de Maître Argan. Comprendre sa psychologie aurait pu apporter une nuance essentielle à la dynamique entre les personnages. J'ai eu l'impression que l'auteure, bien que cherchant à présenter l’univers BDSM d'une manière différente, est restée en surface, n'approfondissant pas suffisamment les émotions et les motivations des protagonistes. On est beaucoup restée sur Léna, et c’est comme s’il me manque la moitié de l’histoire.
Pourtant, j'ai apprécié qu'Eva Delambre, à travers son personnage, remette en lumière le besoin que peuvent ressentir certaines personnes, femmes comme hommes, de se soumettre à quelqu'un. Elle rappelle à juste titre que la soumission est un choix personnel, et que la société peut être prompte à juger sans comprendre.
En bref : bien que cette lecture ne soit pas ma préférence, elle a été une expérience plus riche que la trilogie "Cinquante nuances de Grey". Elle rappelle l'importance de la littérature pour explorer des thèmes controversés et ouvrir des discussions, tout en soulignant la nécessité d'approfondir la psychologie des personnages pour une représentation plus nuancée. Je ferai d’autres essais, c’est un univers qui dans la littérature actuelle semble avoir été beaucoup romancé…
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